URBANIA a votre bien-être à coeur! En effet, après avoir publié divers guides d’autodéfense qui se veulent toujours humoristiques, baveux et un brin sarcastiques (célibataires, étudiants, végétariens, LGBTQ+) sur notre site web, il est maintenant temps de se pencher sur le cas de la santé mentale, puisqu’il s’agit malheureusement d’un sujet trop incompris.
Quelques façons de répondre à ceux qui sont vraiment, mais vraiment dans le champ quant aux réalités vécues par les personnes vivant avec des troubles mentaux.
Si la démonstration de la maladie mentale était aussi évidente qu’un os cassé qui sort de l’avant-bras, probablement que peu de gens oseraient formuler des commentaires aussi déplacés. Les personnes souffrant de maladies invisibles ont la vie dure; les jugements pleuvent, mais la compassion est rarement au rendez-vous. Voici donc quelques façons de répondre à ceux qui sont vraiment, mais vraiment dans le champ quant aux réalités vécues par les personnes vivant avec des troubles mentaux. Tsé là, ces gens qu’on appelait, il n’y a pas si longtemps, «les fous».
Ah ben ma chanceuse, un arrêt de travail, haha, par chez nous on appelle ça des «vacances payées»!
Tu as raison mon cher Roger: moi, entre un tout inclus dans le Sud et un voyage dans les profondeurs de la dépression, je n’hésite pas deux secondes! Dans mes vacances payées au pays de la maladie mentale, je me suis fait plein d’amis: anxiété, mélancolie, idées suicidaires, troubles alimentaires… C’est tellement le fun que je pense ne JAMAIS, jamais revenir au travail, comme la larve paresseuse que je suis.
Non mais, tes médicaments, tu ne vas pas prendre ça toute ta vie? C’est juste un racket pour que les médecins se mettent de l’argent dans les poches #conspirations #chapeaualuminium!
C’est clair que j’aimerais vraiment mieux prendre mon Centrum, suivre une diète sans gluten et filer le parfait bonheur… Mais j’ai besoin d’un petit coup de pouce pour que ma chimie de tête fonctionne, ne serait-ce que le temps de me remettre sur pied. Ou encore, le temps que, you know, je ne me tue pas. Ou encore, oui, peut-être toute ma vie, comme l’être débalancé que je suis. Une chance que ce n’est pas toi qui payes les pilules, hein.
As-tu déjà pensé à faire du sport?
Du sport? Hein? Quoi? Qu’est-ce? Wow, quelle bonne suggestion, c’est vrai que le sport, c’est la pilule naturelle du bonheur, hihi, oh et le yoga, quelle invention, j’adore me regarder dans le miroir et faire revenir mon trouble alimentaire et ma dysmorphie corporelle en force le temps d’un salut au soleil, oui, le sport est une panacée, vous avez raison, j’appelle tout de suite ma psy pour annuler notre prochain rendez-vous!
J’adore faire du ménage, je suis tellllllllllement OCD/c’est mon TOC!
Non, juste, non. Tu n’as pas une maladie mentale si tu présentes seulement un léger trait super cliché d’une maladie mentale. Il y a une différence entre avoir l’habitude de regarder une dernière fois si le rond de poêle est éteint avant de sortir et avoir le feeling qu’on doit pratiquer un rituel précis, sans quoi on va tout simplement MOURIR. Dans la même catégorie: non, tu n’es pas bipolaire juste parce qu’en ce moment tu es heureux et il y a une heure tu étais triste. Stop les caricatures, ça n’aide personne.
SI TU VEUX, TU PEUX!
Ha, ma pensée magique préférée. Cette lubie néolibérale du «Si tu veux, tu peux» place toute la faute sur l’individu plutôt que sur son environnement et les conditions sociales, historiques, économiques, etc... C’est vraiment classiste, capacitiste, sexiste, raciste de prétendre que nous sommes tous égaux et qu’il ne suffit que de «vouloir» pour «pouvoir». Go home, t’es aussi drunk que la ministre de la condition féminine qui dit aux femmes que si elles veulent, elles peuvent atteindre l’équité. Bye.
J’ai un cousin avec (X maladie mentale) et lui…
Ah oui? Dis-m’en plus! Je rêve de connaître sa vie dans les moindres détails, puisqu’il est évident que les personnes souffrant d’un même trouble mental sont exactement pareilles en tous points. D’ailleurs, je me demande pourquoi il n’existe pas de recette magique pour guérir les gens en masse; ce serait bien plus simple que de considérer chaque individu singulièrement! J’appelle tout de suite Jung pour lui suggérer des archétypes de «malades mentaux»!
Ah oui, elle est anorexique/TPL/s’automutile/autre symptôme d’une trouble mental: MAIS ELLE LE FAIT POUR L’ATTENTION!!!
Il s’agit d’une généralisation tellement simpliste. De plus, je me dis: chercher de l’attention, est-ce vraiment un crime? Un appel à l’aide reste un témoignage de la souffrance, peut-être malhabile, mais qui ne peut être ignoré. L’auteure américaine Leslie Jamison, dans un essai sur la performance de la souffrance, remarque que nous sommes rapides à crier au manque d’attention, voyant cela comme infantile, égoïste, alors que pourtant, «Isn’t wanting attention one of the most fundamental traits of being human – and isn’t granting it one of the most important gifts we can ever give?» L’empathie, ça ne s’achète pas à l’épicerie, on le sait. Too bad, parce que la santé mentale, c’est complexe et unique à chacun et chacune.
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