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Récemment dans les pages du Devoir, le professeur Luc-Normand Tellier et Graham Fraser ont eu un vif échange à propos du Québec bashing et du bilinguisme canadien.
Québec bashing
J’imagine qu’il s’agissait-là d’une tentative faire la « preuve » de l’existence d’un engouement marqué pour le français, dans les provinces où il est le plus minoritaire. Cette affirmation mérite cependant d’être mise en perspective.
avant tout
If true, it’s elitism in a fundamental institution for creating a fair and equitable society, but allows parents to claim it’s about giving their child another language and supporting the vision of a bilingual Canada
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Étant moi même à Vancouver, je mentionnais récemment à un ami à quel point j’étais à la fois impressionnée et rassérénée par cet engouement pour l’immersion. Il m’a répondu en reprenant à peu près les éléments que je viens d’exposer. Cette vigile nocturne en Colombie-Britannique, donc, prenons-la avec un grain de sel.
Les travaux de Mme Desgroseilliers et son équipe se sont attardés non pas aux chiffres, mais bien aux représentations du français, comme langue seconde, chez les jeunes qui grandissent dans une province anglophone de plus en plus cosmopolite. Autrement dit: le souci de cette « grande idée » qu’est le bilinguisme canadien est-il bel et bien au coeur de la compréhension des enjeux entourant l’apprentissage du français?
Il faut savoir qu’en CB, il existe trois programmes d’enseignement du français comme langue seconde, officialisés à l’intérieur du système scolaire anglophone : l’immersion précoce, l’immersion tardive et le français de base.
De plus, notons que l’enseignement du français n’est pas obligatoire. Le Ministère de l’éducation de la CB exige que les conseils scolaires offrent l’enseignement d’une langue seconde obligatoire sur une période de quatre ans, mais libre à eux de choisir parmi l’allemand, l’espagnol, le français, le japonais, le mandarin et le punjabi. Néanmoins, le choix privilégié par la majorité des conseils scolaires est le français.
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C’est donc l’alternative « français de base » qui rejoint le plus large bassin d’étudiants, à travers la province. Il est enseigné dans la majorité des écoles, de la 5e à la 12e année, à raison (en moyenne) de 80 minutes hebdomadaire au primaire et 180 au secondaire.
Là où le bât blesse, c’est lorsqu’on constate que passé le cap de la 9e année, les étudiants, face au choix de bifurquer vers l’apprentissage d’une autre langue ou de cesser l’étude des langues, se désintéressent majoritairement du français. À titre indicatif, des 232 259 inscrits dans un programme de français de base pour l’année scolaire 2010-2011 (soit 35,7% de la population étudiante totale), seuls 6105 étudiaient encore le français, parvenus en 12e année.
Notons de surcroît que ces effectifs sont à la baisse. On conviendra que c’est bien mince, d’autant plus que les étudiants formés en « français de base » en ressortent rarement bilingues. Or, force est d’admettre que le véritable nerf de la guerre, il est là ; dans les écoles publiques régulières fréquentées par la majorité. Et visiblement, la « moyenne des ours », en CB, n’est pas éprise d’une fièvre francophile, tel que le laissait entendre M. Fraser.
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Pour en revenir à la thèse de Paule Desgroseilliers, celle-ci conclut que ce n’est pas tant l’apprentissage du français qui est valorisé par les jeunes en CB tant que l’apprentissage d’une langue seconde, en général. Au demeurant, elle note que le français est perçu comme une langue relativement inutile à maîtriser, comparativement aux langues asiatiques, par exemple, qui comptent beaucoup plus de locuteurs, sur la Côte-Ouest.
La Source
pas
Certes, ces allophones francophiles ne constituent pas une majorité fracassante. Mais si M. Fraser cherchait un baume issu de la « West Coast » pour apaiser les âmes francophones échaudées au Québec, ça, il aurait pu le souligner. C’est une lueur d’optimisme plus modeste, certes. Mais au moins, elle est plus honnête.
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