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Pelletier et Fontenay : Allier la vie et le construit

Autoportrait d’Hubert Pelletier et Yves de Fontenay, bâtisseurs de l’espace commun.

Par
Yves De Fontenay
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Ils collectionnent les honneurs malgré leur jeune âge. Ils peuvent vous dessiner une maison à faire baver d’envie vos voisins, mais c’est aux bâtiments publics qu’ils s’intéressent avant tout. Ils collaborent à la métamorphose de l’Insectarium de Montréal. Ils sont dans la course pour aménager la place des Montréalaises, inaugurée l’année passée derrière l’hôtel de ville. Et ils rêvent de donner de l’amour aux écoles d’ici. En attendant, c’est en République tchèque que leur salle de classe idéale prendra bientôt vie.

Architectes / 35 et 41 ans / Chien et serpent

Quand on nous demande ce qu’on fait dans la vie, on répond… architectes. C’est l’avantage d’avoir une profession millénaire, ça se passe d’explications.

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L’accomplissement dont on est le plus fiers, c’est… de ne pas avoir eu peur de tisser des liens à l’international. Autant en amenant à Montréal des firmes étrangères au talent exceptionnel (on collabore par exemple avec le cabinet d’architectes allemand Kuehn Malvezzi sur la rénovation de l’Insectarium de Montréal) qu’en s’exportant dans d’autres pays. On a été (ou on est actuellement) partenaires avec des firmes de Berlin, Bruxelles, Paris, New York et Prague.

Pour l’année à venir, on veut… mettre la main sur d’autres projets inspirants et atypiques. On vient de remporter un concours international d’architecture à Prague. Le projet est fascinant : deux écoles, un centre sportif, une salle de spectacle, une école d’art, des logements. Autant d’usages dans un même projet, c’est un défi architectural excitant! Mais on est surtout heureux de pouvoir créer un cœur civique qui touche l’ensemble d’une communauté et qui accueillera des gens de tous âges et tous horizons.

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Pour y arriver, on a besoin… de clients sensibles et courageux. Sans eux, impossible de faire un bon projet en architecture, contrairement à d’autres formes créatives.

Ce sera bénéfique pour… le plus de gens possible. C’est pour cette raison qu’on s’intéressera autant à l’architecture des bâtiments publics (comme les écoles, les bibliothèques et les hôpitaux). Collectivement, on n’investit pas assez de temps, d’énergie et d’argent dans la planification de nos infrastructures et de notre environnement bâti.

Une école bien conçue, c’est… une école qui s’ouvre sur l’extérieur, que ce soit la nature ou la ville. Une école qui pense aussi à tous ces petits moments où l’on n’est ni en cours, ni au gym, ni à la bibliothèque : une école qui pense aux interstices.

Les écoles du Québec manquent de… Vu leur décrépitude actuelle, on a envie de dire d’investissements, mais il manque également de nouvelles idées. Au Québec, le processus d’attribution des contrats tourne en rond : impossible d’être choisi pour construire de nouvelles écoles sans avoir déjà réalisé des écoles! C’est en partie pour cette raison qu’on est allés voir à l’international. [NDLR : Depuis quelques années, beaucoup d’architectes dénoncent cette règle qui favorise une poignée de firmes expérimentées auprès du ministère de l’Éducation. La situation commence à changer, mais lentement.]

Dans le meilleur des mondes… on ferait confiance aux architectes avant qu’ils aient des cheveux gris. Même la Biennale d’architecture de Venise vient de remettre le Lion d’argent destiné aux « jeunes architectes prometteurs » à des architectes de… 50 ans.

Pour l’architecture québécoise, on rêve de… plus d’ambition. Il ne faut pas avoir peur de penser à de nouveaux modèles, de tester de nouvelles idées. On a le luxe de ne pas traîner un héritage trop lourd et limitant, profitons-en! Ce n’est pas seulement une question de moyens, mais avant tout une question d’idées.

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