.jpg)
Le compte Instagram de Patti Smith ressemble beaucoup à sa plume : sensible et vrai. Loin des clichés léchés ou très glams qui pullulent — pour ne pas dire polluent — dans nos feeds, les photos de Smith sont des petites fenêtres de son quotidien ou des hommages à des gens qu’elle admire. Pour quiconque s’est déjà attardé à ses textes, le côté vulnérable et sans artifices du compte semblera tr ès familier. C’est donc sans surprise que Patti a choisi ce médium pour annoncer qu’elle vient tout juste de terminer son dernier livre.
La musicienne, jadis poète, a publié plusieurs ouvrages au cours des dernières années. Celui ayant fait couler le plus d’encre, Just Kids (2010), relate sa relation, d’abord romantique, puis amicale, avec le photographe Robert Mapplethorpe. L’histoire a comme trame de fond le fameux Chelsea Hotel et la scène artistique new-yorkaise des années 1970. Ce récit autobiographique lui a valu le National Book Award l’année de sa sortie et fait partie des 25 meilleures biographies rock du Rolling Stone Magazine.
Just Kids a remporté beaucoup de succès auprès des lecteurs, mais c’était loin d’être le premier texte que Smith publiait. Dès 1972 des recueils de poèmes de l’artiste ont commencé à voir le jour, la plupart d’entre eux se retrouvent dans Early Work, une anthologie de ses premiers écrits parue en 1994. Trois ans après la parution de son premier recueil Horses, paraissait également son premier album, devenu culte depuis, qui mettait enfin des mélodies sur les mots de la poète.
Semblerait-il que Patti Smith, maintenant âgée de 72 ans, passe beaucoup de son temps à boire du thé, à souhaiter un joyeux anniversaire à ses followers lorsqu’ils commentent ses publications, et surtout, à lire et à écrire. Depuis le succès de Just Kids, elle a fait paraître M Train (2015), que certains fans préfèrent puisqu’il met en lumière la relation toute particulière que Patti entretien avec New York, ainsi que Devotion (2017), qui explore ses obsessions et ses inspirations.
.png)
Pour l’instant, ce prochain livre de Smith est encore entouré de mystère. Dans une entrevue en décembre dernier, elle ne le mentionnait pas encore. Sur Instagram, on peut lire : « Voici à quoi ressemble une date de tombée. Des heures d’ouvrage, d’énergie concentrée et un chat comme premier lecteur. J’ai terminé mon manuscrit. Maintenant, je vais aller défaire les nœuds dans mes cheveux, nettoyer la table de travail et recommencer à neuf. L’enthousiasme continu envers son travail, envers la création, est l’un des meilleurs tonics. Avec quelques tasses de café et peut-être un beigne. »
Sur la page photographiée, on arrive à voir une référence aux costumes qu’a portés Maria Callas lorsqu’elle a interprété le rôle principal du film Medea (1969) de Pier Paolo Pasolini. Au premier coup d’œil, on dirait un autre récit autobiographique explorant un passage de la vie de l’auteure à travers une série d’anecdotes, mais seul le temps dira si nos prédictions sont justes.
On se souhaite ce manuscrit plus tôt que tard. Patti Smith a une vision assez extraordinaire de l’ordinaire, une vision qui pourrait mettre un peu de lumière dans ce début d’année chaotique. Un beigne à la confiture, le jeu de lumière que crée le soleil sur une table à café ou la date du jour qui coïncide avec l’anniversaire d’un poète décédé depuis plusieurs centaines d’années déjà : Patti voit de la beauté dans toutes ces choses et est capable de la relayer de façon simple, mais jamais naïve.
Tout près de chez nous, la metteuse en scène Brigitte Haentjens prépare un projet basé sur les écrits de Smith. La pièce, intitulée Parce que la nuit mettra en vedette Céline Bonnier et sera présentée sur les planches de l’Espace Go au printemps 2019.