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Passer l’Halloween au Grand Costumier
Dans un peu plus de 24 heures, des meutes d’enfants accompagnés de leurs parents parcourront les rues déguisés et masqués pour le fun (la seule fois depuis le 13 mars) afin de quêter des bonbons COVID proof.
Si la pandémie a été difficile (et continue de l’être) pour plusieurs, on sait que le milieu culturel l’a particulièrement mangé dans les dents depuis les derniers mois.
Les tournages de télé et de cinéma ainsi que les spectacles et les pièces de théâtre n’ont eu qu’un petit répit cet été avant de se faire engloutir par une deuxième vague cet automne.
Avec la fête de l’épouvante à nos portes, on s’est rendu à un monument du costume au Québec, le Grand Costumier de Montréal, pour savoir comment se passe cette période angoissante.
Et accessoirement parler des meilleurs costumes d’Halloween 2020.
Un endroit unique en Amérique du Nord
«Ça c’est une création qui a été faite dans les belles années de Radio-Can. C’est un de mes morceaux préférés», confie Marie Houde, la directrice générale du Grand Costumier en sortant une combinaison militaire cyberpunk à la sauce Mad Max de l’un des dizaines de racks de costumes de l’institution.
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Sur 5 étages, la DG de l’OBNL, qui occupe le même immeuble que le Conseil des arts de Montréal, à un jet de pierre du parc Lafontaine, nous fait un tour guidé de ce véritable labyrinthe constitué d’environ 100 000 artéfacts qui ont marqué à leur manière la culture de la province.
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Parmi les pièces les plus emblématiques, on retrouve plusieurs costumes des Bye Bye, des Filles de Caleb, d’émissions de jeunesse de Radio-Canada et des créations uniques du costumier et scénographe Michel Robidas, que Julie Snyder arborait chaque semaine dans l’émission L’Enfer c’est nous autres pendant les années 90.
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Si vous pensiez vous ruer au Grand Costumier pour vous dégoter un costume d’Halloween pété pour votre party par Zoom, détrompez-vous. L’établissement ne fait affaire qu’avec des entreprises qui ont un projet à vocation artistique. Et non, le bureau n’organise pas de party costumé pour la fête des Morts même en temps normal quand il n’y a pas de pandémie.
«Le fait qu’on travaille entouré de costumes tout le temps nous rend un peu blasés on dirait», observe Marie Houde.
Pendant la visite, on tombe sur Raphaël, un commis costumier qui s’affaire à «coder» tous les mannequins de l’organisme. Le jeune homme qui a une maîtrise en histoire de l’art se qualifie d’autodidacte dans l’histoire du costume, une expertise «super pointue» et «très utile» pour la classification des centaines de pièces de « déguisement » du Grand Costumier selon Marie Houde.
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«Ça fait plus d’une dizaine d’années que je travaille là-dedans. C’est plus une passion pour moi qu’un travail» confie Raphaël, qui a également un bac en scénographie, ce qu’il considère comme un atout non négligeable pour son emploi à l’OBNL. «On a vraiment une belle équipe», lâche affectueusement la directrice générale avant de s’aventurer dans une autre allée de costumes tous plus funky les uns que les autres.
Naviguer dans l’incertitude
Au printemps dernier, lorsque la Terre s’est arrêtée de tourner en raison de la COVID-19, c’est d’ailleurs pour son équipe que Marie Houde a éprouvé le plus grand stress. «On est directement lié aux productions télé. Donc quand elles ont été obligées de cesser leurs tournages, on a été directement touché. On a mis à pied presque tout le monde» explique-t-elle.
Mis à part elle et une costumière chargée de fermer les dossiers de clients extérieurs à Toronto et Vancouver, les 7 autres employés se sont vus contraints de scruter les murs de leur appartement comme des milliers de Québécois. «Vu la nature de notre milieu, on ne pouvait pas vraiment faire de télétravail. J’ai passé les premières semaines à essayer de comprendre comment utiliser les aides financières pour essayer de préserver les employés».
«Vu la nature de notre milieu, on ne pouvait pas vraiment faire de télétravail.»
Pour le plus grand bonheur de Marie Houde, l’équipe complète a pu être réintégrée à la fin juin lorsque les productions ont repris du poil de la bête. «C’était surtout des petits projets, comme des vidéoclips, des pubs ou des photoshoots donc ça ne générait pas énormément de revenus. On a eu un semblant de retour à la normale pendant quelque temps», raconte la DG.
En temps normal, après la frénésie des plateaux de tournage de l’été, l’hiver est une période beaucoup plus calme en termes d’achalandage pour le Grand Costumier. Mais évidemment, 2020 a décidé de fucker l’ordre naturel des choses.
«Entre janvier et mars, c’est pas mal mort. Mais cette année, vu que tout a été décalé, on prévoit une période de préproduction pendant ces mois-là donc on risque d’être pas mal occupés, estime-t-elle. Mais encore là, c’est difficile de se projeter dans l’avenir puisqu’un cas de COVID dans une équipe de tournage peut tout foutre nos plans en l’air à la dernière minute».
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Selon Marie Houde, la situation «en dents de scie» des gros plateaux de tournage rend les prochains mois d’autant plus incertains. «Des gros clients n’ont pas repris complètement leurs activités donc on est coupé d’importantes sources de revenus», explique la directrice, qui avoue du même souffle essuyer de 30 à 50% de pertes de revenus mensuellement.
Heureusement, son organisme est éligible à des aides gouvernementales substantielles qui lui permettent de payer les employés adéquatement malgré cette période précaire. «Ça nous permet de garder la tête hors de l’eau pour le moment, disons».
Se réinventer (un désormais classique) pour passer à travers
Si l’avenir s’annonce parsemé d’embûches, la directrice générale ne perd pas espoir pour autant puisque des projets «stimulants» sont à l’horizon. «Depuis 2018, on investit en recherche et développement pour faire numériser nos costumes afin que des compagnies dans l’univers du jeu vidéo et de la postproduction puissent les utiliser», dévoile Marie Houde.
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Le Grand Costumier tâte également le terrain pour développer une banque de patrons et de textiles numériques réalistes. «Souvent les artistes 3D doivent créer des costumes à partir de 0 en ayant aucune connaissance de couture et patronnage. On aimerait leur fournir ce savoir-là à l’aide de formations».
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Après une longue balade dans les dizaines de racks des 5 étages du Grand Costumier, une question nous brûle encore les lèvres: quels sont LES costumes d’Halloween 2020 les plus tendance? Lorsqu’on lui pose la question, Marie Houde éclate de rire.
«L’Halloween nous amène toujours son lot de personnes qui nous arrivent avec des requêtes bizarres. Les gens ne comprennent pas qu’on est un organisme B to B et non un magasin de costumes à vendre», confie-t-elle avant de nous diriger vers deux costumières à l’accueil, qui ont l’air de trouver la question un peu niaiseuse.
«On a reçu deux demandes pour faire des costumes du virus en tant que tel et plusieurs personnes nous ont appelés pour savoir si on avait des hazmat suits (une combinaison anti-infection). Sinon, les astronautes sont ben en demande cette année», déballe l’une des costumières.
Une chose est sûre, l’Halloween 2020 en sera une où les déguisements avec des masques seront fortement encouragés.
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