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Pascal Blanchet : un peu drama queen, beaucoup illustrateur

Romans graphiques, illustrations, peut-être même une collab avec Wes Anderson. Tout lui réussit.

Par
Maude Carmel
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En 2005, Kanye West faisait bouger les foules sur Gold Digger. Non, nous non plus, on ne s’en souvenait pas. Mais Pascal Blanchet, lui, ne risque pas d’oublier cette année-là. Parce que c’est celle où, après avoir galéré à Montréal, il a finalement déniché un agent à New York et décroché un premier contrat d’illustrateur chez Penguin Books. C’est aussi celle où, après avoir envoyé son travail à la maison d’édition québécoise La Pastèque, on lui a proposé contre toutes attentes, d’écrire son premier roman graphique, La Fugue, pour lequel il a reçu le prix Bédélys du meilleur album de l’année.

Depuis, on a pu admirer les œuvres de Pascal dans The New Yorker, The National Post, San Francisco Magazine, et plusieurs autres. L’artiste originaire de Trois-Rivières a également reçu une Mention spéciale du prix Marcel-Couture 2007 pour son roman graphique Rapide-Blanc et a illustré les célèbres albums Paris Tristesse et La science du cœur de Pierre Lapointe. Et ouvrez bien l’oeil quand vous irez voir le prochain Wes Anderson, The French Dispatch. Il se pourrait bien que vous y voyiez de fausses affiches publicitaires créées par l’illustrateur.

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Mais d’ici là, jusqu’au 9 juin, des affiches signées Pascal Blanchet regroupées sous le thème « Autour du monde » seront exposées à la (très chouette) galerie L’Affichiste, dans le Vieux-Montréal. Petit retour sur le parcours d’un autodidacte.

Pascal, à quel moment ton intérêt pour les arts visuels s’est-il déclenché?

Chez mes grands-parents! Quand j’allais chez eux, j’aimais observer leurs vieux disques de jazz des années 30, parce que j’étais fasciné par les illustrations. Dans ce temps-là, il n’y avait pas de photos, c’était les plus grands illustrateurs du 20e siècle qui signaient les pochettes, comme Alex Steinweiss, qui a en fait inventé l’idée de la pochette de disque, parce qu’avant les années 30, c’était juste du carton brun avec une étiquette pour le nom de l’album, de l’artiste et de la société de production! Bref, ça a vraiment été mon premier vrai contact important avec l’art, et dès l’âge de 12-13 ans, mes dessins ont commencé à être construits comme ceux du courant moderniste.

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C’est donc clair que tu t’inspires de l’art déco et du design du milieu du siècle! Est-ce un courant encore d’actualité?

Il y a une abstraction, une simplification et une efficacité qui me frappe dans les arts graphiques du milieu du siècle dernier. Par contre, le modernisme peut être plus difficile à faire passer auprès des clients aujourd’hui, parce qu’on est dans une époque où on prend manifestement le public pour des imbéciles. Tout ce qui s’approche de la simplification peut faire peur! Mais personnellement, je crois que ce courant moderniste a encore une vie à vivre et qu’il est possible de le développer encore!

Tu écris également des romans graphiques. D’où vient cette envie de raconter des histoires?

J’ai toujours aimé raconter des histoires à travers une image. J’aime croire que si une image communique bien, c’est parce qu’elle véhicule une idée, une ambiance, un souvenir, un moment. Quand j’étais adolescent, j’étais tombé sur cette citation du grand affichiste Paul Colin qui disait « L’affiche est un télégramme adressé à l’esprit », et ça m’a énormément marqué. Mais l’idée d’écrire mes propres histoires via les romans graphiques était tellement irréaliste quand j’ai approché la Pastèque en 2005… je vivais avec tellement peu, je n’y croyais pas!

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L’énergie qui se dégage de tes affiches est également un peu dramatique, n’est-ce pas?

Oui! Je suis quelqu’un de vraiment dramatique qui réagit très fortement à tout. Je vois tout de façon un peu démesurée! Je dirais que le cinéma m’a toujours inspiré et que ça a sûrement marqué ma façon de faire mes compositions.

Il y a un côté très urbain à ton univers. C’est Montréal ou Trois-Rivières qui t’inspire?

Les deux! Pour moi, la ville est une source inépuisable d’inspiration. Je suis un citadin dans l’âme. Montréal m’inspire beaucoup, ses contrastes entre extrême laideur et beauté sont saisissants! J’ai un gros faible pour le quartier Saint-Henri, connu et imaginé très jeune grâce à l’auteure Gabrielle Roy, et qui me fait un peu penser à Trois-Rivières. Parce que comme Saint-Henri, Trois-Rivières est une ancienne ville industrielle. Dans ces deux espaces, il y a un côté un peu shady qui m’inspire beaucoup, un mélange entre des anciennes usines abandonnées et des ateliers d’artistes, avec des tracks de chemin de fer un peu partout, j’adore ça!

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Je me trompe, où tu utilises souvent la même couleur en plusieurs teintes pour une affiche?

En fait, j’ai l’impression que chaque humain a une perception de la couleur, ou d’agencements de couleurs qui lui génère un genre de plaisir visuel, et je crois que c’est juste ça dans mon cas! Et ça marche par phases. Il y a des années où je vais davantage utiliser certaines couleurs, et une tout autre palette l’année suivante. En ce moment, il y a un retour intense vers le vert et le mauve que j’utilise beaucoup. Il y a quelques années, c’était le bleu qui était présent, autant dans mes affiches que dans la mode en général.

On peut donc dire que tu es une victime de la mode?

Oui, absolument!

+++

Retrouvez les oeuvres de Pascal Blanchet, tant les récentes que les plus anciennes, à la galerie L’Affichiste jusqu’au 9 juin!

Pour suivre Pascal sur Instagram, c’est par ici.

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