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Partir de loin

Une journée en compagnie de François William Croteau, maire de Rosemont - La Petite-Patrie.

Par
André Péloquin
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À l’approche du 3 novembre, Urbania va multiplier les articles à saveur municipale, d’où le traditionnel « faisons une activité avec un élu, histoire de lui poser quelques questions par la bande ». L’idée m’est venue de m’entretenir avec « mon maire » – bref, j’habite Rosemont – après l’avoir taquiné bien malgré moi sur les réseaux sociaux.

Lorsqu’une connaissance Facebook a moussé cette capsule vidéo présentant la nouvelle bibliothèque Marc-Favreau…

… j’ai lancé un truc à la « le vox-pop semble arrangé avec le gars des vues, mais c’est quand même prometteur. » Ce n’est pas quelqu’un de son équipe qui a défendu la véracité de la production, mais bien M. Croteau lui-même. Bref, à Rosemont – La Petite-Patrie, on a vraiment une dame qui « plogue » son foyer dans une capsule présentant une nouvelle bibliothèque de quartier ainsi qu’un maire qui tient tellement à ses projets qu’il trouve le temps pour répondre à des commentaires niaiseux sur Facebook. Je devais le rencontrer, t’sais!

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J’ai serré la pince à M. Croteau devant le collège Jean-de-Brébeuf où il allait donner une conférence dans quelques minutes. Déjà là, l’élu – assit seul sur un banc, scrutant son iPhone avant mon arrivée – avait davantage l’air d’un prof branché profitant d’une pause entre deux cours que d’un politicien en pleine campagne électorale. Il faut dire que M. Croteau est également un enseignant.

« Je suis passé du graphisme aux assurances en passant par l’histoire à l’Université. Je me cherchais beaucoup! », confie-t-il en revenant sur son parcours inusité. Se lançant en affaires à l’âge de 18 ans, le jeune graphiste se ravisera quatre ans plus tard et optera pour un baccalauréat en histoire, histoire de l’art et sociologie à l’Université de Montréal. « Je me suis inscrit à 22 ans, je n’avais jamais lu de livres de ma vie et je faisais au moins une faute par phrase à l’époque. Je partais de loin, disons! », note le gars de Terrebonne qui était « l’intello artistico-sportif » d’une famille ouvrière. C’est à l’UdeM qu’il développera sa fibre engagée en s’impliquant au sein du Mouvement des Étudiants Souverainistes de l’Université de Montréal ainsi que dans l’association étudiante de son département. « La première chose que j’ai faite quand je suis arrivé à l’université, c’est me diriger au local de l’association pour demander comment je pouvais m’impliquer. Je n’ai pas été cherché mon agenda. J’ai directement été là! »

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Après ses études, Croteau cumule les jobs. « Deux ans chez Bombardier à faire des pièces d’avion dans la shop » suivie de quatre années dans les assurances. Se qualifiant de « gars de projets talentueux dans la gestion », Croteau se lance ensuite dans une maîtrise en administration des affaires (MBA) pour cadre à l’UQAM. « Tout en travaillant à temps plein », note-t-il. C’est d’ailleurs au MBA que son béguin pour la chose politique prendra de l’ampleur. « Je ne pouvais m’arrêter là. Ce n’était pas suffisant. Je voulais aller plus loin. Je voulais transmettre mes connaissances et m’impliquer. J’envisageais deux moyens : enseigner ou m’impliquer en politique. » Il fera finalement les deux… en plus d’entreprendre un doctorat.

« Une fois le MBA terminé, j’ai tenté un coup inimaginable. À 37 ans, j’ai tout laissé tomber – mon emploi, pas de chômage – pour me consacrer à plein temps, sans revenus, au doctorat. J’ai donc vécu deux ans sur mes REER. Je me suis dit : on repart à zéro. Deux ans plus tard, j’étais maire de Rosemont – La Petite-Patrie et j’enseignais la gestion au MBA à l’UQAM. » Pas pire quand même.

Lorsqu’on lui demande si la campagne électorale a un impact sur son train de vie, il affirme qu’il a sensiblement le même depuis sa jeunesse. Fendant, le maire? Passionné plutôt, j’dirais. « Je ne suis pas un politicien de carrière. Il y en a qui aiment cette politique. Moi, je préfère développer des projets et des idées. Bref, gérer. Pour moi, “servir” ce n’est pas se faire prendre en photo, mais bien avoir “les deux mains dedans”. Les toits blancs pour lutter contre les îlots de chaleurs, les bacs bruns, etc. C’est toutes des idées développées au bureau. »

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On pénètre finalement dans l’école pour récupérer nos cocardes de visiteurs. C’est l’heure de dîner. Les étudiants croisés pianotent sur leurs téléphones ou encore leurs portables. À la demande d’un professeur de philosophie – qui est également voisin avec le maire en plus de collaborer au développement de la ruelle verte du coin -, François William Croteau donnera une conférence portant surtout sur l’importance du citoyen dans le processus démocratique. La veille, c’est une conférence sur le souverainisme animée par Mathieu Bock-Côté qui se tenait à l’école.

Chemin faisant jusqu’à la classe, le maire poursuit sa lancée. « J’aime développer des projets. Ce que j’aime le moins, en fait, c’est la représentation. Serrer des mains et tout ça. Ça ne m’est pas naturel. J’ai l’impression de ne pas faire le travail pour lequel on m’a élu lorsque je fais ça. Oui, c’est rencontrer des citoyens, les écouter, prendre le pouls, etc., mais, pendant que je fais ça, je ne peux pas faire les autres choses. C’est cette dualité dans ce travail qui n’est pas évidente. »
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Et comment se passe la campagne électorale? « Il y en a qui adorent ça, mais, moi, je trouve ça dur. Ce n’est pas naturel. C’est se vendre et ça ne m’intéresse pas. J’ai toujours dit que je ferais deux mandats et que ça serait terminé. Je crois qu’on devrait avoir une limite de deux mandats sur chaque type de pouvoir et je me l’impose. »

Vraiment, vous ne visez pas la mairie? Vous retrouver parmi les candidats fortement considérés pour remplacer Michael Applebaum n’a rien éveillé?
« Je n’y pense pas. Je n’ai que 41 ans. Je considère que j’ai 50 ans de travail devant moi. Je travaillerai toute ma vie et je vais vivre très vieux, j’en suis convaincu! En fait, je ne travaillerai pas. Je vais m’amuser toute ma vie et la politique n’est pas une fin en soi. Je crois que je suis de passage. Je considère que je suis un citoyen qui a la chance de pouvoir prendre des décisions pour changer des choses. Pas comme un politicien qui s’accroche au pouvoir. »

Après la conférence – à laquelle plus d’une dizaine d’étudiants assistera -, Croteau se dira quand même satisfait en démarrant sa Golf. « Ce n’est pas la clientèle habituelle – on s’adresse davantage aux électeurs qu’aux futurs électeurs, disons -, mais ils avaient l’air quand même intéressés et c’est ce que je veux. Je veux que davantage d’électeurs posent des questions, exigent des réponses et s’impliquent. Je veux que davantage d’électeurs s’intéressent à la politique. »

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Il faut dire qu’avec le paysage politique actuel, plusieurs élus ont droit aux quolibets ou encore au désintérêt de plusieurs citoyens. « Ça m’échappe », poursuit-il. « D’un côté, on se désintéresse du politique. De l’autre, on regrette de grands politiciens qui n’étaient pas sans torts. C’était de grands hommes qui avaient aussi de nombreux défauts. Trudeau et Lévesque, par exemple, ne pourraient faire de la politique de nos jours. L’un envoyait chier ses adversaires, l’autre a tué un itinérant en voiture. Aujourd’hui, ils seraient relevés de leurs fonctions sur le champ! Les politiciens actuels n’ont plus le droit à l’erreur. »

Puis, après une courte pause, le maire dit toutefois comprendre le ras-le-bol généralisé. « Avec tout ce qu’on apprend ces jours-ci, je réagirais de la même façon. Je me dis qu’on a atteint le fond et qu’on peut juste remonter… du moins, je l’espère! »

François William Croteau nous conduit à son bureau pour poursuivre l’entretien. Plus tard, il distribuera des prospectus sur la rue Masson. Chemin faisant, on croisera son premier logement lorsqu’il s’est installé à Montréal : un demi-sous-sol. « Ça me coûtait 175 $ par mois, tous inclus. En fait, il n’y avait pas de calorifères, parce que c’était un ancien « locker » transformé en appart. C’était les conduites d’eau chaude de l’immeuble qui réchauffaient le logement. La salle de bain était située sous l’escalier menant au sous-sol. On ne pouvait donc pas pisser debout. Ça a cassé le banlieusard en moi assez rapidement, merci! » Il aura tout de même habité dans ce logement de la rue Linton pendant un an et demi.

Pendant que nous sommes en voiture : Projet Montréal se fait souvent cataloguer d’appartenir à la « gaugauche » ou de privilégier le vélo et les transports en commun au détriment de la voiture. Certains de vos adversaires qualifient Rosemont – La Petite-Patrie de « Plateau numéro 2 ». Vous en pensez quoi?
« C’est toujours plus rassurant de mettre les gens dans des catégories. L’objectif de Projet Montréal, c’est d’améliorer la mobilité des gens et des marchandises, peu importe le moyen… mais les 30 dernières années permettent de constater que le « tout à l’auto » a échoué comme moyen efficace. Ce n’est pas une lutte contre l’auto. C’est une lutte pour une meilleure mobilité, en fait. C’est clair que dans des quartiers centraux, avec une densité de population intense et une plus grande circulation de transit, les problèmes liés à l’automobile sont plus grands, mais à Rivière-des-Prairies, par exemple, ça va de ce côté, mais ils veulent aussi davantage d’autobus et de stations de métro. Le but, c’est de permettre au citoyen de se déplacer plus aisément. Moi, par exemple, avant de devenir maire, je prenais le métro pour me rendre à l’université pour aller enseigner ou faire mes travaux de recherche. Maintenant, ça me prend deux autobus pour me rendre au travail. En voiture? Cinq minutes. C’est plate, mais je suis moi-même un exemple de ce qui arrive lorsque l’offre en transports en commun n’est pas assez intéressante! » Plus tard, le natif de la Couronne Nord indiquera tout de même qu’il est un fan de voiture – « et même de F1! » Au fil de la campagne électorale, les parcours en voiture sont devenus les seuls moments qui lui permettent de consommer « sa drogue » : de la musique.

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Qu’est-ce que ça écoute comme musique, un maire? Juste des tounes qui parlent de Montréal? « Surtout de la musique indie. J’y vais par phases. En ce moment, c’est le nouveau Franz Ferdinand et celui d’Iron & Wine. J’aime aussi The National et Local Natives – qui étaient en show ici récemment, je l’ai manqué d’ailleurs pis je n’étais pas content – et je me suis finalement mis à Johnny Cash. C’est ma blonde qui m’a convaincu. Moi, je lui répondais toujours que je n’aimerais pas ça pis… c’est bon, hein, finalement! L’année passée, j’étais toujours dans une phase Black Keys, mais après les avoir vus deux, trois en show, c’est passé. C’est bon, mais à un moment donné… »

Est-ce que la campagne électorale a changé vos goûts musicaux du moment? Écoutez-vous davantage de trucs plus énergiques ou motivants à la Eye Of The Tiger, genre? « Pas vraiment. Je suis plus retourné sur ce que je connaissais avant. Le nouveau City & Color m’a redonné le goût d’écouter Body In A Box, une toune de son disque précédent. C’est l’histoire d’un gars qui raconte ses funérailles à venir, mais la chanson demeure joyeuse. Quand je me suis présenté à la mairie par intérim, ce n’était pas prévu. Ça a vraiment déboulé très vite et ça a été une super journée. Ce jour-là, j’écoutais du Young The Giant. Je crois que ça a teinté mon écoute. Chaque événement dans ma vie est marqué d’une toune ou d’un album. Souvent, je vais donc écouter de la musique pour me rappeler certains trucs. Ça me remet dans un certain mood. Ça m’aide à “focusser”… »

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Vous venez de mentionner votre amoureuse. C’est quoi le poids qu’une campagne électorale peut avoir sur l’entourage d’un élu ou encore d’un candidat? C’est lourd? Il compatit ou il s’habitue? « On ne peut pas s’habituer à une campagne électorale. Ce n’est pas normal. Tu ne vois plus personne. Je retrouve ma blonde qu’en soirée vers 21 h. On n’a plus vraiment de moments à nous. En début de campagne, t’as presque envie de dire à tes parents et ami(e)s : « Désolé, mais on se retrouve dans un mois et demi ». Une campagne électorale, c’est des semaines sur le terrain, à faire du porte-à-porte et à aller à des rencontres citoyennes, des débats, des conférences de presse… pis je dois continuer à faire mon travail de maire d’arrondissement. C’est sûr que j’aurais envie de passer un week-end dans une montagne de coussins avec ma blonde à écouter des séries télé!»

Finalement arrivé à son local du moment, M. Croteau me fait faire rapidement le tour du propriétaire. L’emplacement fait très « campagne électorale » : disposition à la bonne franquette, ambiance animée et une odeur de café qui est omniprésente. L’attaché de presse passe nous saluer puis retourne préparer un débat pour Marc-André Gadoury, candidat de Projet Montréal comme conseiller de ville du district Étienne-Desmarteau. On s’installera sur un coin de table pour la suite de l’entretien, entre des chaises et des vélos.

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Vous vous distinguez de vos collègues avec un look qui fait plus « je pourrais jouer dans Avec Pas D’Casque » que « je suis maire ». « Ouin. Patrick Lagacé m’a d’ailleurs traité de maire hipster. Oh, pis c’est drôle que tu mentionnes Avec Pas D’Casque, j’ai déjà travaillé avec Stéphane Lafleur comme commis dans un club vidéo de répertoire! »

Le monde est petit! Pour revenir au look, c’est voulu comme effet recherché? C’est étudié? « Bah non. C’est de même. La première chose que j’ai dit à mon directeur de cabinet, c’est que je vais prendre ses conseils politiques avec joie, mais que je serai inflexible sur ma personne et mon attitude plutôt directe. Ce n’est pas parce que je suis maintenant maire que je vais devenir une autre personne et ça vaut aussi pour le style vestimentaire. Si je dois aller à un événement la fin de semaine, il se peut que j’y aille en jeans, t-shirt et qu’on voit mon tatouage. »

C’est quoi, le tatouage? « J’ai une grosse fleur de lys sur le bras. Je suis souverainiste, t’sais! »

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Mais si on regarde vos premières photos d’élu, le look est quand même plus « conservateur ». « C’est vrai. Ça faisait « ‘tit gars propre! » J’ai expérimenté avec différents looks au fil des années, il faut dire. Les cheveux courts puis longs, avec ou sans barbe, etc. Là je crois avoir pogné un look dans lequel je me sens bien pis, veux, veux pas, ma blonde l’aime aussi. Disons-le, ça a aussi son impact! »

J’aimerais revenir sur votre changement de parti. Vous êtes passé du Vision Montréal de Louise Harel à Projet Montréal au cours de votre premier mandat. À l’époque, vous expliquiez votre décision en faisant valoir un manque de vision (!) chez Vision Montréal. Y’avait-il un événement en particulier qui a motivé votre décision? « Plusieurs en fait. Moi, je suis arrivé là par le réseau souverainiste. C’était donc naturel pour moi de m’associer à Lise Harel, mais je me reconnaissais quand même dans le programme de Projet Montréal. Le plus drôle, c’est que je ne me battais pas avec Projet Montréal sur les décisions concernant l’arrondissement, mais bien avec mes propres collègues! J’avais l’impression que bon nombre des décisions de Vision Montréal n’étaient pas pour l’intérêt public, mais bien pour se faire réélire et ça allait contre mes valeurs. De plus, il y avait du financement sectoriel. Je ne me sentais pas bien. Ils faisaient ce que je voulais combattre en politique, en fait. Comme je l’ai dit dans la conférence de presse à l’époque : je me sentais comme un fan du Canadien qui jouait pour les Bruins! Je ne pouvais rester là. C’était être malhonnête envers moi et envers les gens qui m’ont élu. »

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Mais est-ce qu’il y a des chances pour que ça se produise à nouveau? « Non. En cas d’une défaite fulgurante et que Projet Montréal soit dissout, je demeurerais indépendant si je suis élu. Mais non, car comme je disais plus tôt, je me présente comme maire de Rosemont – La Petite-Patrie pour une seconde et dernière fois parce qu’il me semble qu’avec deux mandats au pouvoir, j’aurai l’occasion de réaliser la plupart des projets envisagés. »

Et c’est quoi, la suite alors? « Je retournerai enseigner en plus de faire de la consultation et des conférences. J’irai me ressourcer. En mon sens, ça n’a pas de bon sang de faire une carrière de plus de 30 ans en politique. Comment se renouveler, alors? On ne trouve pas de nouvelles idées en demeurant dans la même institution ou en côtoyant le même monde pendant des décennies. Je ne dis pas que c’est impossible de revenir à la politique, mais il me semble qu’il serait mieux d’y aller par petites phases. Pis, mine de rien, huit ans en politique, c’est beaucoup de sacrifices dans une vie. »

En attendant, les candidats actuels se retrouvent – bien malgré eux – avec un autre problème entre les bras : la fameuse Charte qui est devenue un enjeu de la campagne. Vous pensez quoi, de ce « cadeau » ?
« C’est correct. C’est un enjeu de société. Comme citoyen québécois qui vote, je suis interpellé et je considère que j’ai le même poids que tous les autres dans cette affaire-là… mais, comme maire d’arrondissement, je ne vois pas quel rôle j’ai à jouer là-dedans. Au quotidien, je dois gérer des services de proximité et non pas me prononcer sur un projet sur lequel des élus de Québec doivent voter. Ce que ça me dit – et c’est triste comme constat -, c’est que cette situation démontre bien à quel point la culture politique municipale n’existe pas dans la société québécoise. Nous sommes branchés depuis toujours sur des enjeux comme la souveraineté, la langue française ou encore le fédéralisme, par exemple, et c’est ce qui génère le plus de débats et d’attention des médias. Quand on s’intéresse finalement à la politique municipale, c’est parce qu’elle est entachée par la corruption et la collusion. Alors là, on se retrouve en campagne électorale et le citoyen « normal » va se référer à ce qu’il le touche le plus pour nous aborder. En ce moment, le sujet de prédilection sera donc la Charte. A-t-on vraiment oublié ce qui s’est passé ici au cours des dernières années? On vient de vivre 12 ans de morosité et de scandales pour finalement se prononcer que sur la Charte? C’est triste, parce que si c’est bien le cas, on va se retrouver avec les élus qu’on mérite. On devrait avoir plus d’ambition pour Montréal et aller au-delà de ce débat. »

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Juste pour le fun, vous en pensez quoi, vous? « Comme citoyen, j’ai mon opinion, mais je n’ai pas à la partager comme maire d’arrondissement. Je peux toutefois parler de collecte du compost. Ça, ça fait partie de mon travail! Comme élus, on se prononcera que quand la décision sera prise. »

Sujet classique : les sondages. C’est quoi le « feeling » à l’interne alors qu’un récent sondage place Richard Bergeron en troisième place dans les intentions de vote? « Tout le monde dit qu’on ne regarde pas les sondages, mais c’est faux. C’est du discours public. Voyons don’! Tout le monde est affecté par les sondages! On a hâte de les voir, histoire de savoir si nous sommes « sur la coche » ou si nous devons ajuster des choses. Ce qui est malheureux, toutefois, c’est que nous ne vivons pas une campagne d’idées en ce moment, mais bien de relations publiques. Si ça se trouve, peut-être que c’est nous qui nous trompons là-dedans. Ce que le présent sondage me dit, par contre, c’est qu’en considérant la marge d’erreur, nous sommes au même niveau que le précédent, mais ça demeure quand même le pouls du moment. Mon premier réflexe pour expliquer la situation serait de croire qu’on a mal expliqué ce qu’on voulait faire au juste. C’est pour ça que nous n’avons pas progressé. Ça, c’est un point. L’autre c’est qu’une campagne électorale, c’est quand même long et ça se joue sur le terrain et nous y sommes chaque jour! Au pire, on va travailler avec le maire en place. J’espère que ça sera Richard vu que ça va faciliter nos démarches, mais on a quand même réalisé tous nos objectifs dans Rosemont – La Petite-Patrie au cours des quatre dernières. En attendant, on prend acte et on va faire notre possible pour gagner. »

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Plusieurs analystes soulignent que Richard Bergeron manque peut-être de charisme pour se distinguer. Est-ce qu’il y a eu des discussions à l’interne pour décider d’un nouveau leader? « Jamais. Mais t’sais, ça fait des années que le Québec attend un ou une chef charismatique. On doit aussi avoir des idées pour l’accompagner. Il faut se demander ce qu’on veut. Quelqu’un qui donne un bon spectacle ou quelqu’un de compétent et qui compte sur une bonne équipe pour réaliser ses projets? On a une obsession collective pour le chef et on ignore ce qui se fait en arrière et on a douze ans de corruption pour preuve… et si la tendance se maintient, on va ramener la même équipe au pouvoir parce qu’on se concentre que sur le chef! On regarde l’arbre plutôt que la forêt! »

Dernière question : qu’est-ce qui se passe chez vous le 4 novembre au matin? « Probablement que je dors ben collé sur ma blonde, peu importe le résultat. Puis on verra!

Par la suite, François William Croteau se rendra à la SAQ sur Masson pour distribuer des prospectus expliquant les grandes lignes du programme de Projet Montréal.

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À quelques reprises, il se contentera de saluer les passants tout en glissant le document entre leurs mains. « Je dois vraiment m’habituer à serrer les mains, aussi », soupirera-t-il. Le flou existant entre la politique provinciale et municipale sera aussi observé alors qu’une dame, se montrant tout d’abord favorable à sa campagne, l’invectivera soudainement en traversant la rue. « Elle m’a demandé si j’étais souverainiste et j’ai répondu que oui, même si mon allégeance n’a aucun rapport avec mon travail. Je m’y attendais, par contre. Elle prononçait « séparatiste » en exégarant le « hhhiiisss! »
Bien que la suite de l’opération se déroulera plus rondement – une personne du troisième âge lui assure son vote, quelques résidents prennent de ses nouvelles comme s’ils s’adressaient à un ami, un jeune l’assure qu’il passera à son local pour faire du bénévolat, etc. -, le maire avouera au retour que l’altercation l’a quand même un peu secoué. « Tu veux te reprendre après ça et je crois que ça s’est plutôt bien passé. Il y avait peu de monde, mais les gens rencontrés étaient vraiment intéressés. »
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Et moi sur Twitter, c’est @andredesorel