Oui, je suis restée prise dans la neige

Entre Valcourt et le Mont-Radar, on s’est dit que c’était le temps ou jamais de tester notre magnifique GPS. Rendue à Tring Jonction, en plein coeur de la Beauce, la fiable machine nous a ordonné de tourner à gauche dans un petit chemin de terre (très très très enneigé). Ok, c’est bon. On a obéi.

On a roulé comme ça pendant une dizaine de kilomètres (le chemin était tellement enneigé qu’on avait l’impression d’être une dameuse qui déblaye les pistes le matin). À un moment donné (alors que la route devenait littéralement une piste de ski de fond), on a vu un pick-up arrêté sur le bord de la route. Je suis sortie du véhicule. Il y avait deux jeunes Beaucerons. Beauceronne d’origine, j’ai immédiatement senti une connexion.

– Le Mont Radar, c’tu loin?

– Ichhh…si tu passes par là, c’est sûr que tu vas rester pris dans’ neige. Y a rien de déblegggé (déblayé en beauceron). Même nus’ autres, on a changé d’idée. Faut que tu r’viennes à Tring.

J’ai acquiescé. Mais c’était trop tard. Le mal était fait. Nos pneus ne voulaient plus avancer. Et les gars étaient déjà partis. Et on était dans le fin fond du fin fond d’un rang. Joannie a klaxonné de toutes ses forces pendant de longues secondes. Rien. La nuit commençait à tomber. Disons que ça sentait la panique dans le rang de Sainte-Marguerite.

Quelques minutes plus tard, les gars ont commencé à reculer leur pick-up et sont finalement venus nous aider à déneiger dans le fin fond du fin fond du rang. Pendant une quinzaine de minutes, je les ai regardés forcer en faisant semblant de donner des petites poussées une fois de temps en temps. Ils étaient beaux nos Beaucerons. Ils étaient forts surtout. Ils ont finalement réussi à nous dépogner.

À la fin, j’ai pensé qu’ils allaient nous inviter à prendre une bière. Quelque chose pour nous remercier de les avoir fait sentir comme des héros dans le fin fond du fin fond du rang. Rien. Même pas un petit «merci».

PS: En revenant sur nos pas, on est tombées sur une espèce de méga-tempête de neige. Le genre de tempête que tu es vraiment content de voir si tu fumes un joint. La plus intense que j’ai vue de ma vie. On a même dû arrêter dans une entrée de maison pour un bon moment parce qu’on était incapable de conduire. Mais ça, c’est une autre histoire.