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Où est passé Macaulay Culkin?

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À l’école primaire, on avait tous les oreilles décollées ou juste-sur-le-bord-d’être-décollées. On était tous des Macaulay Culkin. Par conséquent, la grosse tendance en matière de chirurgie plastique, c’était de se faire recoller les oreilles.
– Elle est où Amélie aujourd’hui? J’l’ai pas vu dans l’bus, c’matin.
– A’ s’faisait r’coller les oreilles, j’pense.
– Ahhhhhh!
Rien de plus banal : ça faisait presque partie de notre quotidien.
Le lendemain, Amélie arrivait à l’école avec son gros bandage blanc autour des oreilles. Quelques jours plus tard, ses oreilles étaient parfaites. On ne pouvait même plus passer un doigt entre son pavillon et sa tête.
Amélie n’était plus une Macaulay Culkin.
Elle avait franchi un méga-step dans l’échelle sociale de notre primaire.
***
À force de voir mes amis se faire recoller les oreilles et entendre d’autres élèves se faire traiter «d’oreilles décollées», j’étais moi-même devenue obsédée par mes oreilles.
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Je pouvais passer des heures devant le miroir, à comparer mes pavillons à ceux de Macaulay Culkin. Au moindre doute, j’allais voir ma mère :
– Check man’, j’ai vrrrrraiment les oreilles décollées. Y faut que je me les fasse réparer comme Amélie.
– Catherine, non.
J’avais si peur que je prenais même des précautions. La nuit, je me couchais sur le côté. L’hiver, je portais des bandeaux, plutôt que des tuques. Et, dès que je pouvais, je mettais mes mains sur mes oreilles pendant plusieurs minutes, histoire de bien les aplatir.
Maman, j’ai raté l’avion
Quelqu’un, éclairez ma lanterne, please.