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Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous emmène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtre Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.
Les paysages océaniques sont spectaculaires en Cali, oui, mais sinon, la route est semi-ennuyante, les commerces aussi. Un petit feeling de boulevard Sainte-Anne, mais avec la mer au lieu du fleuve. C’est beau le boulevard Sainte-Anne, mais c’est pas particulièrement excitant.
On dirait que c’est plutôt rare d’entendre quelqu’un dire : « je reviens de l’Oregon, comme chaque année, c’est tellement mon état pref. » Au jeu de « pointez l’Oregon sur la carte », il y en aurait une méchante gang à avoir l’air d’une victime épaisse de Guy Nantel dans ses vox pop. Prononcé en français, « Oregon » a l’air d’une épice à rajouter dans sa sauce à spagat’ ou d’un champion qu’on retrouve dans la forêt boréale. Et si tu le prononces en anglais « Oraygone », on dirait que ça vient avec une voix nasillarde, en donnant des petits coups de tête vers en haut, un peu comme Jean-Pierre Ferland quand il chante « t’es belle ». C’est ma deuxième fois en Oregon et j’aurais pu utiliser le même titre que pour la Californie. En fait, j’aurais utilisé le même titre, si je m’étais mieux souvenu de toi, cher Oregon. T’es un peu dans l’ombre de ta clinquante voisine lisse et clichée, la Californie. Et à quel point tu peux être sous-estimé! Ben moi je vais te pimper l’ego!
Entrer dans un nouveau territoire amène un lot de fascinations constantes. Comment, en l’espace de quelques kilomètres, peut-on voir une différence entre deux états, alors qu’on roule sur la même route? Le clash entre la Californie et l’Oregon est marquant, du moins quand tu roules sur l’autoroute 1, sur la côte. Les paysages océaniques sont spectaculaires en Cali, oui, mais sinon, la route est semi-ennuyante, les commerces aussi. Un petit feeling de boulevard Sainte-Anne, mais avec la mer au lieu du fleuve. C’est beau le boulevard Sainte-Anne, mais c’est pas particulièrement excitant.
Donc quand tu arrives en Oregon, c’est limite s’il n’y a pas une fanfare qui t’attend avec des hommes-orchestres et de la barbe à papa en train de crier « viens jouer avec nous, tu ne vas pas le regretter ». À GO, l’autoroute 1 se transforme en parc d’amusement axé sur le tourisme! Y’a de la vie, y’a de la couleur! Tu rentres dans le buffet d’activités de plein air et tu sais pas quoi choisir entre le kayak, le rafting, la rando (les vrais sauront que c’est pas là que mon choix s’est arrêté), le kite, le surf, l’équitation.
Le truck n’est pas en reste : l’essence est revenue à un prix qui se peut, ma Visa sourit de soulagement, vive les 2,80 $ le galon (bye les 4,20 $ de la Cali). Toute la famille est contente, toute la famille est stimulée. Oregon, on s’est bien amusés! Portland, tu vas me revoir, tu as tous les avantages d’une grande ville sans être méga lourde. T’es légère, facile et simple, pis on t’adore pour :
TES FOOD TRUCKS
On en retrouve dans plein de quartiers, aménagés un peu comme une foire alimentaire de centre d’achats, sauf que les assiettes beige-brun du Tiki-Ming et autres Valentine sont remplacées par des food trucks de toutes les cuisines. Tu veux manger grec, coréen, égyptien, libanais, italien ou japonais? Food trucks! Tu veux manger tunisien, ton ami est vegan et l’autre céliaque? Food truck! Pour vrai, je suis certaine qu’en 365 jours, tu n’arrives pas à goûter à toute l’offre culinaire de Portland. Et je n’ai pas mentionné le kombucha en fût, le vin nature et la bière. Man, la bière.
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TA BIÈRE
La légende veut que quiconque qui est reparti de l’Oregon ait trouvé au moins une bière à son goût, même s’il ne sait faire la distinction entre du pipi de chat et du houblon. Google m’apprend que l’Oregon compte 210 micro-brasseries artisanales. C’est ici qu’on retrouve le plus de micro-brasseries par habitant. L’Oregon c’est Moncton, sauf que d’un côté on a la bière, de l’autre les Tim Hortons. Perso, je préfère être dans l’eldorado de la IPA, mais heille, à chacun son fluide.
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TES LIVRES
En connais-tu beaucoup, des commerces qui ont « la ville de » dans leur slogan? Moi j’en connais juste un : Powell’s City of book. LA VILLE DES LIVRES. Oui, c’est un peu prétentieux et ça donne le goût de rentrer en disant « bon bon bon, montre-moi donc ça si t’es si hot, Powell ». Et oui, ça vaut la prétention. La librairie est divisée en 3500 sections réparties sous un code composé de neuf couleurs et vous pouvez vous orienter à l’aide d’une carte. Une CARTE dans une libraire, à l’aube des années 20. Bravo! Sur la même tablette, on a souvent le choix d’acheter le livre neuf ou usagé, plusieurs sont autographiés aussi.
En connais-tu beaucoup, des commerces qui ont « la ville de » dans leur slogan? Moi j’en connais juste un : Powell’s City of book. LA VILLE DES LIVRES.
Y’a quelque chose de beau et de noble d’avoir conservé la vocation première de la librairie : la lecture. Oui, tu peux acheter des gogosses, mais quand tu entres chez Powell’s, t’as pas l’impression d’entrer dans une boutique cadeau où tu vas assurément trouver le petit service à thé en porcelaine demandé par ta nièce de trois ans. Ici, c’est avoir le choix entre 4 millions de livres. Ils ont mérité leur titre de « plus grande librairie indépendante au monde », ils ont le droit de jouer les chauvins!
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Évidemment, tout ça n’est qu’un survol, comme toutes les destinations faites dans ce roadtrip. M’en va revenir te voir avec des valises vides, prêtes à être remplies de vêtements chinés à droite et à gauche dans tes nombreuses friperies. Portland tu lookes et tu rockes, et tes habitants qui ne se fondent pas dans la masse aussi. À bientôt!