.jpg)
En rajouter sur cette fameuse annonce de « divan viril » sur Kijiji, revenir sur le billet de Judith en suscitant ce carnet de blogue ou encore me lancer dans une analyse assez cérébrale pour me péter un anévrisme sur les libertés de la presse après « l’attentat » contre le Charlie Hebdo.
J’aurais pu écrire sur un paquet de trucs, mais je suis plutôt tombé sur ce gazouillis de Sophie Durocher reprochant à l’équipe de C’est bien meilleur le matin d’avoir « oublié » de mentionner son entrevue avec Janette Bertrand dans sa revue de presse de mercredi. Comme on soulignait le 75e anniversaire de la SRC hier et qu’on diffusera finalement ce fameux reportage d’Enquête sur Quebecor ce soir, j’ai plutôt choisi de me claquer un anévrisme en rédigeant un billet sur les effets pervers de la convergence… sur les consommateurs de médias.
…
Voyez-vous, depuis des mois et des mois, moi et mon chapeau en papier d’aluminium capotons ben raide à la lecture de La Presse et du Journal de Montréal, bien tapis dans notre bunker nous protégeant des ondes des cellulaires et des effets de cette mystérieuse « convergence ».
Ainsi, en lisant un texte de l’Agence QMI rapportant des propos de PKP voulant que « dans l’intérêt public, Radio-Canada doit cesser de poser des obstacles aux demandes d’accès à l’information », mon premier réflexe n’est plus d’interpréter la nouvelle, d’identifier le « qui », le « quand », le « quoi », ni même le « où » ou le « comment », mais bien de soupirer un « On sait ben ».
- « On sait ben », QMI rapporte la nouvelle juste pour narguer la SRC.
- « On sait ben », La Presse rapportait la poursuite opposant Quebecor World et Quebecor en 2009 que pour tirer le tapis sous les pieds de PKP et sa bande qui se font pousser des tentacules au nom de la « convergence ».
- « On sait ben », les chroniqueurs télé de La Presse ne couvrent pas les émissions de TVA parce que la chaîne est liée à Quebecor.
- « On sait ben », les exemples sont nombreux…
Je déteste me répéter cette phrase. Je déteste surtout avoir à le faire.
Depuis que « convergence » est devenu un terme à connotation drôlement négative, « saine compétition » est aussi devenu synonyme de « guerre de clochers». Alors que Quebecor et la SRC s’envoient des gifles dignes d’un film de Bud Spencer, que se passe-t-il chez le lecteur? Se sent-il concerné, lui qui est coincé entre les deux?
Suis-je normal, docteur? Est-ce une maladie qu’une clique de scribouillards se passe à force de fixer des caractères sur du papier ou un écran? Est-ce que mon frère, sa blonde ou mes parents s’interrogent aussi sur la légitimité et l’objectivité de l’information qu’on leur livre alors que convergences, commandites, plans de partenariat et autres « ententes secrètes » se trament dans les bureaux de vente de nos quotidiens préférés? Et s’ils ne se disent pas « On sait ben », devraient-ils?
Alors que les sources ne cessent de se multiplier, j’ai l’impression que l’information, elle, est de plus en plus caviardée, filtrée ou tordue avant de se rendre à nos yeux ou nos oreilles.
…
Bien sûr, on s’entend que ce n’est pas une catastrophe écologique, ni une problématique digne d’un « squat » au centre-ville de Montréal. Après tout, la SRC et Quebecor sont deux titans. « On sait ben » qu’on finance le premier avec nos impôts et le second fait son pain et son beurre avec la « porn » qu’on télécharge. Mais étant, bien malgré moi, impliqué dans cette « guéguerre » en travaillant à temps plein pour un hebdomadaire de la Montérégie de Transcontinental (la pige à Urbania, c’est pour me payer un « divan viril »), je réalise qu’à plus petite échelle, au niveau du journalisme en région justement, le journalisme carburant à l’œuvre de Machiavel fait autant des « victimes » chez les consommateurs d’actualité que chez ceux qui la rapportent.
Certains diront « business as usual », mais je préférais plutôt que les titans se disent « Faisons la paix si tu veux. Aucun des deux n’a perdu au jeu. »
…
P.-S. : Un peu plus tard, Sophie Durocher a « retweeté » le mot d’ouverture de René-Homier Roy mentionnant son article par la bande. Tu vois Sophie? Ils pensent toujours à toi dans la tour brune. Y’a encore de l’espoir! L’amour a pris son teeeeeeeeeeemps!