On pose les vraies questions… à une marraine d’allaitement

Dans la série Les vraies questions, on rencontre un.e spécialiste afin de lui poser toutes les questions qu’on se pose dans nos group chats de parents, mais qu’on n’ose pas demander au médecin pendant nos rendez-vous.

Ce mois-ci, on a rencontré Émilie Chagnon, marraine d’allaitement de la Fédération Nourri-Source, pour parler de déprime post-allaitement, de colostrum et, oui, de verre de vin pendant les boires.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande d’allaiter jusqu’à deux ans, voire plus, selon les préférences de l’enfant et de la mère. Certains enfants peuvent continuer jusqu’à trois ans, parfois même jusqu’à dix ans.

Cependant, il est important de respecter aussi les besoins de la mère. Si deux ans semblent irréalistes pour certains, l’objectif minimum pourrait être d’allaiter pendant les premiers mois, en particulier pour que le bébé bénéficie du colostrum, ce liquide très riche en nutriments produit juste après la naissance.

Contrairement à un biberon, on ne peut pas mesurer la quantité exacte de lait produite, donc on doit se fier aux signes que donne le bébé. Un bébé qui a encore faim après une tétée de 15 à 30 minutes va pleurer ou se montrer agité.

En général, la plupart des mamans produisent suffisamment de lait, surtout lorsque le processus d’allaitement est bien lancé, souvent avec l’aide d’une marraine d’allaitement. Si la production est trop élevée, cela se traduit par des engorgements fréquents. Il existe toutefois des solutions pour réduire l’engorgement et la production si nécessaire.

Oui, tout à fait. L’allaitement est une expérience nouvelle, et pour certaines femmes, ça peut être inconfortable ou envahissant. Ça prend du temps pour s’habituer, et bien que ça ne devrait pas être douloureux, certaines mamans ne se sentent jamais totalement à l’aise, même après quelques semaines.

Dans ces cas-là, le tire-allaitement peut être une bonne option : les mamans peuvent alors tirer leur lait et le donner d’une autre manière.

Non, l’allaitement ne doit pas faire mal. Les premières tétées peuvent être un peu inconfortables, mais si la douleur persiste, il y a probablement un problème, comme une mauvaise position du bébé ou des tensions musculaires chez lui (par exemple, un torticolis).

Consulter un ostéopathe peut aider dans certains cas. Il est également important de vérifier la mise au sein pour s’assurer que le bébé tète correctement.

L’allaitement et l’alcool peuvent être compatibles, mais à certaines conditions. D’abord, il faut savoir que le taux d’alcool dans le lait maternel est légèrement inférieur à celui dans le sang, et il disparaît après deux à trois heures. Donc, si une mère prend un ou deux verres, cela ne pose généralement pas de problème, surtout si elle attend quelques heures avant de redonner le sein.

Cependant, il faut être vigilant, surtout si l’alcool affecte la capacité de la mère à rester éveillée et attentive, par exemple si elle s’endort avec le bébé dans les bras.

Il y a beaucoup de mythes autour des aliments à éviter, comme les épices ou les légumineuses. En réalité, chaque bébé réagit différemment, mais les aliments consommés par la mère posent rarement problème.

Dans les cas où le bébé semble avoir des gaz ou de l’inconfort après que la mère ait mangé certains aliments, il pourrait lui être utile d’adapter son alimentation, mais cela reste rare.

Cela dépend des besoins de la mère. Si elle allaite régulièrement et souhaite tirer son lait pour une sortie, elle peut le faire juste après que le bébé ait terminé de téter, ou une heure après, pour stimuler la production.

Tirer son lait après chaque tétée peut également aider à augmenter la production si nécessaire.

Il y a beaucoup de gadgets sur le marché, mais en réalité, peu d’entre eux sont indispensables. Un tire-lait manuel peut être utile, surtout si la mère ne veut pas dépenser trop d’argent. Pour celles qui envisagent d’allaiter sur le long terme, louer un tire-lait électrique peut être une bonne option.

Un coussin d’allaitement ou une couverture confortable peuvent également être pratiques pour s’installer confortablement.

L’allaitement est une expérience nouvelle pour la mère et le bébé, tout comme l’accouchement. Il n’y a pas de manuel d’instruction, donc il faut du temps pour s’adapter.

Le soutien aide énormément. C’est pourquoi on encourage souvent les mères à se tourner vers une marraine d’allaitement.

Il est recommandé de diminuer graduellement les tétées pour éviter les engorgements et permettre au corps de s’adapter. Par exemple, on peut commencer par retirer une tétée, comme celle du matin, et voir comment le corps réagit.

Il est aussi important de prendre soin de son bien-être émotionnel, car l’arrêt de l’allaitement peut provoquer une chute hormonale et parfois un sentiment de vide, semblable à un petit deuil.