C’était mieux dans l’temps. Dans l’temps où on avait des boutons.
« Si vous voulez plus de boutons, vous avez juste à manger des chips Yum Yum pis boire du Coke tous les jours. »
Maudit zouave! Zigoto! Olibrius! Pas des boutons comme ceux que pète Dr. Pimple Popper sur Instagram! Des boutons pour monter le chauffage dans votre char.
Si vous êtes monté à bord d’un char neuf dans les dernières années, vous avez sans doute remarqué que les boutons sont en voie de disparition comme le papillon monarque, la rainette faux-grillon et Éric Caire.
Vous avez voulu mettre la clim, pis le seul moyen, c’était de passer par l’écran installé au beau milieu de votre dashboard. Un écran aussi gros que ma télé 65 pouces, mais en version plus petite.
– Retour au menu principal
– Section climat
– Air climatisé
– Activer
– Reculer d’un menu
– Choisir la température
Bang!
Vous venez de foncer dans l’derrière d’un pick-up.
Calamité!
On n’en parle pas dans les « merdias », mais c’est sans doute la principale cause de rage au volant. Pas les cônes orange ni les maudits cyclistes. Non, c’est un dude qui n’en pouvait plus de chercher l’option pour enlever la maudite assistance à la conduite qui fait « beep, beep, beep! » dès que tu lâches le volant. « Beep, beep, beep! » Des « bips » en anglais, en plus!
Est où, la maudite option?
« Beep, beep, beep! »
Et là, le gars se fait couper par une Tercel et sort de son char avec un bat de baseball pour vider toute la rancœur qu’il a développée sur le touchscreen plein de traces de doigts de sa Tesla.
Il « beep, beep, beep » une volée au chauffeur de Tercel.
Non. Ça, les « merdias » n’en parlent pas, parce qu’ils veulent que les vendeurs de chars continuent de leur acheter de la pub.
On nous ment!
Une vraie de vraie épidémie
Et ça ne se limite pas à nos voitures. Même mon four arbore maintenant un écran tactile. Mon four! Le seul objectif, c’est d’avoir l’air dans le vent. Ça prend même pas moins de place!
Et que dire de mon rutilant air fryer, à part que ça prend de la place en maudit pour une bébelle qui sert juste à faire des patates frites? Récemment, son écran tactile a sauté et maintenant, la moitié des options sont éteintes. Pouf. Maintenant, faut y aller au feeling. Des fois, mes patates frites sortes pas cuites parce que j’ai choisi l’option « crevettes tempuras » plutôt que l’option « délicieuses pommes frites maison ». C’est pas mangeable!
Et d’ailleurs, avez-vous pensé aux aveugles?
Les personnes malvoyantes, quand elles chauffent leurs bagnoles, comment elles font pour monter le volume de la radio si y a juste un maudit écran sans relief, hein? Hein? HEIN?
« Les personnes qui souffrent de cécité ne conduisent pas. »
Eille, on va pas s’obstiner sur les détails. Faites pas semblant de ne pas comprendre le principe.
Ça va être quoi, la prochaine affaire? Un iPad à la place du volant? Un iPhone à la place de la pédale de break?
Une amélioration, vraiment?
En tout cas, ça sera sûrement mieux que les écrans tactiles qu’on a actuellement dans nos chars et sur nos électroménagers.
Parce qu’on va s’entendre, c’est lent. Très, très lent. Tu pèses et t’attends pas loin de deux minutes avant que l’écran réagisse. Déguédine!
C’est comme s’ils avaient engagé les stagiaires qu’Apple n’a pas pris pis l’équipe qui a travaillé sur SAAQclic pour construire ça.
Heureusement, la fronde s’organise. Devant la pression des consommateurs, les fabricants font de plus en plus appel à des expert.e.s en « reboutonnisation ».
Vous avez bien lu. Des expert.e.s. En. Reboutonnisation.
C’est comme un.e dermatologue, mais à l’envers.
Le design des boutons est devenu un métier si oublié, qu’on doit maintenant demander à un.e expert.e afin que soit perpétué cet art ancestral contre vents et marées.
– Pardon, comment je pourrais faire pour que les gens montent facilement le volume de la radio dans leur voiture?
– J’ai peut-être une solution pour vous. Avez-vous pensé à poser une roulette?
– Une roulette!
Ce n’est que le début. Si j’étais un entrepreneur, je me partirais une usine de pitons.
Prends mon idée, François Lambert, je te la donne. Pas besoin d’avoir inventé le bouton à quatre trous pour savoir que ça va se vendre comme des petits ponchos!
Comme le disent si bien les cuisiniers qui font des omelettes sans casser d’œufs : if it ain’t broken, don’t fix it.
On n’arrête jamais le progrès, mais des fois, on devrait. Et dans ce cas-ci, il est temps qu’on pèse sur le piton « abort ».
**
Pour recevoir tous les écrits d’Olivier Niquet en primeur directement dans votre boîte courriel, inscrivez-vous à son infolettre.