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On jase fin du monde et mort de l’art avec Christian Vanasse

La pièce de théâtre Alpha & Oméga risque de faire des vagues

Par
Lucie Piqueur
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« 2040 : dans le but d’apaiser les tensions mondiales liées aux crises environnementales et énergétiques qui menacent la planète, une équipe de scientifiques est à la recherche d’un minerai rare dans une base souterraine du Nunavut. Dilemmes éthiques, terrorisme autochtone, cyborgs et menaces d’apocalypse pimentent le quotidien solitaire de cette joyeuse gang. » Voici, en gros, le résumé d’Alpha & Oméga, la prochaine production du Nouveau Théâtre Expérimental, présentée à l’Espace Libre à partir du 24 avril.

Mais la dystopie va peut-être plus loin qu’on pense…

« 2018 : Dans une salle de spectacle montréalaise, tout le public a les yeux rivés sur son cell pendant la représentation d’une pièce de théâtre. » Ça, c’est aussi le pitch d’Alpha & Oméga, puisque la pièce est accompagnée d’un volet interactif expérimental qui culminera, en salle, par la possibilité d’impacter le déroulement de la pièce en direct, avec son téléphone.

En attendant le 24 avril, on a voulu poser 2-3 questions à Christian Vanasse, l’auteur de cette création anxiogène et lourde en questions philosophiques. L’humoriste Zapartiste me rassure : tout en soulevant plusieurs dilemmes, la pièce sera comique et caustique de bord en bord comme on les aime. FIOU!

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Tout d’abord, j’aurais besoin de savoir comment une pièce de théâtre sur la crise énergétique mondiale compte me faire rire.

C’est rare, de la science-fiction au théâtre!

Christian Vanasse : Habituellement, une dystopie, c’est très triste. Mais là, on en a fait une comédie! Ça sera un peu caricatural et parodique. Il y aura des cas de conscience, de la science-fiction, des bons, des méchants, des revirements de situations… on a voulu faire une proposition un peu awkward, un peu en dehors du champ du théâtre qu’on voit habituellement. C’est rare, de la science-fiction au théâtre! Et puis il y a aussi l’apport du public, qui risque de venir avec quelques surprises! (Il y a un volet interactif qui a déjà eu lieu sur internet : le public a écrit des répliques, choisi les comédiens, voté pour les costumes, etc.) Sans voler de punch, je vous dirais qu’ils ont choisi de la musique western romantique et des costumes pseudo-japonais pour notre expédition scientifique dans le Grand Nord…

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J’ai aussi entendu dire qu’on devait se présenter avec son cellulaire chargé le soir du spectacle. Qu’est-ce qui va nous arriver exactement?

Christian Vanasse : Dans le courant de la pièce, le public va pouvoir modifier certaines choses, comme les ambiances sonores ou l’éclairage, et ils vont même pouvoir décider comment la pièce va se terminer. Mais ce n’est pas non plus un gizmo avec lequel le public est sollicité toutes les 3 secondes. Il y a des moments pour ça. On ne voulait pas que ça tourne en meurtre et mystère…

Vous êtes en terres inconnues avec ça…

Christian Vanasse : C’est de la recherche fondamentale, je te dirais. On veut voir ce que ça donne. Et en même temps, au niveau technique, c’est super intéressant. On va connecter plus d’une centaine de spectateurs en direct. Ça pose toutes sortes de questions et de défis techniques à l’équipe. Après, on pourra peut-être appliquer ça dans d’autres productions. Peut-être que c’est l’avenir du théâtre? Peut-être qu’on va vouloir pousser l’interactivité plus loin? Qui sait?

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Dans tous les cas, ce sont des questions que se posent les théâtres aujourd’hui. Jusqu’où on pousse l’interactivité, le web, la participation du public dans nos créations, pour être plus populaires, pour avoir plus de clics, pour avoir plus de subventions…

Un élément de la pièce qui a attiré mon attention, c’est le « terrorisme autochtone ». De quoi il s’agit exactement?

Dans une crise environnementale, il peut y avoir toutes sortes de solutions plus ou moins radicales.

Christian Vanasse : Depuis la base souterraine, on les voit à travers les télévisions sans trop savoir qui ils sont. C’est angoissant. Mais les bons et les méchants ne sont pas ceux qu’on pense : les eaux sont plus troubles que ça. La révolte de ce groupe est nécessaire et je les vois comme des sauveurs possibles des ressources naturelles du Grand Nord. Dans une crise environnementale, il peut y avoir toutes sortes de solutions plus ou moins radicales. Plus ou moins violentes. Qu’est-ce qu’on est prêt à faire? Je pense que le théâtre est le bon endroit pour réfléchir à ce genre de questions.

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J’ai aussi entendu parler d’un cyborg…?

Christian Vanasse : Il préfère être appelé « protohumain » ou « organisme cybernétique »! C’est le petit jokeux de la pièce. Un humain transformé, en partie artificiel. Il ne voit pas le mal dans les technologies qui améliorent sa qualité de vie. Il n’a aucun problème à avoir un implant dans le cerveau par lequel il peut avoir accès à des milliards d’informations. À travers lequel il peut être contrôlé, aussi! Je le mets en opposition, dans une espèce de relation amour-haine, avec un autre personnage qui est au contraire très religieux et conservateur. Pour lui, on naît avec le corps qu’on nous donne.

La science-fiction au théâtre, c’est rare. Une question de budget et de crédibilité visuelle. À quoi on peut s’attendre avec Alpha & Oméga?

Christian Vanasse : Il y aura des séquences filmées pour certaines batailles. Il a fallu avoir recours à plein de petites astuces techniques pour remplacer les effets spéciaux du cinéma. Aujourd’hui, il y a des choses hallucinantes qui se font avec les décors et les éclairages en LED. Je suis toujours étonné par la beauté du travail des artisans au théâtre. C’est pas un film avec 300 000 000 de budget, mais ils et elles arrivent à créer des ambiances magnifiques.

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Si vous êtes aussi curieux que moi de voir le résultat, rendez-vous ici pour acheter vos billets. La pièce sera présentée du 24 avril au 19 mai 2018 à l’Espace Libre, en plus d’être web-diffusée en direct certains soirs.