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On est trop

Par
Jean-François Mercier
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Ce texte est tiré du numéro Vert | Printemps 2007

On a demandé à Jean-François Mercier de nous pondre un texte poilant sur l’environnement. Il nous est revenu avec un papier triste à mourir. Désolés.

Pour les problèmes environnementaux, on pointe des responsables. Les gouvernements qui sont inactifs, les méchants consommateurs, les méchantes entreprises polluantes. Pour réduire la pollution, on aborde des solutions plus ou moins efficaces… Et moins que plus, la plupart du temps.

On s’entend tous pour dire qu’on impose un trop grand stress sur la planète, qu’il faut réduire nos émissions polluantes. Et là, je ne parle pas de Loft Story. Mais la vraie solution pour moi, et la plus simple, ce serait de réduire le nombre d’êtres humains sur la Terre.

Petit calcul. Si on était 100 fois moins, on réduirait le stress sur la planète de 100 fois. Il y aurait 100 fois moins d’émissions de gaz à effet de serre, 100 fois moins de tondeuses, 100 fois moins de gigaporcheries, 100 fois moins de rivières détournées pour des barrages, 100 fois moins de ski-doo, 100 fois mois d’automobiles et 100 fois moins de caves qui arrosent leur driveway.

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Pour réduire la population mondiale, on a deux choix: tuer ceux qui sont déjà là, ou limiter le nombre de nouveaux arrivants.

Si limiter les naissances semble l’alternative la moins douloureuse, et celle qui soulève le moins de conflits moraux, c’est curieusement l’autre qu’on préfère: tuer (ou laisser mourir) les deux tiers de ceux qui sont déjà là… C’est ce que l’on fait présentement.
L’espèce humaine n’est pas en voie d’extinction. Loin de là. Or, un des principes fondamentaux de l’économie, c’est que la rareté crée la valeur.

Nous sommes si nombreux que la vie humaine n’a pas de valeur. On laisse des gens crever dans la plus totale indifférence. Si on n’était qu’un million d’humains sur la Terre et que je voyais quelqu’un quêter dans la rue, je l’amènerais chez moi, je le laverais, je le soignerais et je le nourrirais. Juste parce que la vie humaine, c’est quelque chose de précieux.

À l’heure actuelle, elle n’a plus de valeur, la vie, parce qu’on est trop.

Mais d’un autre côté, nos gouvernements se font des gorges chaudes à parler d’environnement et en même temps de politique de natalité sans n’y voir ne serait-ce que le bout d’un début de commencement de paradoxe. Loin de moi l’idée de juger ceux qui ont des enfants. Je ne veux pas juger les aspirations des gens, mais qu’on se dote de politiques qui vont dans le sens de scraper encore plus l’environnement à grand renfort de subventions pour favoriser la natalité, là, je trouve qu’on franchit un pas.

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On se gargarise de paroles vides du genre : « Il va falloir que des gens travaillent pour payer nos pensions. » Comme si on allait manquer d’êtres humains! On aura juste à en laisser mourir un peu moins. Dans certains coins du globe, un bol de riz est considéré comme un accommodement déraisonnable. Jamais je ne croirai qu’on va manquer de volontaires pour permettre à nos baby-boomers de finir leurs jours dans l’abondance à laquelle ils se sont habitués.

Vraiment, je sursaute chaque fois que j’entends des phrases du genre: «Les enfants sont l’avenir de notre société. »

La réalité, c’est que si on continue en tant que race à faire des enfants, il n’y en aura plus d’avenir…

Ce texte est tiré du numéro Vert | Printemps 2007