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J’apporte mon lunch.
C’est tout un statement, je sais.
Si je l’écris ici, c’est que je suis convaincue que c’est d’intérêt national.
(lire le sarcasme ici, pretty please).
J’ai travaillé plus de 5 ans de la maison. Je faisais l’envie de tous mes followers d’Instagram en me concoctant des soupes tonkinoises, des pâtes sautées, des salades incroyables, des tacos au poisson et de la guacamole fraîche en plein milieu de la journée.
Je n’avais pas à décider le dimanche de ce que je luncherais le vendredi suivant. Je n’avais pas non plus à cuisiner des batchs de bouffe comme si j’avais une garderie à 7$. Je n’avais même pas conscience que mon chum partait les mains vides 9 matins sur 10. Je pensais que lui aussi se faisait des omelettes feta-champignons au bureau avec ses collègues. Je vivais dans le déni de la vraie vie.
D’ailleurs, il y a beaucoup de sexisme dans le lunch shaming. Dès qu’une branche de persil apparaît dans un tupperware, on se dit que ça doit être sa blonde qui lui a préparé son lunch. Pas de (bonne) blonde = pas de lunch? Vraiment. Les gars écrivent des livres de recettes à la pelletée et ils gèrent des cuisines depuis la nuit des temps: on pourrait leur donner le mérite de faire autre chose qu’un sandwich au jambon avec de la moutarde de baseball. On vit tellement en 1950 par bouttes.
Mais… Je m’écarte.
Tes collègues influencent tes choix.
À.tous.les.jours.
Si tu manges, 5 jours par semaine, au bureau (sans compter les petits-déjeuners qui s’y prennent souvent aussi), tes collègues sont les gens avec qui tu t’alimentes le plus dans ta vie. Ils sont donc LA source d’influence #1 de tes choix alimentaires. « Une p’tite frite ce midi? On va manger au mexicain? Est-ce que quelqu’un aurait envie de se faire livrer du St-Hubert? C’est quoi le menu à la cafétéria? »
Révélation: tes collègues sont tes principaux buddies de manger. Plus que ton partenaire de vie. Plus que ta gang d’amis. Plus que ta série préférée. Et leurs choix influencent les tiens.
Liseuse de lunchs
Tout est reflété dans un lunch: du temps que la personne passe à cuisiner, à son intérêt pour la chose, de son statut marital à son plat préféré. Y’a des gens qui lisent le thé, moi j’ai commencé à lire les lunchs.
Et chacun son style!
Le type A, hyper compartimenté avec des crudités.
Le style traiteur qui a une maison Pinterest.
L’épicerie à assembler de l’anxieuse qui grignote toujours quelque chose.
La soupe à ketchose de celle qui veut rentabiliser son Vitamix.
Les pâtes-à-toute de la mère de famille d’un enfant en bas âge.
Le poulet grillé de l’adepte de gym.
Le reste de pizza de la veille du gamer.
Le toujours la même affaire de la personne qui limite ses décisions (un Steve Jobs peut-être).
Le restant de frigo qui préfère aller au 5@7 que de se faire à souper.
Ne jamais botcher son lunch
Tout ça pour dire qu’un lunch, ce n’est pas anodin. Ce n’est pas un repas qu’on prend à la sauvette entre deux meetings. Qu’on sacre dans un pot masson en se disant qu’on va le compléter avec autre chose de la cafétéria. Un lunch est un repas. Au même titre qu’un souper, il peut être garroché parfois, mais il doit surtout refléter les habitudes alimentaires qu’on souhaite implémenter dans sa vie quotidienne. Parce que le lunch est l’emblème du quotidien.
Les dommages du brunch gaufre au poulet frit du dimanche matin, et le souper arrosé du vendredi soir sont complètement contrecarrés par une routine de lunchs inspirants, colorés, santé, beaux à manger. Préparer ses lunchs, c’est s’assurer qu’on va rester sur la bonne track. De toute façon, on va se dire les vraies choses: payer 20$ pour une salade avec des tomates pâteuses au resto, alors que tes collègues se claquent un burger bien dégoulinant et des frites croustillantes, même la coach de santé a un fuck mental avec ça.
Et si tu me lis en te congratulant d’être LA personne lunch au bureau: pars-toi une business! Sur Lunch Please!, tu peux proposer des plats maisons à tes collègues. Transforme-toi en traiteur du bureau et tout le monde va t’adorer pour une couple de piasses par semaines.
Confession: je ne trippe pas encore vraiment à me faire des lunchs et je me déplace avec l’équivalent d’un frigidaire à tous les jours pour ne jamais manquer de rien. Et si on se fie à ma science des lunchs, je suis effectivement une anxieuse en rémission qui mange toujours quelque chose. Mais je mange encore très bien. Pis y’a mes collègues qui me laissent des dumplings et des biscuits au chocolat sur mon bureau. ÇA c’était pas possible quand je travaillais de la maison.
Pour lire un autre texte d’Anne-Marie Archambault: « Ils mangent quoi les gens qui ont du bacon ».