Quand Melissa Maya dĂ©mĂ©nage, deux choses doivent ĂȘtre aussitĂŽt branchĂ©es en dĂ©pit des montagnes de boĂźtes: la machine Ă cafĂ© et la table tournante. Lâanimatrice et auteure â qui vient de scĂ©nariser un documentaire sur le disque vinyle et qui a un studio dâenregistrement Ă la maison â a eu envie de rencontrer dâautres freaks dans leur habitat naturel.
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Cette semaine, on entre chez lâanimatrice GeneviĂšve Borne.
(En fait, on jase dâabord sur sa terrasse, parce que la lumiĂšre y Ă©tait trop belle pour ĂȘtre vraie, et aprĂšs on va jouer du drum (elle) dans la piĂšce juste Ă cĂŽtĂ©, une piĂšce entiĂšrement dĂ©diĂ©e Ă la musique.)
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GeneviÚve, quand on pense à ta carriÚre, on identifie naturellement trois grandes sphÚres: la musique, la mode, le voyage. Y a-t-il eu une autre passion avant tout ça? Quelque chose qui pourrait définir ton enfance?
Non, rien du tout! Je pense quâon devient ce quâon a toujours Ă©tĂ©. Donc pas de ballet pour moi, pas dâĂ©quitation⊠Jâai seulement trois petits Ă©cussons (qui ne veulent pas dire grand-chose) en patinage artistique, les seules mĂ©dailles que jâai eues dans ma vie! (LOL.)
«Je pense quâon devient ce quâon a toujours Ă©tĂ©.» Wow. Un exemple?
Quand jâĂ©tais petite, ma mĂšre Ă©tait mannequin. Je lâaccompagnais dans les studios, je voyais des photoshoots⊠Et avant mĂȘme dâĂȘtre nĂ©e, quand elle Ă©tait enceinte, jâĂ©tais avec elle dans son ventre sur le runway! La musique des passerelles, je suis sĂ»re que je lâentendais.?
OK, on ne peut avoir une image plus puissante pour la mode! Ton souvenir dâenfance liĂ© Ă la musique le plus fort, maintenant?
Jâai grandi avec un grand frĂšre musicien qui pratiquait avec son band dans le garage. CâĂ©tait un garage en pente. Mes amies et moi, on sâasseyait en indien dehors dans la pente en asphalte aprĂšs lâĂ©cole. La porte nâĂ©tait pas levĂ©e encore, on entendait juste des grondements dâinstruments. «Câest Ă quelle heure encore, le spectacle, GeneviĂšve?!» Mes amies capotaient toutes sur mon frĂšre qui, avec ses cheveux longs, ressemblait Ă Jim Morrison! Jâte jure!
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Et câest drĂŽle, parce que quand jây pense avec le recul, leur «show» avait lieu Ă 16 h, lâheure des soundchecks des vrais shows dans les salles de spectacle!
Câest donc ton frĂšre qui a fait ton Ă©ducation musicale?
Mon Ă©ducation musicale ROCK. Car il ne faut pas oublier quâau fond, jâĂ©tais aussi une petite fille de dix ans qui aimait le disco, ce qui Ă©tait dâailleurs une honte pour mon frĂšre. Ă la fin des annĂ©es 1970, il fallait choisir son camp, tu comprends?! Dans le sous-sol, mon pĂšre avait construit pour moi une salle de danse avec une boule disco et de la peinture blacklight⊠Mon trip, câĂ©tait acheter des 45 tours de disco avec mes Ă©conomies et faire danser mes copines. «Mettre» la musique.
Alors finalement, tu as choisi quel camp? ;)
Jâai flippĂ© raide quand, Ă lâadolescence, jâai dĂ©couvert le new wave. Killing Joke, The Cure, Joy Division⊠Il y a une ambiance dans le new wave qui me rappelle la noirceur des bars, le chuchotement des personnes qui sont lĂ , une «vibe» cinĂ©matographique. Jâavais quinze-seize ans et, tous les soirs, jâallais danser dans les bars! Je nâavais pas lâĂąge dâĂȘtre lĂ , mais tsĂ©, je ne faisais pas de mauvais coup, je ne prenais pas de drogue⊠Les proprios disaient: «Oh elle veut juste danser, la pâtite, laissez-la faire!»
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«Je pense quâon devient ce quâon a toujours Ă©tĂ©.» Merde, on oubliĂ© de donner aussi un exemple pour le voyage!
Mon pĂšre Ă©tait parachutiste dans lâarmĂ©e. Il sâabsentait souvent. Je ne sais pas pourquoi, mais câest Ă moi quâil Ă©crivait. Le plaisir que jâavais Ă dĂ©couvrir une carte postale â avec la tour Eiffel comme image, par exemple â quand jâouvrais la boĂźte aux lettres! Ăa me faisait tellement rĂȘver. Je les ai toutes gardĂ©esâŠ
Pour terminer, oui, moi aussi, jâaimerais arriver dans un party avec un casque brillant comme GeneviĂšve Borne. La petite histoire: elle lâa fait faire (par lâartiste Jason NoĂ«l) en 2013, alors quâon lui avait confiĂ© la direction artistique du dĂ©filĂ© de clĂŽture du Festival Mode et Design:
Jâavais envie de dire quâon est de plus en plus machine et de moins en moins humain. On avait aussi explorĂ© «lâandrogyĂ©nité», qui me fascine. Les filles en Bowie, les gars en Grace Jones! Plus ça avançait, plus il y avait des robots. Quand jâai marchĂ© sur la passerelle avec le casque Ă la fin du dĂ©filĂ©, jâĂ©tais moi-mĂȘme une boule discoâŠ
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Pour lire un autre texte de Melissa Maya Falkenberg: «Coin musique: Dans lâappartement de lâactrice Julianne CĂŽté».
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