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On devrait toujours se souhaiter de l’intelligence émotive

Par
Mélanie Couture
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Je nous souhaite de reconnaître le croche en nous, sans s’automutiler l’âme.
C’est, par le fait même, reconnaître le croche chez l’autre sans vouloir l’envoyer promener ou l’éliminer.

Je nous souhaite de l’amour-propre.
La méchanceté émane souvent des gens qui ne s’aiment pas. Ils ferment les yeux, le soir, seuls et détestent ce qu’ils sont devenus, regrettent leurs choix de carrière ou leur partenaire… Ils se sentent petits, menacés. À défaut de changer et de prendre leur destin d’adulte en main, ils garrochent des mottes de fumier gratuitement, à gauche et à droite, afin de sentir qu’ils ne sont pas seuls à être dans l’caca.

Je nous souhaite de ne jamais être le ti-cul de 13 ans qui offre la bière de son père, en cachette, à tous les vendredis soir à sa blonde de 12 ans.
Pour ensuite la traiter de conne si elle refuse, car elle le sait pertinemment qu’un prépubère qui prend une bière à toutes les semaines c’n’est pas un choix lumière, mais lui, le pauvre chou, il veut juste trouver quelqu’un pour se sentir moins seul parce que sa mère passe son temps à le traiter de bon à rien entre deux vodkas devant ses romans savons.

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Je nous souhaite de ne jamais être le parent du kid de 13 ans qui veut boire à tous les vendredis soir, car clairement on aura pas bien fait notre boulot de mentor.

Je nous souhaite plutôt de reconnaître qu’on est à bout, pis que ça nous fait chier qu’on ait pas eu le temps.

Je nous souhaite de démêler nos émotions.
D’avoir assez de finesse pour en reconnaître la source. Il y a clairement quelque chose qui ne tourne pas rond si on pleure et crie à la maisonnée entière parce qu’on a échappé une tranche de tomate. Une tranche de tomate, même sur un tapis blanc, ça ne mérite pas des larmes et de la colère. Je nous souhaite plutôt de reconnaître qu’on est à bout, pis que ça nous fait chier qu’on ait pas eu le temps d’aller faire l’épicerie et que de manger une maudite sandwich aux tomates avec du pain blanc semi-frais ça nous tentait pas pantoute. Mais il faut manger vite-vite pour ramasser notre fille au terrain de soccer, aller chercher le violon du petit dernier et ramasser Pouchie le chien de la voisine qu’on a promis de garder parce qu’on veut dont être serviable et que notre chum lui, a le cul devant sa XBOX depuis trois jours parce que monsieur a un nouveau jeu donc on finit par être en criss de manger la marde en échappant des tomates à terre

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Je nous souhaite de comprendre qu’on est pas en beau joualvaire d’avoir échappé une tranche de tomate, mais bien qu’on est en beau siffleux après le rythme de vie qu’on s’est imposé, qu’on est en tabarn*k après notre flan mou sur le divan, et qu’on est en c*boire après notre incapacité à dire non ou à mettre son pied à terre pour que l’autre lève son derrière.

Il n’y a rien d’admirable à se vanter qu’on est tellement « dans le jus ».

Je nous souhaite de cesser la glorification des gens occupés.
Il n’y a rien d’admirable à se vanter qu’on est tellement « dans le jus » qu’on a pas eu le temps de dîner, qu’on dort quatre heures par nuit, qu’on fait des semaines de 90 heures et qu’on sait dont ben pas comment on va faire pour préparer la réunion de famille pour nos 62 convives dans un chalet à Tremblant. Y’a de quoi pleurer pour des tomates.

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En faîte, je nous souhaite de faire des choix qui mènent vers une tête en santé.
Ça ne s’achète pas chez Weight Watchers ou dans un gym, mais un paquet d’esprits en paix, qui savent gérer leurs failles, leurs horaires, leurs faiblesses, et qui comprennent mieux les sentiments des autres, j’ai la certitude que ça nous rapproche de la fameuse paix dans le monde.

Love xx

Pour lire un autre texte de Mélanie Couture : « Les petits cons qui m’ont écorché l’âme ».

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