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On brasse les cartes: le tarot fait-il un retour en force?

Et si la Roue de fortune, le Pendu et l'Impératrice pouvaient vous aider à gérer la pandémie?

Par
Laïma A. Gérald
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« Me tirer au tarot, ça me fait beaucoup de bien, ça a même des vertus guérisseuses. Et si ça peut faire du bien à d’autres personnes, alors je vais continuer. ».
— Ashley Achille, Queer Witch

  • Je ne sais pas si vous l’avez remarqué aussi, mais depuis quelques mois, il y a des cartes de tarot partout: sur Instagram, sur YouTube, TikTok, dans les vitrines des grandes librairies et un peu partout sur le web.

Après la magie blanche et l’astrologie, serait-ce au tour du tarot de faire son grand retour dans la culture pop?

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Roue de fortune et Reine d’épée

« Je m’intéressais déjà un tout petit peu au tarot, mais c’est vraiment au début de la pandémie que je m’y suis mise plus sérieusement, m’explique Ashley Achille, qui m’accueille pour discuter de sa pratique divinatoire qui connait un engouement tout particulier dans les derniers mois.

«Visionner des vidéos de divination m’aide à mieux connaître la signification des cartes, mais aussi, ça m’apprend à me faire confiance dans mes readings.»

À peine entrée dans son appartement montréalais, je constate que les lieux sont parfumés à la sauge, même à travers mon couvre-visage. Je me sens déjà dans l’ambiance un peu magique de ce qui m’attend. Ashley m’invite à la suivre, éclairée par les derniers rayons du jour. Sur la table, deux paquets de cartes, des cristaux, un laptop et une pile de magazines Lez Spread the Word. Ashley capte mon regard qui observe les objets. « Quand je te dis que je me définis comme une Queer Witch, on ne peut pas être plus raccord. Le contenu de la table aujourd’hui, c’est mon identité in a nutshell », s’exclame la jeune sorcière en riant.

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Ashley me dit, en brassant méticuleusement ses cartes telle une croupière ensorcelée, que depuis l’arrivée de la COVID, elle passe énormément de temps à regarder des vidéos de tarot sur YouTube. « Il y a tellement de bon contenu disponible en ligne, affirme la jeune femme. Visionner des vidéos de divination m’aide à mieux connaître les significations des cartes, mais aussi, ça m’apprend à me faire confiance dans mes readings

Une fois les cartes bien mélangées, Ashley me propose de me faire un tirage général. Elle tire 8 cartes, qu’elle dispose devant moi. L’amour, le travail, mes relations interpersonnelles, mes aspirations: tout y passe, et ça résonne particulièrement.

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Le tarot brasse ses cartes

« Of course que je remarque un nouvel engouement pour le tarot, me répond d’emblée Ashley, lorsque je lui demande si elle constate une hausse de popularité pour la divination depuis le début de la pandémie. De base, le tarot, c’est un outil qui donne des clés et qui induit des réflexions intimes. Depuis quelques mois, on vit beaucoup d’incertitudes, donc le tarot, un peu comme l’astrologie, peut aider les personnes en quête de sens et de réponses. »

« Depuis quelques mois, on vit beaucoup d’incertitudes. Donc le tarot, un peu comme l’astrologie, peut aider les personnes en quête de sens et de réponses. »

En plus de proposer des lectures personnalisées par courriel, pandémie oblige, Ashley Achille est très active sur Instagram, une plateforme prisée par les astrologues, tireuses de cartes et witch de ce monde. « Il y a quelques mois, j’ai commencé à faire ce qu’on appelle des «Pick-a-card readings», dans ma story. C’est-à-dire que je partage plusieurs cartes, d’abord cachées, avec une pierre dessus. Les gens, intuitivement, choisissent la pile qui les attire le plus et au fil de la story, découvrent la lecture que je leur propose, m’explique Ashley, dont je suis les lectures Instagram depuis déjà plusieurs mois.

Ashley Achille/Instagram
Ashley Achille/Instagram
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Mais une question demeure: comment fait-elle pour proposer des lectures divinatoires sans savoir à qui elle s’adresse? « Je me connecte à mon intuition, je me mets à l’écoute des messages que je reçois. Je m’adresse aux guides en tirant et en analysant les cartes qui sortent, m’explique Ashley, qui suit d’autres liseuses de cartes qui proposent des formules similaires sur les réseaux sociaux. Je me rends compte que nos prédictions se recoupent souvent, et que l’on prend instinctivement en compte les différents mouvements et influences des planètes, ajoute celle qui assume son identité de sorcière, qu’elle considère comme un coming-out spirituel.

Ashley Achille/Instagram
Ashley Achille/Instagram
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Pour l’Impératrice, le Pape, la Mort et le Diable

Au fil de notre conversation, je demande à Ashley si elle a entendu parler d’un tout nouveau jeu, The Black Queer Tarot, conçu par l’artiste et directeur artistique new-yorkais Kendrick Daye « Oui, j’ai vu passer ça. Il a créé 78 cartes à l’effigie de personnes queers et noires. C’est très cool, affirme celle qui s’intéresse également à l’aspect intersectionnel d’une pratique spirituelle comme le tarot. Ce que j’aime, c’est que les cartes ne te jugent pas en fonction de la couleur de ta peau, ton background, ton identité de genre ou ton orientation sexuelle. J’adore le côté inclusif que ça véhicule, c’est vraiment pour tout le monde. »

« [Le tarot] ne remplacera jamais une thérapie si besoin est, mais ça fait émerger des réflexions et des introspections, ça c’est certain. »

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Pour Ashley Achille, le tarot est d’abord un outil d’introspection et un générateur de questionnements, qui peuvent faire progresser les gens en tant qu’humain. « Je ne suis pas en train de dire que je suis une thérapeute. Cela dit, quand je propose une lecture en personne (ce qui est rare en ce moment), par courriel ou sur Instagram, les gens me partagent presque toujours en quoi ça résonne pour eux ou elles, me confient des choses sur leur vie, et se positionnent face à ce que je leur dis. Ça ne remplacera jamais une thérapie si besoin est, mais ça fait émerger des réflexions et des introspections, ça c’est certain » témoigne la sorcière, dont la communauté grandit sur Instagram.

« Les cartes ont des significations propres à chacune, mais c’est très agréable de s’approprier son jeu. »

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Ashley a raison: on se connaît à peine, mais je viens de lui confier des choses sur ma vie amoureuse, mon parcours et mes projets (secrets) professionnels et je lui ai même parlé de mon rapport aux rêves que je fais la nuit. « Même les gens qui sont plus sceptiques, qui sont moins spirituels ou qui ne croient pas au tarot ou à l’astrologie se positionnent, car on leur présente un reading. Dans un sens, c’est le plus important. », ajoute la sorcière.

Avant de partir, je demande à Ashley si elle a un conseil pour les personnes qui aimeraient se lancer dans le tarot, soit pour se tirer elles-mêmes ou proposer des lectures aux autres: « Il faut s’amuser avec les cartes. Oui, elles ont des significations propres à chacune, mais c’est très agréable de s’approprier son jeu. Je dirais aussi d’être humble par rapport à ce qu’on dit aux gens qu’on lit, si on se rend là. Il faut être conscient qu’on a tout de même une responsabilité et que ça doit rester agréable et sain » affirme la witch.

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Sur ce, je m’en vais réfléchir au sens de la Queen of wands et de la Roue de fortune dans mon tirage.