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On a besoin de vous en politique!

Faire émerger les meilleures idées pour notre société.       

Par
Catherine Fournier
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Il y a quelques semaines, j’ai lancé un sondage sur Instagram, curieuse de savoir si mes abonnés envisageaient se présenter en politique un jour. Bon, vous me direz que les gens qui me suivent ont a priori un intérêt pour la politique et vous n’aurez pas tort, mais j’ai néanmoins trouvé le résultat révélateur : pas moins de 549 personnes (sur quelque 700 répondants) ont indiqué considérer faire le saut. Considérant le bassin démographique de mes abonnés (composé à 80% de jeunes entre 18 et 44 ans), je ne peux pas m’empêcher de penser que cela est de très bon augure pour la relève en politique! Et on a justement bien besoin de cette relève. Jetons un petit coup d’œil à la situation actuelle.

J’avais relevé certaines statistiques intéressantes dans mon premier livre, L’audace d’agir (Somme toute, 2017), un appel à l’engagement politique des jeunes, dans le but de mesurer l’état des lieux. Ainsi, selon le baromètre de la firme Léger publié dans Le Code Québec, les politiciens se retrouvent au dernier rang de la confiance parmi 50 professions et métiers testés. 73% de la population considère toujours la corruption comme étant un «grand» ou «très grand risque» pour le Québec (CIRANO, 2017). 83% de la population québécoise souhaite être davantage consultée dans la prise de décisions politiques (CIRANO, 2017). Finalement, en se fiant sur des études menées un peu partout dans le monde, les milléniaux ne seraient que 30% à considérer la gouvernance démocratique comme une valeur sacrée (La Presse, 2017). Bref, la classe politique a beaucoup de pain sur la planche pour rétablir la confiance de la population! Pour y arriver, il faut que s’y investissent des personnes qui ont cet enjeu fondamental à cœur. Oui, vous me voyez venir : on a besoin de vous!

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Et je ne parle même pas encore de diversité. À ce chapitre, laissons plutôt parler les chiffres.

Je rappelle au passage que notre démocratie en est censée être une représentative.

Doutez-vous encore d’à quel point on a besoin de vous en politique?

la diversité est à la source d’une plus grande créativité et cela ne peut qu’être bénéfique pour l’ensemble de la société.

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Vous avez un profil différent de l’avocat-type homme blanc de 55 ans? Une expérience qui sort du lot? Tant mieux! Vous êtes passionné-e, avez soif d’apprendre, aimez les gens et le contact humain en général? Vous êtes davantage fait pour la politique que ce que vous croyez sans doute. En politique, j’aime souligner que l’âge n’est pas garant de l’expérience et que l’expérience n’est pas garante de la compétence.

Qui plus est, la diversité est à la source d’une plus grande créativité et cela ne peut qu’être bénéfique pour l’ensemble de la société. Je vous donne un exemple. Mettez, justement, notre profil-type d’avocat homme blanc de 55 ans dans un groupe de dizaines d’autres avocats hommes blancs de 55 ans. Il y a bien des chances que ces individus aient une expérience de vie similaire, qui les amènera à réfléchir à des solutions semblables à des problèmes donnés. Ajoutez maintenant parmi eux des gens aux parcours différents, d’âges diversifiés, d’origines mélangées. Les solutions envisagées risquent alors de se multiplier. C’est de ce foisonnement que pourront émerger les meilleures idées pour notre société.

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P.S. Je n’ai rien contre les avocats hommes blancs de 55 ans! Il en faut aussi… mais pas *juste* eux! ;-)

Bon, je sais que tout n’est pas si simple et qu’un paquet de facteurs peuvent pencher dans la balance quand vient le temps de réfléchir à l’option de se présenter en politique. J’ai moi-même eu à réaliser cet exercice à plusieurs reprises.

Voyons quelques questions à se poser, en rafale :

  • Dans quel rôle serai-je le plus utile à la cause et/ou aux idées que je défends, en ce moment?
  • Est-ce que j’ai profondément envie de jouer ce rôle?
  • Quelles sont mes motivations intrinsèques et extrinsèques à me lancer en politique?
  • Quelle(s) cause(s) souhaité-je porter en politique?
  • Quelle différence cherché-je à faire dans la vie des gens?
  • Ai-je profondément envie de me consacrer à la vie politique pendant quelques années, avec les sacrifices que cela implique?
  • Mon entourage me soutiendra-t-il dans cette décision?
  • Suis-je prêt-e à recevoir des critiques?
  • Etc.
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Pour être totalement transparente avec vous, voici les principaux +/- que je suis parvenue à identifier, avec les années :

Pour en revenir au sondage que j’ai lancé sur Instagram, l’enjeu de la conciliation politique-vie personnelle est, de loin, celui qui a été identifié le plus souvent comme étant un facteur repoussoir à l’engagement politique. Et pour cause. Il est vrai que nous avons été habitués à un style de politique où l’élu-e est réputé-e travailler 7 jours sur 7, 12 heures par jour, notamment pour ne jamais rater une occasion de serrer la main d’un électeur (ah, la douce époque pré-COVID!). J’avoue moi-même avoir déjà voulu jouer à ce jeu à mes débuts. C’est différent maintenant. Les années m’ont fait prendre conscience de l’importance de valoriser l’équilibre en politique et je suis de plus en plus convaincue qu’il faut promouvoir des façons de faire différentes : plus humaines, plus conciliantes. Bien sûr, la nature des fonctions électives implique nécessairement une disponibilité et un engagement importants – cela ne changera pas – , mais il est possible d’arriver à faire la part des choses et d’apprendre à distinguer l’essentiel du facultatif pour éviter de se perdre dans cette aventure.

Faites-vous confiance. Si vous êtes prêt-e à travailler fort, si vous avez envie de foncer, alors vous allez y arriver.

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Là encore, pour changer les mœurs, il faut des personnes prêtes à relever le défi et à participer à ce changement, à cette évolution politique. Et si vous faisiez partie de ces personnes?

Mon conseil : faites-vous confiance. Si vous êtes prêt-e à travailler fort, si vous avez envie de foncer, alors vous allez y arriver.

Psssst! Pour faire mûrir votre réflexion ou la pousser plus loin, je vous invite à vous inscrire à la formation «Se lancer en politique» que j’ai enregistrée pour les Engagés publics.

VUE DU FOND

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Ces dernières années, vous avez sans doute entendu parler des fameux congés de parentalité des députés de l’Assemblée nationale, congés en théorie toujours inexistants. Mais cela n’est que théorie. Dans la pratique, plusieurs élus-es s’en sont prévalus en s’absentant (avec raison) durant quelques mois suivant l’arrivée de leur nouveau poupon : Geneviève Guilbault, Émilise Lessard-Therrien, Sol Zanetti et Catherine Dorion en sont les exemples les plus récents. Contrairement au palier municipal où l’élu-e perdait automatiquement son siège à la suite de trois absences consécutives au Conseil de ville avant que n’intervienne un changement législatif en 2017 (qui est venu inscrire un congé de parentalité de 18 semaines encadré par le RQAP dans la Loi — enfin, allo la modernité), les députés de l’Assemblée nationale ne sont pas révoqués du fait de leur absence en Chambre. Cela n’empêche pas qu’il est grand temps que ce congé soit officialisé pour ainsi envoyer le message que les jeunes parents sont, eux aussi, les bienvenus en politique.