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Ode à l’été de mes 13 ans

Mon tout dernier été de congé.

Par
Alexandre Cholette
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URBANIA et la CNESST s’unissent pour vous informer sur les nouvelles mesures législatives qui encadrent le travail des jeunes et pour vous rappeler qu’au Québec, l’âge minimum pour travailler est maintenant de 14 ans.

Je me souviens bien de l’été de mes 13 ans. Je me retrouvais seul à la maison pour la première fois. Étant le plus jeune d’une famille de trois, j’avais toujours été habitué à me faire divertir par mes deux grands frères. Ces deux-là étaient d’ailleurs très créatifs dans leurs choix d’activités estivales, mais je ne vais pas vous en dire plus que ça : mon petit doigt me dit que c’était le genre d’activité physique qui aurait pu nuire à ma santé ou à mon développement physique et qui n’aurait certainement pas passé auprès de la CNESST (hihihi).

Mais revenons à nos moutons : cet été-là, c’était la première fois que je devais occuper mon temps seul, mes deux frères s’étant trouvé une job d’été. Le congé d’école me rappelait les heures de solitude que j’allais passer à la maison à relire les mêmes séries de livres fantastiques que les étés d’avant. Une chose est sûre : je les enviais d’avoir un gagne-pain qui occupait leur temps et qui leur permettait de se rendre à la cantine du village pour manger deux roteux-moutarde-chou bien plus souvent que je n’aurais pu me le permettre.

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L’un de mes frères avait même été capable d’économiser assez d’argent pour s’acheter un scooter : le rêve ou quoi? Ce dont je ne me rendais pas compte, c’est que l’été de mes 13 ans s’avérerait le dernier été de congé que j’aurais avant un maudit bon boutte (scoop : près d’une quinzaine d’années plus tard, je confirme ne plus jamais avoir eu plus de deux semaines de congé en été).

Cet été-là a été ponctué de longues balades à vélo, de séances de bronzette, de baignades nombreuses et interminables, de moments de lecture en pleine nature et d’activités avec mes ami.e.s. J’en ai même profité pour suivre mes parents dans le Maine, jusqu’aux abords du grand quai d’Old Orchard : une vacance bien méritée de deux semaines en Winnebago au bord de la mer. Je me surprends maintenant à manquer de temps pour effectuer ces mêmes activités pendant mes courtes vacances ou les week-ends, qui passent toujours un peu trop vite.

Cet été-là, j’ai pris la décision que ce serait mon dernier été à me tourner les pouces, ne réalisant pas à quel point on est bien en vacances. Et j’ai tenu mon pari : l’année suivante, j’ai décroché mon premier emploi. Ayant eu tout un été pour faire de la recherche, j’ai déniché le plus cool des jobs d’été des villages à la ronde : je me suis fait engager dans un zoo. Un emploi idéal, saisonnier, qui me permettait de rester concentré pendant l’année scolaire (un deal que j’avais conclu avec mes parents). J’avais quand même l’ambition de devenir bachelier (oui, Madame).

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Anyway : un jeune de moins de 16 ans a l’obligation de fréquenter le milieu scolaire et, depuis septembre de cette année, il ne peut pas travailler plus de 17 heures par semaine (10 heures maximum du lundi au vendredi) pendant les périodes de classe. Ainsi, il peut maintenir son attention sur ses apprentissages scolaires. C’est en plein ce que ma job au zoo me permettait de faire : un drôle d’adon, vous me direz.

Bien des années ont passé depuis ce fameux été, et je reste nostalgique de cette époque où je rêvais à la vie des grands. Je chéris encore ces nombreux étés au zoo, qui m’ont appris à me découvrir comme jeune adulte, qui m’ont fait rencontrer des personnes extraordinaires et qui m’ont permis de mettre suffisamment d’argent de côté pour me rendre dans la grande ville afin d’obtenir ce petit bout de papier tant désiré qui me serait délivré par une université.

Mais si je pouvais aller passer un après-midi en campagne avec le jeune Alex, je l’emmènerais faire une longue ride de char pour lui jaser un peu. Je lui dirais qu’il ne le sait pas encore, mais qu’il va apprendre à apprécier les moments plus lents et même les moments en solo. J’essaierais de lui faire comprendre que c’est un privilège de se poser, de regarder le temps passer, et que ce privilège, on ne peut pas se l’accorder si souvent. Je voudrais lui rappeler qu’il a toute une vie devant lui et qu’il aura la chance d’essayer tout plein d’affaires dans sa vie de pro, qu’il n’a pas à se presser.

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Je lui demanderais surtout de profiter de l’été de ses 13 ans, parce que c’est une époque éphémère dont il se surprendra plus tard à s’ennuyer, de temps en temps.

*****

Les milieux de travail ont de nouvelles obligations concernant le travail des jeunes. Tous ceux et celles qui ont l’obligation d’aller à l’école doivent avoir un horaire de travail d’au plus 17 heures par semaine, dont 10 heures maximum du lundi au vendredi. L’employeur d’un établissement qui a l’obligation de déterminer et, le cas échéant, d’analyser les risques en matière de santé et de sécurité du travail doit dorénavant inclure ceux pouvant affecter particulièrement la santé et la sécurité des travailleurs de 16 ans ou moins.


Pour en savoir plus, consultez la page
Travail des jeunes.

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