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En janvier dernier, le New York Times plaçait La Nouvelle-Orléans, aka New Orleans, aka The Big Easy, aka The Crescent City, aka Nawlins, aka Nola, en 1re position de son palmarès des villes à visiter en 2018. Chez URBANIA, on est une petite gang à avoir déjà succombé au charme de cette ville magique, mais personne n’était plus qualifié que notre collaboratrice Gabrielle Lisa Collard, pour exprimer tout l’amour qu’on ressent systématiquement pour Nola, une fois qu’on a les deux pieds dedans. Voici donc une ode passionnée, une «long-ass» énumération de tout ce qui rend New Orleans aussi fantastique.
La première fois que j’ai visité New Orleans, j’avais 23 ans. À la seconde où j’ai passé la porte de l’avion, j’ai été frappée par la texture de l’air. Son odeur humide. Je l’ai aimée tout de suite. Par la fenêtre du taxi, une autoroute plate longeait les marécages, le soleil tapait fort. Éventuellement, on roulait au bord du lac Pontchartrain. Un peu plus loin, les maisons marquées d’une ligne d’eau avec des signes incompréhensibles spray paintés sur les portes. C’était un peu plus de deux ans après Katrina.
Cette fois-là, j’ai appris de New Orleans que quand tu penses avoir atterri au milieu d’un énorme festival, c’est juste un jeudi soir sur Bourbon Street. Mon séjour de deux semaines est un ramassis flou de po-boys d’un pied de long, de café médiocre, de musiciens de rue qui sentent le swing et de boutiques de souvenirs laids qui jouent du zydeco. Dans les rues étroites du French Quarter, au son des sabots des chevaux de calèche, du jazz qui fusait de partout et des beuglements qui sortaient des bars karaoké, j’ai admiré des antiquités centenaires drenchées d’or en enjambant les montagnes de glace et de carcasses d’écrevisses pitchées direct à terre par la porte arrière des restaurants.
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J’ai vu trois policiers danser avec un enfant et sa grand-mère sur une chanson jouée par six punks avec un orchestre complet – dont un piano droit monté sur une grosse planche à roulettes – au beau milieu de la rue. Un lundi midi. J’ai vécu un orage qui a inondé la cour intérieure en dix minutes, chaque goutte de pluie grosse comme ma face, et marché vers l’épicerie pendant que les rues étaient vides, entre deux ondées, dans l’air tellement chaud et épais qu’on aurait dit de la soupe.
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J’ai contemplé le Mississippi, beaucoup moins bucolique que prévu, avec ses usines et son bateau à vapeur qui crie forever dans le port avant d’enfin sacrer son camp le ventre rempli de touristes.
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J’ai écrit quelque chose de quétaine, un soir, émue à Jackson Square, au sujet des murs de pierre qui suent et des bananiers qui défoncent le béton des trottoirs. J’ai passé le soir de l’Halloween à errer sans but sur Frenchmen Street, avec un déguisement botché, entourée de milliers d’adultes qui festoyaient dans le plus gros party à ciel ouvert que j’avais jamais vu. J’ai dû virer dix brosses aux Hurricanes en sloche, pris pour emporter dans les magasins de jus boozés à 5 $ le deux litres.
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La seconde fois, je suis restée 4 jours, j’ai mangé des beignets et mon amie rousse a pogné deux coups de soleil bien ronds sur les boules, sa petite peau fragile pas encore remise de l’hiver. J’ai fait une crise de panique dans un bar. J’ai pris un million de photos.
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La troisième fois, c’était l’automne dernier. Presque dix ans jour pour jour après ma première visite, j’ai revu le Quarter, les balcons, les fougères, les lanternes comme des bijoux. J’ai regardé ma belle-mère belge slalomer joyeusement entre les flaques de vomi, les fêtards et les coquerelles, à mille degrés à l’ombre.
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On a visité un musée et mangé un steak sur une terrasse, le soir, quand la chaleur était tombée, en écoutant le bruit des touristes titubants rebondir sur les murs de Pirate Alley. On a exploré le Garden District, avec ses arbres impossibles et ses maisons immenses qu’on observe comme si on était au zoo, et on s’est fait chasser de la ville par la menace d’une tempête tropicale qui s’est avérée moins pire que prévu. C’était parfait.
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La prochaine fois que je visiterai New Orleans, j’aimerais ça rester plus longtemps. Écrire un livre prétentieux sur elle, comme toute bonne trentenaire blanche dans un endroit exotique, et parler longtemps de son parfait mélange de beau et de dégueu qui existe nulle part ailleurs. Perdre énormément d’après-midis à foirer, recommencer à boire, trouver une épicerie qui a du bon sens. Me faire des amis, apprendre à connaître de nouveaux quartiers, fermer mes volets à l’arrivée d’un ouragan.
Peut-être rester pour toujours, je sais pas.