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Ode à dimanche
Je viens de revenir à Montréal, et je retombe en amour comme chaque fois que je joue au hockey dehors ou que je croise une ex-copine. Tout est beau. Le soleil, le froid, le trafic. C’est fou comment lorsqu’on n’a plus quelque chose, on l’apprécie plus. L’être humain est drôlement fait.
Je me suis ennuyé de dimanche. Un vrai dimanche, comme je les aime. Dimanche, je suis persuadé qu’en une langue étrangère, ça veut dire « coton ouaté ». Dimanche, je me lève sans cadran, ce qui est probablement la chose la plus près du bonheur ultime. Je me vêtis que de ouaté de la tête au pied. J’embarque dans ma voiture et je vais chez mes parents. Dimanche est fait pour manger de la nourriture de sa mère. Dimanche, où que tu sois dans le monde, il y a quelque chose qui rappelle le chalet. Tous les jours passés dans un chalet sont dimanche.
Dimanche, même en juillet, c’est l’automne. Tu passes du latté au vin rouge, et c’est parfait comme ça. Tu prends du dessert sans culpabilité. Tu lis un Archie et tu ris.
Dimanche, c’est plus qu’une journée de la semaine, c’est un état d’esprit. Si je n’ai rien un mercredi, je le transforme en dimanche. Je lis, j’écris, je mange, je dors, dans l’ordre qui me plait. Je fais tout sauf stresser.
Si le samedi, je suis rempli de plaques d’eczéma, elles disparaissent dans la nuit se cacher dans mon agenda à la case du lundi où, dès le réveil, elles reviennent sur ma peau comme des vieilles amies énervantes.
Je viens de terminer un gros contrat, et plein d’autres m’attendent impatiemment, mais pour l’instant, je suis dimanche.
Dimanche, même en juillet, c’est l’automne. Tu passes du latté au vin rouge, et c’est parfait comme ça. Tu prends du dessert sans culpabilité. Tu lis un Archie et tu ris.
Je prends le temps d’écouter de vieux podcasts qui trainent depuis des mois dans ma liste d’attente. Je fais la vaisselle en sifflotant. Malgré l’odeur qui s’en émanait la veille, soudainement, je me plais à la rincer. J’enchaine les brassées de lavage les unes à la suite des autres, au même rythme que mes tasses de thé. Du lundi au samedi, ça peut me prendre jusqu’à une heure choisir quoi écouter sur Netflix. Le dimanche, on dirait que Netflix sait que je vais juste écouter des Friends en repeat, c’est pourquoi il le met en premier.
Je plie mon linge, vide mon lave-vaisselle, fais le plein de ma voiture, déneige la voiture du voisin, mange de la soupe, prends une marche, écoute La soirée est (encore) jeune, bois du vin rouge, écoute Tout le monde en parle avec mon père, discute des sujets dans les pauses, enlève mes pantoufles en phentex et dors dans ma chambre d’adolescent chez mes parents, prêt à attaquer lundi qui arrive comme un intimidateur avec sa gang mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi.
Dimanche, c’est Dumbledore, c’est la grand-mère de Pocahontas, c’est Rafiki, le vieux singe dans le Roi Lion, c’est un vieux sage qui te console, te calme, te conseille, te ramène à la source, au réel, au nécessaire, au vital, le futile n’existe plus dimanche. Tout est plus simple, plus court. La journée est plus courte, mais le temps semble moins pressé. Même les minutes sont dimanche.
On aime le samedi parce qu’il nous mène à dimanche.
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