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Occupation Double, je casse

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2003. Première diffusion d’Occupation Double. Dans la maison des gars, le beau Éric, Mikaël le policier et Pierre, dont personne ne se souvient. Dans la maison des filles, la folle à Bérangère, la possessive Natasha et Marielle, qui a l’air sortie tout droit d’une émission de Dynastie.

Dès le premier moment sur le tapis rouge, dès les premiers mots d’Éric Salvail au micro, les premières robes à paillettes et les premières cravates blanches portées avec des chemises noires, c’est le coup de foudre.
Comme un rush d’héroïne, direct en plein cœur.
Au fil des semaines, je deviens complètement accroc. J’en parle à table, en classe, dans l’autobus avec des inconnus. J’y pense en me levant le matin et avant de me coucher. Je me réunis le week-end avec mes amies pour écouter les épisodes en faisant des tresses et en mettant du cutex.
Je prends un vilain plaisir à dire que les faux seins des filles ont l’air faux, je dénonce le port du collier en coquillage. Je bitche, je ris, je crie, je braille, je voyage, j’aime, je déteste. Le jour de l’élimination, j’ai les mains moites, le cœur qui palpite, le ventre noué.
C’est l’amour, comme un printemps.
J’ai 19 ans.
***
Occupation Doubl
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Au cours des six dernières années, je crois bien n’avoir jamais manqué un épisode de la plus populaire des télés-réalité. J’ai été d’une assiduité remarquable. Une vraie religion.
Mais, aujourd’hui, après six ans de relation stable avec mon reality show préféré, je tire ma révérence.
Je casse.
Au fil des saisons, j’avais senti une baisse de passion et d’excitation, mais là, c’est vraiment la fin.
J’ai beau me forcer, l’écouter avec mes meilleures amies, me mettre du cutex rose, mauve, jaune sur les orteils, ça ne marche plus.
Ça ne lève plus. Comme un mari qui ne bande plus devant sa femme après trop d’années de mariage. La conjointe en question aurait beau s’attacher au lit avec des menottes, acheter des déshabillés en léopard à la Senza à 100 piastres ou se déguiser en secrétaire-infirmière-collégienne, ça veut juste plus.
Je ne ressens absolument rien.
Même pas un petit pincement de cœur ou un petit dressement de poil.
Je trouve que les fausses boules ont l’air vraies, que les colliers en coquillage sont beaux. Les rebondissements ne me font plus rebondir. Les voyages ne me font plus voyager. Le jour de l’élimination, j’ai les mains sèches et un battement de cœur régulier.
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La production aurait beau éliminer tous les gars et toutes les filles d’un même coup, ça ne me ferait plus rien.
J’ai tout vu, tout vécu.
J’ai 25 ans.
***
Occupation Double
C’est comme fou la télé-réalité porte bien son nom.