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Occupation double et féminisme : ode à Camille la séductrice
Elle aime ses fesses. Elle les a d’ailleurs montrées sur le tapis rouge pour convaincre les gars de l’embarquer dans l’aventure. Ça choque. Même que les monteurs de l’émission se sont assurés de mettre la réaction d ’une candidate outrée par cette audacieuse exhibition dans les « teasers » de l’épisode. Réaction finalement liée à un tout autre évènement… Mais le message envoyé était clair : une femme qui affirme aimer son corps et qui en joue pour séduire, c’est un peu dégoutant, non?
Occupation double est un jeu rempli de préjugés et de stratégies. J’adore ça. Historiquement, on a eu droit à plusieurs candidats masculins affichant leur volonté de gagner. D’user de manipulation pour devenir propriétaire d’une maison, d’un char et d’une passe de gym à vie. Plusieurs sont là pour la gloire, bien plus que pour laisser leur cœur s’emballer pour une future influenceuse.
Ça fait partie de la game, disent-ils. Et on ne leur en veut pas, c’est le concept. Bon, ils finissent généralement par se faire rattraper par leurs émotions et devenir vulnérables devant l’Amour avec un grand A, mais au début, ils ne sont pas là pour ça. On l’accepte.
Par contre, on a vu moins de femmes s’afficher aussi transparentes dans leurs intentions. Est-ce parce qu’elles sont davantage là pour se trouver un partenaire ou parce qu’il est moins permis à une femme de s’afficher en quête de pouvoir? Dur à dire…
Puis, est arrivée Camille.
Dès le Jour 1, la gestionnaire en informatique est parfaitement à l’aise de se montrer stratégique. Elle avoue à la caméra qu’elle sait utiliser ses charmes pour envoûter n’importe quel gars.
Dès le Jour 1, la gestionnaire en informatique est parfaitement à l’aise de se montrer stratégique. Elle avoue à la caméra qu’elle sait utiliser ses charmes pour envoûter n’importe quel gars; qu’elle sort « Camille la séductrice qui fait semblant d’être contente d’être là » même si elle se torche pas mal de celui avec qui elle est en tête-à-tête; qu’elle va essayer d’en frencher un autre pour se venger si ça se passe mal; et que si celui-là lui résiste, ben qu’elle n’aura qu’à l’éliminer!
Elle confie ses intentions sans filtre et jamais ne se montre honteuse ou même gênée-cute (la méthode « Mathieu qui niaise Trudy »). Elle sourit, elle assume. Elle se réjouit de jouer!
« Je vais devoir séduire les autres gars. C’est correct, je suis bonne là-dedans. »
« J’ai hâte que les nouveaux se pitchent sur nous, ça va être nice. »
« Je suis sure qu’avec mon charme, je vais réussir à le faire lever. »
Sa confiance en elle a de quoi déstabiliser, parce qu’elle la verbalise. Elle va à l’encontre de l’humilité à laquelle on confine culturellement les femmes. Et ça me fascine.
Cette année, c’est Camille que je regarde avancer avec admiration, pour être franche. Elle dynamite le cliché de la participante éprise, de l’amoureuse ingénue et soumise. Elle veut les candidats à ses pieds et ne s’en cache pas. Elle ose incarner la séductrice, malgré les risques de slut-shaming (on en a vu, des cas, dans les années passées), de perte de votes venant de personnes qui croient que les femmes ne devraient pas user de leurs charmes pour manipuler, même dans un jeu télévisé. Ou malgré le simple risque de troubler en incarnant un rôle qui n’est pas celui qu’elle doit tenir.
Elle dynamite le cliché de la participante éprise, de l’amoureuse ingénue et soumise. Elle veut les candidats à ses pieds et ne s’en cache pas.
Je cite ici Charlotte Belaich, du journal Libération, qui s’est penchée sur la drague à la française, que certains craignent de voir disparaître dans la foulée des mouvements féministes : « Français, nous serions, historiquement, des séducteurs. Français, au masculin. Car dans cette conception de la séduction, la femme est là uniquement pour consentir. L’homme propose, elle dispose. »
Camille n’est pas là que pour consentir. Elle est là pour plaire et gagner. Et tout ça dans la légèreté de la femme certaine de ses moyens. Son offre est délicieusement différente, décomplexée.
Cette autoaffirmation fait du bien, à travers le lot de comportements machos de l’autre maison.
Mon vote à elle.
(Mon vote aux filles, en général.)