Logo

Occupation Double : Est-ce que nos téléréalités d’amour sont devenues trop prévisibles?

Au programme pour les 4 prochaines semaines : Vincent et Lara se collent sur le divan

Par
Lucie Piqueur
Publicité

20 ans après ses débuts blainvillois, quelques scandales plus tard et des milliers de commentaires passionnés sur le forum du Domaine Bleu, Occupation Double semble enfin arriver à un point où l’intérêt du public est en chute libre. Avec plusieurs candidat.e.s qui portaient encore des couches lors de sa première édition, on pouvait s’attendre à ce qu’éventuellement, ils et elles finissent tous.tes par s’accorder sur la stratégie la plus efficace pour gagner : se jeter dans les bras de quelqu’un le plus tôt possible et s’y coller jusqu’à la fin, coûte que coûte.

Et maintenant, est-ce qu’on est condamné.e.s à voir éternellement la même histoire chaque année?

Un retour de balancier avec la saison précédente

On s’en souvient, l’an passé, le climat toxique dans la maison des gars et l’élimination stratégique de Clémence pour provoquer le départ du mal-aimé Jonathan, avaient déclenché une tempête de colère sur les réseaux sociaux, poussant la majorité des commanditaires à se dissocier du show. Plusieurs candidats ont été évincés, et on est même allé jusqu’à les flouter au montage lors de leurs apparitions restantes. On comprend donc la production d’avoir pris trois pas de recul cette année, question de garder l’ambiance bon enfant et, surtout, les commanditaires satisfaits.

Publicité

Même chose du côté des candidat.e.s. Il n’y a qu’à voir les délibérations des gars où personne n’ose placer un mot plus haut que l’autre. Ou Anthony qui lâche entre les dents à Rebecca, dans un moment de panique alors qu’elle laisse entendre à tout le monde qu’il y aurait pu y avoir de quoi entre elle et lui dans le dos de Marie-Andrée : « La seule chose que ça peut changer, c’est pas notre amitié, c’est notre image. C’était ma plus grande peur en venant ici. » Ça résume un peu le mood.

Personne ne se laisse aller à flirter parce que tout le monde sait qu’il et elle a une image à préserver.

Et puis, le public québécois n’a de tendresse que pour les coups de foudre parfaits, absolus, et immuables jusqu’à la finale (après, who cares?).

Est-ce qu’on veut voir les gens souffrir, avoir le cœur brisé, pleurer, se sentir rejetés? Ben non, c’est pas ça que je dis. Mais dans « téléréalité », il y a « réalité ». Et la réalité de l’amour, c’est pas de se dire « je t’aime » pour les caméras après s’être connus pendant 72 heures. C’est de douter, souffrir, faire des erreurs et tomber en amour malgré nos faiblesses.

Les coups de foudre, ça existe. Mais à chaque estie de saison…?

C’est le jeu et c’est la seule façon de gagner. Il faut se matcher rapidement et sans hésiter si on veut gagner un « condo SKYBLÜ Cité Mirabel offert par Investissement Ray Junior ». En 2022, Jimmy et Claudia ont parfaitement joué leurs cartes. Ils ont patiemment fait semblant de s’aimer pendant 8 semaines, et ça a fonctionné. Même si le courant passait vraiment entre Anthony et Rebecca, c’était trop tard. Impossible de switcher s’ils espèrent moindrement gagner. On est pognés à voir Anthony & Marie-Andrée, et Rebecca & Math P. surfer sur leurs vagues connections.

Si tout le monde embarque dans la tendance, on fait quoi? On regarde des beaux jeunes en maillot se frencher sans passion pendant 2 mois au soleil?

Comme dirait Simon, « ça fait un peu scénario de porn. »

Publicité

Est-ce qu’il y aurait moyen de renouveler un peu la formule? Par exemple, de faire des maisons mixtes dès le début pour que tout le monde ait une réelle chance de faire connaissance? Recruter des candidat.e.s qui ressemblent plus à monsieur et madame tout le monde? Introduire le polyamour aux Québécois.e.s? Des candidat.e.s queer, histoire de brasser un peu les cartes?

La réalité, c’est qu’on aime la téléréalité pour son aspect régressif.

Et ça, c’est pas mal l’opposé du progrès qu’on souhaite voir dans la société. Mais si la téléréalité prend son temps pour rattraper la société, et recycle année après année le même scénario de film Hallmark, même Hugo Dumas finira par arrêter de l’écouter.

Malgré tout, la mort d’un tel mastodonte de la télévision québécoise, j’avoue que quand ça arrivera, ça me fera un petit pincement au cœur.