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C’était dans l’air samedi soir. Sur un fond de fin de canicule et de congestions routières, Montréal puisait dans ses réserves pour acclamer la venue d’un nouveau sauveur vêtu de bleu et de noir.
« Di-dier Drog-Ba » qu’ils scandaient en cœur au Stade Saputo avant même le premier coup de sifflet, la grogne était même perceptible jusqu’à l’entrée principale, à l’ombre d’un Stade olympique illuminé de blanc et de bleu pour l’occasion. Rien de trop beau pour l’éléphant ivoirien.
Il s’est fait attendre jusqu’à la 60e minute du match, mais le 12e homme de l’Impact avait encore du souffle à revendre, surtout qu’il comptait sur une délégation bien spéciale afin d’accueillir le nouveau numéro 11 de l’attaque montréalaise.
En effet, les Ultras avaient de la compagnie pour le match alors que des dizaines de partisans africains arboraient le maillot orange de la Cote d’Ivoire natale de Drogba dans les sections 131, avoisinante au repère des plus sonores supporters de l’IMFC. En écho aux chants des Ultras, des tambours africains et des refrains peu habituels au Stade résonnaient en attendant le grand Didier.
Un 12e homme ouvert sur le monde, festif, heureux d’être témoin de cette grande première.
Un père, derrière moi, tentait d’expliquer à son fils l’importance de Drogba sur le terrain. Un mélange d’incrédulité et d’incompréhension habitait le jeune, mais le sourire sur son visage ne démordait pas.
Le cœur était à la fête et à la tolérance.
C’est d’ailleurs l’histoire du match – une grande fête rassembleuse. La délégation africaine partageait l’espace des Ultras et le Stade vibrait à l’unisson. C’était beau, on a oublié le temps d’une soirée que Montréal est surtout hockey avec de fortes teintes de bleu, de blanc et de rouge. Même Denis Coderre, habituellement coiffé d’une casquette des Expos lorsqu’il s’approche du Stade olympique, est venu saluer le grand Drogba. Il ne portait peut-être pas le bleu et le noir, mais il ne portait pas d’autres couleurs non plus.
Samedi, Montréal était Drogba. Montréal était soccer. Montréal était Afrique.
Montréal était pas mal belle.
L’histoire ne dit pas si Montréal sera Drogba encore bien longtemps. Peut-être que l’effet s’estompera si l’Impact ne retrouve pas le chemin de la victoire rapidement. Mais pour l’instant, Drogba est au centre d’une renaissance du soccer à Montréal et ses compatriotes africains au sein de l’équipe, Ambroise Oyongo et Dominic Oduro, ont déjà avoué planifier des célébrations spéciales pour le premier but de l’éléphant ivoirien dans l’uniforme bleu et noir. Souhaitons que cette fiesta africaine se fasse à Montréal, dans notre stade, et en français pour fêter la nouvelle alliance entre les Ultras et la communauté africaine de notre métropole.
Malheureusement, l’Impact a perdu le match 1-0. On ne peut pas tout avoir. On se revoit le 5 septembre, Didier !