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Notre obsession de la nostalgie culmine dans la troisième saison de Stranger Things

Au fait, pourquoi sommes-nous aussi obsédés par les années 80-90?

Par
Mali Navia
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Êtes-vous fans de la série Stranger Things? Moi oui, mais pas autant que plusieurs. J’ai même attendu quelques semaines avant d’entamer la troisième saison, une attente que je ne me suis pas fait subir pour Big Little Lies 2 par contre.

Je ne suis pas 100% vendue au phénomène, mais je suis capable de voir à quel point c’est brillant.

L’histoire de base est fascinante. Une créature venue d’un monde à l’envers, de jeunes geeks qui vivent leur vie comme une partie de Donjons et Dragons, une petite fille avec des super-pouvoirs, etc. Le tout placé dans les années 80, une période idéale pour permettre aux réalisateurs de faire revivre l’esthétique de leur enfance. Le résultat est bon, on embarque vite.

Les limites de « l’effet nostalgie »

La nostalgie et les références pop aux grands films de cette époque ont largement contribué au succès de la série. Mais est-ce que ça s’essouffle? Tout est un peu caricatural depuis le début, mais le ton est cohérent donc ça fonctionne. Lors de la première saison, tout était frais. C’était amusant de repérer les références, de revoir des objets oubliés de notre enfance et surtout de se rappeler de quoi le monde avait l’air sans internet.

Alors qu’à la base, la nostalgie nourrissait l’histoire, la troisième saison nous donne l’impression que c’est maintenant l’inverse : l’histoire est accessoire.

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Cela dit, je trouve la troisième saison un peu trop léchée par rapport aux autres, comme si la nostalgie était trop assumée. Un brin, c’est bien beau, mais là avec la multiplication de plans du centre d’achats 80’s, je pense qu’on a compris. C’est peut-être aussi parce qu’au Québec, « chiller dans un centre d’achats » ça ne faisait pas tant partie de nos habitudes. Du moins, pas au point de créer une référence populaire comme dans le reste du Canada (si on se fie au mémorable clip de Robin Sparkle).

Là où j’ai levé les yeux au ciel, c’est le moment où Max amène Eleven magasiner au centre d’achats pour la première fois. La séance d’habillage, les styles 80’s un peu trop bien exécutés (faut croire qu’à Hawkins, tout le monde avait les moyens d’être une carte de mode) et la fameuse séance d’exercices où les femmes très minces reproduisent un clip fitness de Jane Fonda ont contribué à ce que la goutte fasse déborder le vase.

Alors qu’à la base, la nostalgie nourrissait l’histoire, la troisième saison nous donne l’impression que c’est maintenant l’inverse : l’histoire est accessoire. Elle avance entre une multitude de scènes esthétiquement réussies, mais qui n’amènent pas toujours quelque chose à la trame narrative. De plus, un bon nombre de critiques et de fins observateurs ont fait remarquer que cette nostalgie sert aussi à faire de nombreux placements de produits vintage.

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L’obsession des années 80-90

Pourquoi sommes-nous aussi contents lorsque quelque chose d’actuel fait référence à notre adolescence ou à notre enfance dans les années 80-90? On le voit partout sur internet avec les articles à la Buzzfeed qui nous ramènent dans le temps ou des compilations de sons révolus, mais jamais oubliés.

Cette ouverture tout à fait GÉNIALE de la série Portlandia intitulée « The Dream of the 90’s is alive in Portland » me fait croire que c’est peut-être juste une question de mode qui revient tous les 20 ans. On le voit dans la musique, dans la mode vestimentaire, etc. Pour ceux qui ont entre 25 et 40 ans, c’est peut-être la première fois que le cycle est aussi évident.

Nous, enfants des années 80-90, on n’a que nos souvenirs, nos albums de finissant, des articles Buzzfeed avec des photos pixélisées et des épisodes de Stranger Things pour se rappeler de quoi avait l’air notre glorieuse époque.

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Mon autre théorie est que ça a peut-être quelque chose à voir avec nos nouvelles façons de cataloguer nos vies. Aujourd’hui, on prend des photos et des vidéos de tout et rien et on a tous une caméra à portée de main pour le faire. Si on veut écouter une chanson, on la met sur YouTube ou Spotify. Plus besoin d’attendre le top 5 de Musique Plus en espérant qu’elle y soit.

Être nostalgique d’une période aussi imagée où l’entertainment était plus difficilement accessible va être pas mal moins facile pour ceux qui ont grandi dans les années 2010. Mais nous, enfants des années 80-90, on n’a que nos souvenirs, nos albums de finissant, des articles Buzzfeed avec des photos pixélisées et des épisodes de Stranger Things pour se rappeler de quoi avait l’air notre glorieuse époque.