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Nos trottoirs font dur parce qu’ils sont conçus pour les voitures
On marche sur les trottoirs sans trop les voir. Mais quand on s’y attarde, on réalise qu’ils font pas mal pitié. On les conçoit trop étroits. On y accumule les obstacles, comme les déchets, les poteaux et les haies mal taillées. L’hiver, on les déneige tout croche. Sans oublier les craques, les nids-de-poule, et les flaques d’eau géantes aux intersections à la moindre pluie.
C’est simple, « le design des trottoirs tel qu’on le connaît n’est pas toujours propice à la marche », affirme Jeanne Robin, porte-parole de Piétons Québec. Pour un aménagement dont c’est la première utilité, c’est pas fort.
À qui le trottoir ?
Le problème, c’est entre autres que les trottoirs sont pensés pour les… voitures. « Il faut cesser de concevoir les trottoirs pour répondre aux besoins des véhicules à moteur », dit Marie-Soleil Cloutier, professeure au Centre Urbanisation, Culture et Société de l’Institut national de la recherche scientifique. Un exemple ? Les abaissements aux entrées de garage : « La pente n’a pas à être aussi abrupte. Si on donnait une inclinaison seulement au pouce du trottoir le plus près de la rue, les automobilistes arriveraient quand même à y monter. » Et ça rendrait un fier service aux personnes à mobilité réduite, pour qui chaque dénivelé est un défi. Sans compter que c’est dans ces creux que la glace s’accumule l’hiver.
Même chose aux intersections, là où la majorité des accidents impliquant les piétons se produisent. Une façon de les rendre plus sécuritaire est de créer des trottoirs traversants, qui traversent carrément la rue. Pour les automobilistes, le message est clair : ce sont eux qui franchissent un espace dévolu aux piétons, et pas le contraire.
Marcher mieux
À quoi ressemble le trottoir parfait, en plus d’être plat sur toute la longueur ? Selon que c’est une artère commerciale ou une rue résidentielle, il peut avoir des bancs, des arbres et de la verdure, des lampadaires. Le trajet des passants peut être rythmé par des façades aux architectures variées ou des installations comme des fontaines. En gros, le trottoir idéal permet une variété d’activités pour des gens qui se déplacent à différentes vitesses (incluant des enfants qui vont à l’école) et être assez large pour que ceux qui font du lèche-vitrine ne bloquent pas les plus pressés. (Comme sur les plans de la nouvelle rue Sainte-Catherine. J’ai hâte !)
Des plus petits changements peuvent aussi avoir un impact. Par exemple, les lignes qui rythment les trottoirs à intervalles réguliers (celles-là mêmes qu’on veut à tout prix éviter quand on est enfant sous peine de terrible danger) sont purement esthétiques.
Des plus petits changements peuvent aussi avoir un impact. Par exemple, les lignes qui rythment les trottoirs à intervalles réguliers (celles-là mêmes qu’on veut à tout prix éviter quand on est enfant sous peine de terrible danger) sont purement esthétiques. « Ces joints sont très désagréables pour les personnes en fauteuil roulant, qui sentent un “toc” dans le bas du dos chaque fois qu’ils roulent dessus », affirme l’ingénieur spécialisé en mobilité Jean-François Bruneau. Il estime qu’il est temps de leur dire adieu.
La preuve n’est plus à faire que marcher est bon pour la santé physique et mentale. À New York, le taux d’obésité et de diabète ainsi que la tension artérielle des habitants d’un quartier ont diminué après le réaménagement des trottoirs. On a donc toutes les raisons du monde de donner plus d’amour à nos trottoirs !