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Noname : le doux ouragan

La rappeuse de Chicago a lancé sur nouvel album « Room 25 ».

Par
Hugo Bastien
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Voilà maintenant deux ans que nous n’avions pas eu de nouvelles de Noname. Pour ceux qui s’en souviennent, la jeune rappeuse a fait énormément parler d’elle en 2016 suivant la sortie de sa première mixtape Telefone. Les fans de la planète hip-hop découvraient pour la première fois cette MC féminine mature et pertinente du haut de ses 24 ans .

Le projet était aussi appuyé d’une production exemplaire, très léchée et jazzy dans la pure tradition de Chicago, poussée par l’autre gentil du rapgame, Chance the Rapper.

Depuis ce succès qui l’avait fait connaître au grand jour, les nouvelles concernant Noname se faisaient plutôt rares. C’est pourquoi j’étais particulièrement excité à l’annonce soudaine d’un nouvel album.

L’attente en aura valu la peine.

À contresens du courant trap des derniers temps, la rappeuse nous offre un album aux sonorités jazz et boom-bap très épurés. Pas de bruit de gun, pas d’explosion, pas d’adlib de monde qui crie « THUGGA ». Juste du rap dans sa forme la plus pure.

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Noname nous avais tout de même habitué à ce genre de son, mais cette fois-ci elle se surpasse. Et bien que les instrus de ce nouveau projet soient moins dans mes goûts que celles de Telefone, la rappeuse se reprend haut la main avec la qualité de son flow et de ses paroles. Parfois rappés, parfois chantés, des fois même parlés, les textes de la MC regorgent de petits bijoux d’écritures.

Encore plus engagée que sur sa première mixtape, elle explore aussi plusieurs thèmes politiques, dont bien évidemment le féminisme, ne manquant pas une occasion d’écorcher les MC masculins au passage.

Elle en profite aussi pour parler plus ouvertement de sa sexualité comme dans cette ligne, une de mes préférées de l’album : « Fucked your rapper homie, now his ass is making better music / My pussy teachin ninth-grade English / My pussy wrote a thesis on colonialism ». À écouter Noname, sa « pussy » en fait pas mal des affaires en effet.

Elle le dit elle-même : « Je dis “pussy” peut-être mille fois sur l’album ».

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Questionnée justement sur le sujet dans une entrevue avec Fader, la rappeuse avoue s’être permis de parler plus ouvertement de sexe dans cet album pour la simple raison qu’elle en a maintenant. Elle explique qu’elle s’empêchait d’en avoir à l’époque, n’ayant pas confiance en elle et ne se trouvant pas assez désirable. Mais après rempli des salles complètes et s’être imposée comme une des meilleures rappeuses de son temps, elle s’est enfin permis un peu d’amour de soi-même.

Elle le dit elle-même : « Je dis “pussy” peut-être mille fois sur l’album ».

Mais n’allez pas penser que cet album en est un sur le sexe. Non, Room 25 est beaucoup plus qu’une simple exploration sur la sexualité. À grand coup de murmures et de paroles douces, Noname arrive malgré tout à ramasser tout le monde sur son passage avec arrogance et justesse. En plein contrôle de sa plume, sa musique et sa personne, elle nous offre une réflexion sur le passage à la vie adulte et la place que l’on se fait nous-mêmes dans cette grande chose que l’on appelle « société ».

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Et disons qu’avec cet opus, Noname s’en est taillée une de choix, parmi les plus grandes et plus grands du hip-hop actuel.

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