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N’importe qui peut lancer un club de lecture (même vous)
URBANIA et Je lis québécois s’unissent pour vous aider à former le club de vos rêves!
La lecture est souvent une activité solitaire. Une activité qu’on pratique dans un parc tranquille sous les rayons du soleil, ou dans son lit, sous la lampe de chevet. Ce n’est pas pour rien que le silence est de mise dans les bibliothèques. Quand on lit, on entre dans l’univers de quelqu’un d’autre : dans sa tête, ses expériences, ses idées, son imaginaire. Et le voyage est généralement plus confortable en solo.
Mais un bon livre va nous suivre même lorsqu’il est bien rangé sur son étagère. Il va susciter des réflexions, refaçonner nos idées préconçues, ou simplement nous attacher à des personnages incroyables.
Les cercles de lecture permettent de rendre l’expérience de la lecture plus engageante, et moins individuelle.
C’est là qu’entrent en jeu les cercles de lecture, des regroupements où les livres servent de moteur à toutes sortes de conversations. On y lance autant de débats d’idées houleux que d’échanges décontract és. Ainsi, ils permettent de rendre l’expérience de la lecture plus engageante, et moins individuelle.
Je sors mes grands mots d’intellectuelle, mais la vérité, c’est que j’essaie de compenser pour le fait que j’ai été complètement nulle avec mes amies quand on a essayé de lancer un club l’été dernier… Qu’est-ce qui s’est passé?
Un cercle comme ça, honnêtement, ça peut être vraiment chill. C’est en tout cas ce qui ressort de mes coups de fil passés cette semaine aux têtes dirigeantes de différents clubs de lecture. Parmi elles, Nelly Desmarais est celle qui a le plus d’expérience. Son groupe, actif depuis 2011, approche la barre des 60 rencontres. « Il y a un aspect festif : on se retrouve entre amis, on prend un verre et on grignote, on jase de tout et de rien, puis des livres que nous avions à lire en prévision de la rencontre. »
« C’est vraiment sans prétention, et on s’amuse énormément. »
Étudiante à la maîtrise en littérature, Nelly voulait explorer une façon d’échanger sur les livres qui serait moins cérébrale que dans le cadre de ses études. « J’avais envie d’un lieu d’échange plus convivial. Un endroit où parler de nos expériences de lecture sous l’angle d’un rapport plus intime et affectif avec les textes. »
Nelly est d’ailleurs catégorique : n’importe qui peut créer son propre cercle, du moment que le goût de lire y est. « C’est vraiment à la portée de tout le monde! »
«Il y a toutes sortes de formules possibles, qui dépendent de nos champs d’intérêt, de nos préférences, de ce qu’on a envie de partager et de découvrir.»
Oui, bon, OK. D’accord. N’importe qui peut former un cercle de lecture. Comme à peu près n’importe qui peut monter un meuble IKEA. Mais ça prend quand même un plan. « Il y a toutes sortes de formules possibles, qui dépendent de nos champs d’intérêt, de nos préférences, de ce qu’on a envie de partager et de découvrir. On peut le faire en famille, entre amis, entre voisins ou collègues de travail, en bibliothèque, etc. », résume Nelly.
Première étape : décider du type de club
À la Lunetterie ORA, dans Villeray, Catherine Pelletier Lauzon cherchait un moyen de garder contact avec ses clients. « Qu’on le veuille ou non, des lunettes, on ne s’en achète qu’une fois par année, voire tous les deux ans. Ce n’est donc pas facile pour moi de voir ma clientèle fréquemment. » C’est ainsi qu’en juin 2019, quelques mois après l’ouverture de sa boutique, son club est né.
Fondatrice du Groupe de lecture des féministes confinées, Charlène Nault raconte pour sa part avoir utilisé son groupe pour parler autant de la représentation des sorcières que de la cancel culture (culture du bannissement), en passant par la grossophobie et la charge mentale. « C’est important pour moi de nourrir mes réflexions sur le féminisme de toute façon. Ça fait partie de ma vie, grandir comme féministe. »
Si votre club à existe juste parce que vous voulez une excuse pour manger des pâtisseries avec votre gang, c’est correct aussi.
À plus petite échelle, Marie, lectrice montréalaise de 27 ans établie dans l’Ouest canadien, a lancé son club en plein confinement l’année dernière. « C’est loin d’être un cercle de lecture super formel », dit-elle d’entrée de jeu. « Ici, le but est plutôt de garder contact avec des ami.e.s éparpillé.e.s aux quatre coins du pays. »
Et si votre club à existe juste parce que vous voulez une excuse pour manger des pâtisseries avec votre gang, c’est correct aussi. Tant que vous suivez les prochaines étapes, vous pourrez vous régaler des gâteries maison de votre amie cuisinière de façon régulière.
Mark Zuckerberg à la rescousse
Facebook, c’est la clé. À tout le moins, c’est l’impression que j’ai en parlant avec mes intervenant.e.s. Qu’on se rencontre en personne ou en ligne, la plateforme aide à planifier les rencontres et à tenir les membres du club au courant de ce qui se passe. On peut facilement y effectuer des sondages pour décider d’un thème à aborder, d’un livre à livre ou la date de la prochaine rencontre. Comme quoi malgré tous ses défauts, dont celui de ne pas être aussi fresh cool yo que TikTok, Facebook a encore son utilité.
Selon Marie, y créer un groupe « aide à ce que tout le travail ne tombe pas sur le leader. Mais il faut assumer que si on part un cercle, au début, il faudra s’occuper d’une partie de l’organisation ».
Même son de cloche du côté de Charlène, dont le groupe compte plus d’une centaine de membres. « Deux personnes m’aident dans le groupe, mais je fais la majeure partie du travail. »
Si l’organisation vous fait peur, pas de panique! Selon mes sources, toute cette paperasse ne prend que de trois à huit heures par séance. Dans un club comme celui de la Lunetterie ORA, où Catherine anime elle-même les discussions et tente d’inviter les auteurs à participer, la préparation est un peu plus longue. Mais en règle générale, elle devrait vous prendre moins de temps que j’en ai mis à rédiger cet article.
Trouver l’équilibre
Pour former un club de lecture, il faut des gens qui aiment… lire des livres. C’est pourquoi il est pertinent de trouver des membres qui non seulement s’intéressent aux mêmes thèmes, mais sont aussi d’avides lecteurs. Pas de lecteurs, pas de club! Et pas de scones au parc pour accompagner le club.
Cela dit, il n’y a pas de raison de forcer la lecture et d’en faire une corvée. « Je pense que le fait qu’il n’y a pratiquement aucune pression de performance contribue à nous donner envie de nous voir, explique Nelly. C’est vraiment sans prétention, et on s’amuse énormément. On n’est pas obligé d’avoir lu les livres pour participer à la rencontre. » Elle avoue d’ailleurs qu’elle est elle-même l’une des lectrices les moins assidues de son propre groupe. « Oups! »
Un bon conseil pour dénicher de jolies pépites : privilégiez des livres québécois!
Pour choisir un livre à lire, il existe toutes sortes de techniques. Celle de Marie m’apparaît assez intéressante : « Lors des premières rencontres, on faisait des suggestions pêle-mêle. Maintenant, on y va par thèmes. On choisit un thème en groupe, les gens m’envoient des suggestions, et on vote. »
De son côté, Catherine sélectionne avec soin des suggestions pour son club en lunetterie, selon les valeurs de son petit commerce. « On essaie de toujours choisir des livres contemporains qui ont un axe assez féministe, assez engagé. Ça permet de susciter des questions intéressantes, qui font réfléchir. C’est non seulement une attention portée à la littérature d’ici, mais aussi une façon de faire réfléchir les gens à des enjeux contemporains. »
Un bon conseil pour dénicher de jolies pépites : privilégiez des livres québécois! Cela vous amènera naturellement à vous poser des questions sur notre société, notre environnement, notre riche histoire et ses enjeux.
Maintenant que vous avez votre club, votre lieu de rencontre et votre livre, ne reste plus qu’à lire. Et, si c’est votre vibe, à allumer le four pour faire cuire quelques biscuits à partager lors de votre prochaine rencontre!
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Vous avez maintenant tout en main pour démarrer votre propre club de lecture. Pour des suggestions de lecture en tout genre, consultez le site Je lis québécois.