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Ne kickez jamais le cul d’une chèvre

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Quand j’étais petit (genre en 2e année), j’habitais sur un rang en campagne. Je ne couchais pas avec mes cousin(e)s et je ne prenais pas mon bain à 18 dans une cuve de métal sale placée dans le milieu du salon… Pire…

J’avais des passe-temps de p’tit gars de campagne comme « tirer de la carabine à plombs sur des tas de marde de vaches » et j’essayais ensuite de retrouver le plomb à l’aide d’un bâton en fouillant dans les excréments. Quand la famille venait nous visiter, je faisais pisser mes cousins de la ville sur la clôture électrique qui servait à garder les bêtes dans leur enclos.

Un jour, mon ami/voisin Max (un grand de 4e) nous a amené, mon frère Sébastien et moi, dans la grange à chèvres d’un voisin pour jouer à un jeu plutôt étrange. Les règlements étaient comme suit : on devait s’infiltrer dans la grange par une fenêtre et kicker le cul (pas trop fort) du plus de chèvres possible.

On comptait le nombre de coups réussis à voix haute (bien entendu) et ça nous donnait des points. On devait ensuite repartir en courant, grimper et aller rejoindre les autres dans le cadrage de la fenêtre avant qu’une chèvre nous rattrape et nous donne une volée!

Après « un indien dans la ville » : DES IDIOTS DANS LA GRANGE !

C’était tellement cave, mais OH combien plaisant !

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Une fois que les chèvres s’étaient calmées, c’était au tour du prochain. Il devait battre ton score, ainsi de suite jusqu’à temps que nos mères sortent sur leur balcon pour hurler :

«Le souper est prêt, v’nez manger les infants !»

Max et mon frère étaient de loin supérieurs à moi avec des scores de 7-8 à chaque run. Ils battaient facilement mon faible score de 3. Ils étaient des genres de ninjas qui faisaient des katas de kickage de rim de cul de biquettes. Des side kicks comme dans les films de karaté. Des Bruce Lee d’anus de bovidés. Moi, ça me faisait de la peine de perdre. Tellement de peine que j’y pensais le soir quand je me couchais : je me faisais des stratégies de comment j’allais imprimer la marque de mes souliers à velcro dans le rectum de chèvres.

Un moment donné, mon frère était parti faire l’épicerie avec ma mère, et mon voisin Max était parti se faire couper les cheveux par sa matante. Elle nous coupait les cheveux dans un sous-sol peint en turquoise et nous donnait des suçons avec une gomme dedans. J’adorais me faire couper les cheveux là parce qu’elle portait des blouses avec un peu de lousse entre les boutons. Quand je regardais dans un certain angle, je pouvais voir un bout de brassière. Pogner une érection en se faisant faire une coupe champignon = La Vie!

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Donc, j’étais entrain de jouer à Castlevania quand mon père est venu me dire son traditionnel :

« Lâche ton nitainedo pis va jouer de dewors !»

Les adultes ont pris un temps fou avant de prononcer Nintendo correctement… Ils disaient Nitainedo… En tout cas…

Je suis sorti dehors avec mon chien, je m’emmerdais jusqu’à temps que le ciel s’ouvre en deux et que la main de Dieu me pointe la grange à chèvres sur le terrain du voisin. C’était le moment où jamais pour m’entraîner en vue de clancher mon frère et Max à la prochaine joute! Direction : la joute de ma vie ! Je marchais d’un pas décidé. Dans ma tête, je me répétais : « Tu vas être le champion du monde mon Jo, on va même mettre une statue de bronze de toi entrain de kicker un cul devant ton école, tu seras l’emblème d’une nation… »

Je suis arrivé à la fenêtre, j’ai grimpé et lancé un regard à mon chien. Un regard comme dans les films, comme le regard de Bruce Willis à Ben Affleck dans Armageddon quand il lui donne sa patch et qu’il lui dit de poursuivre sa vie avec sa fille. Ben moi, j’ai regardé le canin et dans mon regard, il a compris qu’il pouvait terminer ma game de Castlevania.

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Je suis entré dans la grange, j’ai évalué mon tracé et je me suis donné. Une performance touchante ! Un poème de coups de pied. Gracieux! Je kickais TOUTES LES CULS QUE JE POUVAIS ! Un grand ballet. « Le lac des Cygnes » était rendu dans une grange de Saint-Félix. J’ai dû botter au moins 20 fessiers poilus et j’ai couru en direction de la fenêtre quand le fuck a commencé à pogner dans la boîte!

Ce que je n’avais pas calculé, c’était qu’habituellement, j’avais Max et mon frère pour m’aider à grimper à la fenêtre! Là, j’étais seul avec 20 chèvres en tabarnak ! Dont une chèvre de type « Motte » (pas de cornes mais habile pour sauter). C’était la Vin Diesel des chèvres ! LA CHEF de la bande !

Elle m’a coincé dans un coin et m’a smashé le torse sans arrêt pendant 2 minutes. Tu trouves pas ça long 2 minutes ? FUCK OFF !

Tu t’es jamais fait marteler le chest par un crâne de chèvre motte pendant 2 minutes !

Elle m’a fait payer (avec raison) pour tous les coups de pieds qu’on leur avait donné dans la dernière semaine. J’hurlais, je pleurais et mon chien jappait « À l’aide! »

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La porte a claqué et c’était la femme du propriétaire de la ferme. Elle a poussé le douchebag qui me défonçait le sternum et m’a pris dans ses bras… Elle me transportait comme un marié transporte sa femme en rentrant dans la chambre après la noce. Sauf que là, on ne s’en allait pas baiser. Non, elle est venue me porter à mon père…

Tu imagines mon père qui me voit me faire déposer en pleurant sur le balcon de sa maison par une grosse fermière qui lui dit : « Votre morveux se faisait battre par une chèvre dans mon étable. »

C’est clair que ce jour-là, mon père a réalisé que je n’étais pas le plus fort de sa portée…