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Monitrice de camp d’été

Par
Judith Lussier
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À part le fait qu’il soit tenu par des sœurs, le camp Mère Clarac est comme tous les autres camps. On en a quand même profité pour poser des questions à l’une des plus jeunes sœurs du Québec, Sœur Jacinthe Caron, parce qu’une fille dans un habit de nonne, ça a toujours titillé notre curiosité.

Est-ce qu’on peut vous demander vous avez quel âge?
J’ai 32 ans. Je suis sœur de charité de Sainte-Marie depuis que j’ai 20 ans.

Comment êtes-vous devenue sœur?
J’ai commencé à me poser des questions quand j’étais monitrice au camp ici. Travailler dans la joie, sans attendre de salaire en retour, ça m’a beaucoup touchée. J’ai eu une adolescence très normale. J’avais des amis et tout. Mais quand je venais au camp, je me retrouvais vraiment, avec mes forces et mes faiblesses. J’avais pas à me prouver.

Ça vous a pas fait peur de prendre cette décision?
Moi, je préfère essayer et me tromper. Quand on entre en communauté, il n’y a pas de barreaux qui se referment derrière nous. On peut changer d’idée. C’est sûr que j’avais peur de me tromper, parce qu’on aime jamais ça l’échec.

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Étiez-vous pratiquants à la maison?
Pas vraiment. J’ai été baptisée comme tout le monde. Mon père se dit croyant, mais ma mère est plutôt relativiste. Quand j’étais petite, j’allais dans une école tenue par des sœurs, mais elles étaient plus vieilles, on avait moins de contact avec elles. C’est vraiment au camp que ça s’est réveillé.

Avez-vous eu une épiphanie?
Ahaha! Non! C’est pas juste une émotion superficielle ou un sentiment passager. Ça vient te brasser en dedans, c’est vraiment profond.

Ça a été quoi, la réaction, quand vous avez annoncé aux gens que vous alliez devenir sœur?
J’ai des amis qui m’ont appuyée, d’autres qui ont coupé les ponts. Mon père comprenait, mais pour ma mère, ça a été difficile. Aujourd’hui, elle ne comprend toujours pas, mais elle accepte. Elle voit que je suis heureuse.

Qu’est-ce qui vous rend le plus heureuse?
De faire les choses ensemble. L’esprit de fraternité est très fort, dans notre communauté. Ça et les petits moments gratuits.

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Quelles questions les gens vous posent?
Parfois, c’est des questions profondes, sur la foi, sur Dieu ou sur nos motivations. Mais parfois c’est des questions plus superficielles, comme «avez-vous le droit de sortir pour aller magasiner?»

Y allez-vous, magasiner?
Oui, habillées en sœur, bien sûr! On achète des souliers, des choses pour la maison, mais pour les robes, on a une couturière. Y a pas de magasin de sœur!

Ok, en fait, je voulais que vous me disiez que la question qui revenait le plus souvent était «Comment vous faites pour être célibataire…»
C’est sûr que c’est pas la première question qu’on me pose. Faut être assez à l’aise, mais on me la pose.

Est-ce que c’est difficile?
Oui, le célibat est un renoncement. Ce n’est pas donné à tout le monde, mais Dieu n’appelle pas tout le monde à être sœur non plus. Il faut être confortable avec sa décision, parce qu’on reste humaines : on a des yeux et on le voit quand une personne est belle. Mais c’est pareil que pour quelqu’un qui est en couple, et pour nous, la vie de communauté est plus importante. J’assume mon choix.

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Vos consœurs sont pas mal plus vieilles que vous, vous ne les trouvez pas plates?
Non, ce qui rend une personne intéressante n’a rien à voir avec son âge ou avec le fait qu’elle soit sœur. C’est sûr que je n’ai pas choisi avec qui j’habite, mais on apprend à vivre ensemble et on a bien du plaisir.

Découvrez la capsule vidéo sur le camp Mère Clarac et toutes les capsules de la tournée de Judith et Maxime sur l’application iPhone Urbania.