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Le prix des Québécois (région par région)
On se l’est fait dire et répéter : les Québécois n’aiment pas parler d’argent. Mais chez URBANIA, on ne se laisse pas arrêter par les clichés. On a donc osé demander à 900 Québécois* de jaser de cash, question de mettre un prix sur leurs valeurs. Quelle région contient le plus d’habitants prêts à vendre leur mère ? Et à quel montant commencent les négociations ? On a la réponse. Parce que tout le monde a un prix, suffit de savoir lequel.
Au Québec, « Toi ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? » est une façon classique, quoiqu’incroyablement banale, d’entamer une conversation. Mais n’essayez jamais, JAMAIS de poursuivre avec un « Combien tu gagnes ? ». Ce serait vous assurer de jeter un froid si glacial sur l’assistance que même la reine des neiges porterait une petite laine à l’enterrement de votre vie sociale. C’est vrai, le rapport qu’entretiennent les Québécois avec l’argent est un peu trouble. N’empêche, chez URBANIA, on s’est dit que cette relation complexe pouvait être utile pour cartographier nos valeurs à l’échelle de la province. Pour savoir, par exemple, si les Québécois sont humbles, à quel point ils tiennent à leur intégrité physique, ou s’ils ont une éthique flexible.
Alors, quel est votre prix ? Combien ça coûte un paper cut dans Lanaudière ? Les Lavallois sont-ils plus gratteux ou exhibitionnistes ? Est-ce qu’on devra se priver de beaucoup de toasts à l’avocat si on souhaite acheter la mère d’un Saguenéen ?
Pour le découvrir, cet hiver, nous avons lancé un grand sondage panquébécois, dont nous vous dévoilons les résultats dans ces pages.
Avertissement : personne au bureau n’est sondeur, c’est donc avec la rigueur d’un cégépien fort d’un cours de méthodes quantitatives que les résultats ont été analysés. En même temps, aucun sondeur sérieux ne vous demanderait de tarifer vos valeurs en exigeant que vous vous imaginiez en train de vous faire pisser dessus. Prenez ce qui passe.
HUMILITÉ – Flambette au bureau
Combien faudrait-il vous payer pour vous mettre nu.e devant vos collègues de travail ?
Envie de voir vos collègues nus ? En Estrie et dans Lanaudière, 5 000 $ est le montant le plus souvent demandé pour enlever ses vêtements au travail ; une aubaine ! À ce prix, inutile de monter une campagne Indiegogo pour faire tomber pudeur et chemise, passer le chapeau sur l’heure du lunch devrait être suffisant pour enfin savoir de quoi a l’air le pénis du responsable de la dotation.
Les travailleurs de Chaudière-Appalaches sont par ailleurs les plus exhibitionnistes du Québec : 13 % d’entre eux seraient prêts à faire du streaking gratuitement dans la salle de réunion. Dans cet exercice, on suppose bien sûr que l’employé dénudé, tout comme ses collègues spectateurs, sont consentants et enthousiastes à l’idée d’un effeuillage entre deux photocopies. Ça nous paraît évident, mais il semblerait que ça ne le soit pas pour tout le monde, hein, Éric Salvail ?
Soulignons par ailleurs qu’un répondant de Montréal estime que sa nudité dans un cadre corporatif vaut 59 000 000 $. Clairement au-dessus du marché. Il ne reste plus qu’à négocier ça avec les RH.
INTÉGRITÉ PHYSIQUE – Petites coupures
Combien faudrait-il vous payer pour vous faire infliger 10 000 paper cuts ?
Il en coûte 5 000 $ en moyenne pour infliger 10 000 paper cuts à un Abitibien. À seulement 50 sous par coup de feuille, il s’agit du meilleur deal au Québec ! Les Abitibiens sont suivis de près par les gens de la Côte-Nord, qui demandent 2 500 $ de plus. Ceux qui tiennent le plus à leur intégrité physique ? Les Lavallois, et de loin : en moyenne, ils demandent 17 550 000 $ pour la même chose.
FAMILLE – Mère à donner
Combien faudrait-il vous payer pour acheter votre mère ?
Mamans du Québec, vous êtes parfaitement en sécurité si vous provenez de Chaudière-Appalaches, de Mauricie et du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Dans ces régions, personne ne vend sa mère. On s’inquiète toutefois beaucoup pour les familles gaspésiennes. Là-bas, une personne sur trois donnerait sa mère. C’est beau, la Gaspésie, mais c’est terriblement cruel.
HÉDONISME – L’argent doré
Combien faudrait-il vous payer pour vous faire faire un golden shower ? (Note pour les personnes qui ne parlent pas anglais : il s’agit de se faire uriner dessus par un autre être humain. Certains apprécient et on ne juge pas.)
Dans la majorité des régions du Québec, 200 $ est le prix plancher pour recevoir un golden shower. Pas cher, mais pas donné non plus. Il existe toutefois une zone tout indiquée pour les aventuriers de l’urine : l’axe Montréal-Montérégie, où 10 % des répondants accepteraient cette pratique gratuitement. Sur ce même territoire, ceux qui exigent rémunération se prêteraient au jeu à partir de 50 $, un rabais de 75 % par rapport au reste de la province. Et contrairement à une certaine chaîne de lunetteries, nul besoin d’avoir 75 ans pour profiter de la réduction.
AUDACE – Le goût des affaires
Combien faudrait-il vous payer pour suçoter les orteils d’un.e ami.e avec un gros problème de pied d’athlète ?
Si aucune crème ne vient à bout de votre pied d’athlète, mais que vous cherchez tout de même bouche preneuse, réjouissez-vous ! C’est GRATUIT dans le Nord-du-Québec. On ne peut pas prétendre tracer un portrait juste de l’audace des Nord-Québécois.e.s. puisqu’un seul volontaire de la région a bien voulu répondre à nos questions. Sachez toutefois que cette personne accepte de l écher du pied d’athlète pour 0 $, alors que dans le reste de la province, le prix moyen demandé est de 371 927 $. Intéressé.e ? Ne vous reste qu’à retrouver cette personne dans les 840 000 km2 de territoire. Frais de transport en sus.
CONFIANCE – Oublier de se déconnecter à la bibliothèque, puissance 1000
Combien faudrait-il vous payer pour donner les mots de passe de tous vos réseaux sociaux à un.e inconnu.e pendant une journée ?
Laisser un inconnu jouer dans ses réseaux sociaux pendant une journée, voilà l’incarnation même du cauchemar ultime pour les Saguenéens : 70 % d’entre eux n’accepteraient sous aucun prétexte de se départir temporairement de leurs précieux mots de passe. Ils sont suivis de près par le Centre-du-Québec, à 63 %, puis par l’Outaouais à 60 %. Sur la Côte-Nord, personne ne refuserait catégoriquement de donner accès à son Instagram, Facebook ou Snapchat, mais chez ceux qui demanderaient de l’argent en retour, la somme moyenne s’élève à 45 000 $. Si votre seul objectif est de trouver des nudes, il existe des options plus abordables. Liste de sites disponible sur demande.
ÉTHIQUE ANIMALE – Boulettes cannibales
Combien faudrait-il vous payer pour manger 30 g de chair humaine ?
En Abitibi, on est catégorique : personne n’accepte de consommer l’équivalent d’un burger de chair humaine. Même en cas de famine grave, seulement une personne accepterait d’en manger (rendue là, elle accepterait toutefois de le faire gratuitement). En Gaspésie, le scénario se répète. En Mauricie, toutefois, ce sont 30 % des répondants qui se disent curieux et qui accepteraient de manger de l’humain sans avoir un sou en retour ; de loin le score le plus élevé à la grandeur de la province. Surveillez vos arrières si vous vous promenez sur le boulevard des Forges à Trois-Rivières par une belle soirée d’été, vous pourriez finir en carpaccio.
GOÛT DU RISQUE – Voir le soleil puis sortir sa carte-soleil
Combien faudrait-il vous payer pour regarder directement le soleil pendant une éclipse ?
Dans l’ensemble de la province, on semble peu enclin à regarder le soleil en face lors d ’une éclipse. La large majorité des répondants, toutes régions confondues, tient beaucoup à la prunelle de ses yeux et refuserait de risquer de perdre la vue pour le simple plaisir. Lorsque de l’argent entre en jeu, on demande généralement autour de 200 000 $ pour le faire. Une exception toutefois : l’Outaouais. En moyenne, on y demande… 10 $ pour admirer une éclipse à l’œil nu. Trump a probablement des origines gatinoises et nous n’en savions rien.
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À la lumière de cette fine analyse, force est de constater que oui, pour le meilleur et pour le pire, les Québécois sont achetables. Remarquez, on est tout de même rassuré de savoir que seulement 1 % des Québécois donnerait volontairement un rein à Kim Jong-un si celui-ci venait à avoir besoin d’une transplantation. C’est peut-être mieux pour la paix dans le monde. D’un autre côté, c’est un brin troublant de tomber sur un répondant qui donnerait sa mère, mais demanderait 100 millions pour un rein. Quoi qu’il en soit, une conclusion s’impose : à votre prochain party, plutôt que de demander « Combien tu gagnes ? », demandez plutôt « Et toi, quel est ton prix pour… ? ». Plaisir, surprises et fin d’un tabou garantis.
LES MOYENS
Vous avez peut-être remarqué à ce stade-ci de votre lecture que les Laurentides n’apparaissent nulle part. C’est que la région ne se démarque… dans rien. Ils ont un prix, mais toujours dans le milieu. Ce sont les grands moyens du Québec, les modérés, les entre-deux, les « greiges » : mi-gris, mi-beiges.
COMBIEN ÇA VAUT ?
Certains répondants ont une idée très précise du prix qu’ils accordent aux choses.
Dans la région de Chaudière-Appalaches, une répondante de 18 ans accepterait de louer sa mère pour 82 $, le prix d’un forfait Internet-câble.
En Outaouais, une répondante de 40 ans supporterait 10 000 paper cuts pour 1 000 008 $, pas un sou de moins.
À Montréal, un répondant mauvais en calcul demanderait 43 $ pour se mettre nu devant ses collègues de travail, et cela, dans un contexte où un dealer à qui il doit 20 000 $ menace de lui casser les jambes. Un manque à gagner de 19 957 $. En même temps, quand tu dois 20 000 $ à un dealer de drogues et que tu te promènes nu au travail, t’as d’autres problèmes que les mathématiques…
Dans Lanaudière, un homme de 20 ans demande 378 $ pour un golden shower. Pourquoi pas 379 $ ? On ne le saura jamais. Quoi qu’il en soit, comme mentionné précédemment, à l’un ou l’autre de ces prix, mieux vaut se déplacer à Montréal. Même en payant l’essence, ce sera meilleur marché. Heille, tant qu’à faire, pourquoi pas y aller en Amigo Express ? Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour économiser sur un golden shower ?
*909 répondants, pour être plus précis.
70,8 % Femmes
27,1 % Hommes
0,7 % Préfère ne pas répondre
0,6 % Non binaire
0,4 % Genderqueer
0,3 % Agenre
0,1 % Bispirituel
Répondants par régions :
Montréal : 51,3 %
Montérégie : 10,9 %
Capitale-Nationale : 9,8 %
Estrie : 6,6 %
Laurentides : 4,2 %
Lanaudière : 4 %
Laval : 2,2 %
Bas-Saint-Laurent : 2 %
Outaouais : 1,7 %
Centre-du-Québec : 1,2 %
Chaudière-Appalaches : 1,2 %
Mauricie : 1,1 %
Abitibi-Témiscamingue : 0,8 %
Saguenay–Lac-Saint-Jean : 2 %
Côte-Nord : 0,7 %
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine : 0,3 %
Nord-du-Québec : 0,1 %
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