Il faudra s’y faire, l’hiver est maintenant bel et bien commencé. Une bonne partie des Québécois qui voudront fuir le froid et la neige iront envahir les complexes hôteliers et les plages du Sud encore cette saison. N’écoutant que mon courage, j’ai décidé d’aller explorer cet univers de tourisme de masse plus tôt cet automne lors d’un voyage en famille dans la région de la Riviera Maya au Mexique.
Entre deux shots de tequila et quelques saucettes dans la mer des Caraïbes, j’ai pu partir à la découverte des « meilleures » activités à caractère musical qu’on retrouve dans tout bon resort de ce coin de pays, débordant de touristes occidentaux éméchés.
Jour 1 : Bon Jovi – Livin’ on a Prayer
C’est la journée du grand départ ! On quitte enfin la froideur de l’automne en direction du soleil mexicain via l’aéroport de Cancún. Après l’atterrissage, un court trajet en autobus nous attend puis nous atteignons finalement le méga complexe dans lequel nous passerons la prochaine semaine, loin des tracas du quotidien. Au menu, bouffe et alcool à volonté, plage, piscine et chaleur.
Je profite de ma première soirée pour aller voir le spectacle présenté au théâtre du resort. La thématique du show est le rock. Ça tombe directement dans mes cordes ! Plusieurs chanteurs et chanteuses se partagent la scène et il y a même un live band qui livre une prestation impressionnante. On pourra entendre un set list qui rendrait jaloux n’importe quel animateur de CHOM FM. La foule tape des mains alors que les covers d’AC/DC et des Beatles s’enchaînent. Seul l’accent espagnol des artistes nous rappelle que nous sommes au Mexique.
Jour 2 : Loona – Vamos a la playa
Après une bonne nuit à profiter de l’air climatisé de notre chambre, le moment est venu d’aller explorer la plage, située à une bonne quinzaine de minutes à pied. C’est en passant près de la principale piscine de l’hôtel que j’entends pour la première fois cette chanson de circonstance. Elle nous accompagnera tout au long de la semaine, dans les speakers du casse-croûte ou encore ceux du lobby du complexe. On ne peut pas trop s’en plaindre. Après tout, c’est d’abord la plage qui attire ces hordes de touristes dans le coin.
Pas très surprenant. En cette troisième journée de voyage, il est facile de comprendre que l’offre culturelle à laquelle nous sommes soumis a plus à voir avec les goûts et les attentes des touristes qu’avec la culture locale.
Jour 3 : Luis Fonsi et Daddy Yankee – Despacito
Une autre chanson qui hantera notre séjour, en plus d’avoir envahi les ondes des radios commerciales nord-américaines pendant les deux dernières années. Bien qu’elle n’ait rien à voir avec le Mexique, nous pourrons néanmoins subir cette production portoricaine à chaque jour de nos vacances. Pas très surprenant. En cette troisième journée de voyage, il est facile de comprendre que l’offre culturelle à laquelle nous sommes soumis a plus à voir avec les goûts et les attentes des touristes qu’avec la culture locale.
Nous pourrons constater cet état de fait en allant visiter le nightclub du complexe en soirée. Entre un bon tube de Rihanna et un autre de Beyoncé, le DJ en profitera évidemment pour nous repasser Despacito une autre petite fois. Avec les rapprochements qui s’effectuent sur la piste de danse et les cocktails qui s’enchaînent, on se croirait sur le boulevard St-Laurent en 2017. C’est d’ailleurs sans grande élégance, à mesure que la soirée avance, que les litres d’alcool ingérés par les fêtards menacent de ressortir par où ils sont rentrés. D’ailleurs, je plaide coupable…
Jour 4 : Beau Dommage – Le blues d’la métropole
Ce n’est pas tant qu’on commence à s’ennuyer de Montréal, pas du tout en fait, mais ce soir, l’activité prévue au bar du lobby en est une de karaoké. Après quelques prestations de chant amateur, ma mère décide de s’avancer pour interpréter ce classique québécois, en français svp.
Il se produit alors un drôle de phénomène, le party lève d’un coup et à la fin de la chanson, c’est environ les trois quarts des gens présents qui sont debout à chanter et taper du pied. C’est à ce moment que nous comprenons qu’on est loin d’être les seuls Québécois dans la place. On repassera pour le dépaysement.
Jour 5 : Trio Renovación Huasteca – Canario en Día de los Muertos
Enfin un peu de culture mexicaine ! Ce soir, un spectacle de mariachis, ces fameux groupes de musique traditionnelle aux habits flamboyants, est prévu à l’horaire du bar du lobby. Notre séjour tombe d’ailleurs en pleine célébration du Día de los muertos, fête d’origine païenne où les Mexicains rendent hommage aux personnes décédées de manière festive. Rien à voir avec un enterrement.
Le folklore mexicain est très riche, son histoire, passionnante. On y retrouve un mélange entre différentes cultures autochtones, comme celles des Aztèques ou des Mayas, et la culture espagnole. La musique mariachi qui en découle et les instruments typiques, comme les guitarrones, ces espèces de grosses basses à six cordes, en sont des symboles connus. En permettant d’explorer un peu plus les traditions locales, ce spectacle fut mon coup de coeur musical de la semaine.
Jour 6 : Los del Río – Macarena
Le sommet de la quétainerie est atteint lors du sixième jour. Qui dit alcool à volonté, rythmes latins, et touristes sur le party dit aussi danse sociale ! Et n’y a-t-il pas une chanson plus représentative de ce genre d’activité que la Macarena ? Le souvenir de cette fin de soirée au grand théâtre du complexe avec un stage comptant bien une quarantaine de personnes qui font la bonne vieille chorégraphie continue aujourd’hui de peupler mes cauchemars. Le malaise qui émanait de cette scène est indescriptible.
Une bonne partie de celui-ci vient aussi du fait que les animateurs de la soirée, ceux qu’on appelle souvent les G.O. étaient déjà à pied d’œuvre tôt le matin pour les premières activités. Ils en sont probablement à leur quinzième heure de travail à ce moment-là, toujours avec le sourire. Je me souviens entre autres de cette cinquantenaire pompette qui collait un peu trop l’un d’eux… Creepy. Quand on connaît les salaires de misère que gagnent ces employés de l’industrie du tourisme, on ne peut que leur lever bien haut notre chapeau.
Jour 7 : Oz Barba – Crossroad Blues
Dernière soirée dans notre tout inclus, l’horaire prévoit la prestation d’un guitariste, toujours à mon endroit préféré du site, le bar du lobby de l’hôtel. En me dirigeant vers le lieu du spectacle, je peux déjà entendre les riffs de classic rock qui deviennent de plus en plus forts. C’est ainsi que je fais la connaissance d’Oz Barba, jeune guitariste au talent indéniable, dont le boulot consiste à amuser les touristes en jouant les meilleurs mélodies du rock. J’ai eu la chance de prendre un verre avec lui après son set.
Amateur de blues-rock, Oscar, de son vrai nom, a quitté la ville de Mexico il y a quelques années pour aller s’installer dans le sud du pays et ainsi profiter du boom touristique dans la région. Il a commencé à travailler comme technicien de son pour la chaîne hôtelière et de fil en aiguille, a réussi à se tailler une place de guitariste. Il travaille maintenant à temps plein à se promener dans les différents hôtels de la compagnie qui compte plusieurs complexes dans le coin et à jouer de la musique pour amuser les vacanciers.
Jour 8 : Los Monjo – Cobardes
Allez, c’est déjà l’heure du départ, la semaine a passé tellement vite. Cette dernière journée peut se résumer en un seul mot : transport. L’occasion pour moi d’enfiler mes écouteurs et d’écouter la musique de mon choix. Pourquoi pas un peu de punk mexicain, tiens ?
Il existe probablement de l’excellent métal, rock, rap ou folk mexicain, mais ce n’est pas à l’intérieur des murs barbelés de mon resort que j’aurai la chance d’en écouter. L’industrie du tourisme de masse participe davantage à une homogénéisation de la culture qu’à son mélange. Alors si pour vous, le Mexique signifie seulement tequila, tacos, Corona et sombreros, vous serez comblés. Par contre, si ce qui vous intéresse en voyageant, c’est de découvrir d’autres cultures, je vous confirme (au cas où vous auriez encore un doute) que le tout inclus n’est pas l’endroit pour ça.