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Mon premier poème

Par
Virginie Fortin
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Il est parfois difficile de se rappeler qu’on a été des enfants. Je regarde ma mère, je ne l’imagine pas faire caca dans le bain. Mais ça a dû arriver. Je sais que j’ai été un enfant, j’ai de beaux souvenirs. Mais quand je pense à Virginie Fortin à 7 ans, c’est Virginie l’adulte qui s’en souvient… Donc même si ma mémoire se rappelle, quand je pense à mon primaire, c’est comme si Virginie adulte était allée au primaire… Je vois à travers mes yeux d’aujourd’hui ce que j’étais enfant.

Tout ça pour dire, qu’heureusement, j’ai longtemps tenu un journal intime. Petite Virginie me tuerait de faire ça aujourd’hui. Mais j’ai envie de partager le petit journal intime de petite Virginie Fortin, parce que dans toute son innocence, petite Virginie est un beau mélange de cuteness et de lourdeur.

Par lourdeur, j’entends ma phase recueil de poésie. J’ai en ma possession mes journaux intimes, mais surtout, mes recueils de « poèmes », entre gros guillemets, parce qu’à 11 ans, je ne sais pas si on peut appeler ça un poème, ou juste un amas de mots qui riment sur un sujet comme l’amour. Et dieu sait que l’amour est un sujet tellement riche à explorer quand on a le vécu d’une fille de 11 ans.

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Aujourd’hui, j’ai comme envie de juger la poésie d’un enfant. Et j’ai le droit parce que cet enfant c’est moi.

Le premier poème que je voudrais vous partager traite justement d’amour. Il s’intitule L’amour (J’étais très créative) et a été écrit en novembre 1997; j’avais 11 ans.

L’AMOUR

Avez-vous déjà cru qu’il durait toujours

L’avez-vous déjà vécu

Ce grand amour.

Moi je l’ai vu, moi je l’ai entendu, j’y ai déjà cru mais si peu de fois vécu

Êtes-vous comme moi, parmi les gens qui ne le connaissent pas?

Il vous file entre les doigts, faute d’un simple faux pas

Ne commettez pas la grave erreur

D’oublier l’amour

Car qui sait?

Peut-être le rencontrerez-vous un jour?

EH BOY!

Ça pue les Back Street Boys. À 11 ans, j’écoutais les BSB. Des gars qui parlaient juste d’amour impossible sur des beats pop. Quel genre de faux pas ai-je pu commettre pour que l’amour me file entre les doigts à 11 ans? J’ai pété dans mon cours de musique?

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Petite Virginie écrit des mots qui riment sur l’amour parce qu’elle pense que I’ll never break your heart c’est une bonne toune, tellement qu’elle a demandé à sa mère de lui traduire les paroles. Avez-vous déjà cru qu’il durait toujours? Premièrement à qui je parle? Pensais-je être publiée? Et comment à 11 ans, ai-je pu être désillusionnée à ce point sur l’amour? T’as 11 ans Virginie. C’est sûr, l’amour dure pas toujours à ton âge. T’as pas de chum, tu trippes sur un gars qui va finir gay, pis le seul gars avec qui t’as « sorti » ben t’as « sorti » avec parce qu’il a coché oui.

Peut-être le rencontrerez-vous un jour… Bon finalement je pense que je me parlais à moi dans ce poème. Je me motivais. Je me disais oui, ça va arriver. Un jour, un gars va me dire You’re the one for me, you’re my ecstasy, you’re the one I need. Pis je vais comprendre c’est quoi de l’ecstasy.

Le prochain poème, en est un encore plus deep. Il s’intitule Pourquoi Oublier, écrit en janvier 1998, pendant le verglas. La mémoire semble être un sujet récurrent dans la poésie de Petite Virginie. Ce qui explique sûrement pourquoi j’ai tenu un journal intime tant d’années; pour ne pas oublier.

POURQUOI OUBLIER

Pourquoi oublier

Ces moments qui nous ont marqués?

Pourquoi oublier

Ces personnes qui nous ont choyé?

Tant de choses à se rappeler

Qu’on oublie parfois d’oublier

Mais pourquoi oublier

Toutes ces choses qui font que la vie a tant de bonté

Même les pires moments

Ne méritent pas l’oubli

Souvenons-nous de ces instants

Qui sont aujourd’hui finis

La souffrance est souvent

Ce qui est le plus frappant

Alors pourquoi oublier

Ce que dans notre vie le destin a gravé?

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Bon. Là Virginie je dois dire que ton poème laisse croire que tu as eu une enfance difficile. Je ne sais pas de quelle souffrance je parle. J’ai eu une enfance super heureuse. Vidéo à l’appui.

Je dis qu’il faut se rappeler de la souffrance… Mais ma seule souffrance à l’âge de 11 ans, c’est de ne pas avoir reçu Barbie Coiffure Hollywood à Noël trois ans plus tôt.

J’essayais de faire des phrases poétiques comme On oublie parfois d’oublier. C’est à une époque où mon père me faisait lire Raymond Devos. Je pense que j’essayais maladroitement de faire comme lui. Et quand je dis maladroitement, je veux dire que je n’avais rien compris pantoute.

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Aujourd’hui, je suis contente d’avoir eu peur d’oublier avant et d’avoir gardé tous ces écrits. Parce que c’est cute, parce que c’est drôle et parce que je peux rire de petite Virginie en public.

J’espère sincèrement que mes enfants tiendront un journal, ou un carnet de poèmes. Le temps que ça durera je vais respecter leur intimité. Mais quand les années auront passé je pourrai m’en servir contre eux. Ou alors ils le feront eux-mêmes comme je le fais aujourd’hui.

J’aimerais vous laisser sur un « résumé de ma vie », écrit en 1996 dans les premières pages de mon journal intime. (Vu que c’était un nouveau journal, je sentais le besoin de lui faire le résumé de ma vie avant de commencer). Vous allez découvrir l’esprit de synthèse d’une fille de neuf ans bientôt dix. C’est cute-gênant.