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Avoir envie de pleurer et de rire en même temps… c’est étrange comme feeling. Ça fait comme une boule ambiguë dans l’estomac, à la fois envahissante et insaisissable, paralysante et euphorisante. C’t’un synonyme de paradoxal.
Cette sensation-là, ça faisait un bail qu’elle ne m’avait pas envahie.
Faut dire que je la connais bien, car elle m’a torturée plusieurs années : celles que j’ai passées avec mon premier grand amour – a.k.a mon EX avec un grand E pis un grand X.
Pour faire une histoire courte : je sortais avec un gars qu’on va appeler pour les besoins de la cause “Francis”. Francis, mon EX, m’aimait plus que tout, mais le problème, c’est qu’il ne s’aimait pas du tout. Et ça se sentait. Résultat? Une relation malsaine où se succédaient en boucle romance, fleurs, mots doux et… manipulation, possessivité, mensonges, jalousie et violence.
Être shootée aux endorphines, mais sentir une épée de Damoclès au-dessus de sa tête… ça peut être trippant un bout, mais à la longue, ça épuise. Faque à moment donné, j’ai pris mon courage à deux mains pis je l’ai laissé. J’ai mis un terme à ce qui, je l’ignorais à l’époque, allait devenir mon principal sujet de thérapie pour les 4 prochaines années.
Tranquillement, je suis arrivée à panser ma blessure, à faire mon deuil et à accepter que cette histoire fasse dorénavant partie de mon passé. Elle a forgé la femme que je suis devenue aujourd’hui.
Et par un beau matin gris du mois de novembre, 10 ans après que j’aie fermé les valves d’une relation qui avait déjà fait couler trop de larmes, j’ai reçu un appel d’une amie d’enfance qui avait une nouvelle de premier ordre pour moi… concernant Francis! D’emblée, je craignais qu’elle m’annonce qu’il a mis fin à ses jours… à sa souffrance, quoi.
Mais non, au contraire, il était né à nouveau, il revivait… mon EX était en train de devenir une femme! Il prenait des hormones depuis quelques mois déjà et attendait avec impatience sa chirurgie transgenre qui allait lui permettre d’avoir un “beau vagin tout neuf juste à lui”. Semblerait que Francis a toujours su qu’il était né dans le mauvais corps, qu’il était enfin libéré et heureux.
“OMG! Ben tant mieux pour lui!” que je me dis du haut de mes 30 ans et de mon ouverture d’esprit inébranlable, en appelant frénétiquement tous mes amis pour répandre la nouvelle de l’année! Ça n’excusait pas comment il m’avait traitée, mais au moins, ça expliquait des affaires. Personne ne se doutait qu’il souhaitait plus que tout de troquer son Y pour un X (en tout cas pas moi), mais lui en souffrait en silence depuis toujours.
Oui oui, je suis contente pour mon EX… d’autant plus que moi aussi, je vais bien, j’ai un chum merveilleux depuis 4 ans, on a une maison ensemble, un chien, un chat pis bientôt un bébé peut-être.
Je dois avouer que ça m’a quand même chatouillé dans la tête : comment ça se fait que j’ai rien vu venir? Est-ce qu’il aimait quand même ça quand on avait des relations sexuelles même si son pénis lui rappelait constamment son mal-être? Est-ce qu’il m’aimait pour vrai?
J’ai beau avoir l’ouverture d’esprit tatouée sur le cœur, mais apprendre que son EX est trans, ça cogne! Voir la photo de CELUI que t’as aimé à t’en déchirer le cœur, en FEMME ASSUMÉE, et constater que cet homme-là, feu Francis, n’existe plus, mais qu’il vit plus que jamais.
Et hop, la boule est de retour. Cette étrange envie de me réjouir parce qu’une personne que j’ai aimée est enfin heureuse et de pleurer parce que je n’ai peut-être pas fini, pour une deuxième fois, de faire le deuil de cette relation tumultueuse avec mon EX.
Malgré tout, je suis profondément heureuse que la science permette aujourd’hui à ceux qui le souhaitent de vivre sous leur vrai jour.
Et je suis surtout fière qu’au Québec, on accepte de plus en plus la différence. En tout cas, on aime se le faire croire.
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