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Moé, LinkedIn pis Blink-182

Par
Kéven Breton
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Sachez d’abord que je suis pas pantoute Ă  l’aise dans les 5 Ă  7 du type «raffiné». Je suis effectivement plus du type «divan-doritos».

C’est peut-ĂȘtre parce que dans ces soirĂ©es-lĂ , tout le monde est debout sauf bien Ă©videmment moi. Ça provoque un problĂšme de symĂ©trie et d’acoustique assez tannant, qui fait en sorte que j’ai ben de la misĂšre Ă  suivre les conversations.
Mais mĂȘme si j’étais capable, je saurais pas quoi dire. J’t’incapable d’ĂȘtre sĂ©rieux plus que cinq minutes. J’ai tout le temps les mains moites pis j’haĂŻs ça porter des chemises. Dans ces soirĂ©es-lĂ , j’suis le gars qui fait semblant de texter.
Fait que je sais ben pas pourquoi je me suis inscris sur LinkedIn. Ce rĂ©seau-lĂ  s’adressait visiblement pas Ă  moi. Parce que si Facebook est le gros party ben chill (auquel se sont toutefois invitĂ©s divers services d’informations gouvernementaux), LinkedIn est le bistro-feutrĂ©-culotte-serrĂ©e oĂč tout le monde se donne un look de jeune professionnel.
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Je me suis abonnĂ©, parce que, a priori, ça me paraissait fort utile. Une alternative moins coĂ»teuse et moins compliquĂ©e que le portfolio afin d’exposer son CV et ses expĂ©riences.
Mais ça vite dĂ©rapĂ©. Je me suis mis Ă  me connecter avec du monde que je ne connais pas. À «endorser» des «skills» de «technical writing» d’un gars avec qui j’ai absolument DÉTESTÉ faire un travail d’équipe en premiĂšre annĂ©e de bac.
Je me disais : au moins, c’est utile pour savoir y’é rendu oĂč dans vie Joe Bine, avec qui j’étais au cĂ©gep. Ouais

CREEPÉ
Fait que je consulte pu jamais aucun profil, de peur que l’utilisateur en question pense que je le nargue, lui qui est «à la recherche de nouveaux dĂ©fis» depuis un an et demi dĂ©jĂ . J’te jure que non man, j’voulais juste prendre de tes nouvelles.
L’affaire avec LinkedIn, aussi, c’est qu’on en prend pas vraiment soin. On le visite une fois par mois, Ă  peu prĂšs. Fait que l’autre soir, je rencontre une ancienne collĂšgue, qui m’a cold-heart-deletĂ© de son Facebook. Je la fĂ©licite en passant pour sa nouvelle job. Elle me remercie poliment et me demande comment je l’ai appris.
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«C’EST SIMPLE TU M’AS SUPPRIMÉ DE TON FACEBOOK MAIS PAS DE TON LINKEDIN. MAUDITE SANS-CƒUR.»
Mais de toutes ses facettes désagréables, il y en a une qui me titille en particulier.
professionnal cred
MAIS BULLSHITE-NOUS DONC PAS TROP.
J’ai l’impression que les gens sont encore moins honnĂȘtes sur LinkedIn que sur Lavalife. T’sais, les utilisateurs qui publient constamment des images pseudo-inspirantes. T’sais, les images genre «BE THE CHANGE YOU WANT TO SEE IN THE WORLD».
Hey mon Ghandi 2.0, je t’ai vu vomir dans une bouche d’égout sur Saint-Denis mardi dernier, t’avais pas l’air de te chercher un emploi fort fort.
Comme j’étais un peu tannĂ© de voir les mĂȘmes posts prĂ©tentieux, j’ai commencĂ© Ă  juste poster du Blink-182. Constamment. Toujours. Always. I miss you.
Non seulement je rĂ©colte quasi pas de likes (!! MĂȘme pour leur vieux albums!!!!) mais en plus, on m’écrit: «C’EST VRAIMENT PAS PROFESSIONNEL CE QUE TU FAIS LÀ KÉVEN.»
Dammit! Ok, man, j’aurais dĂ» publier ça, moi too, Ă  place :
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C’est correct de vouloir se crĂ©er un branding, mais soit donc toi-mĂȘme un peu aussi. Pas besoin de se travestir pour ça. Slack la cravate, mon gars. Y’a pas de code vestimentaire, sur l’Internet.
J’pense.
Illustration Anne-Josée Bédard
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