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Milieu communautaire : trois raisons d’être enthousiaste en 2020
2019 a été éprouvante, au plan communautaire. Il y a eu une campagne électorale où on s’est permis de mettre de côté des communautés marginalisées, un débat sur la laïcité de l’État qui a créé des tensions et des organismes essentiels qui ont dû composer avec un important manque de moyens. Heureusement, il y a de l’espoir pour 2020! Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des observateurs et des observatrices de ce champ important de notre vie. Voici en quoi, à leur avis, l’année qui s’en vient est flambant neuve…
Citoyen.nes à l’oeuvre!
« Est-ce que 2020 sera une bonne année? Aucune idée, et je n’essaierai pas de vous en convaincre! » Fabrice Vil, chroniqueur et entrepreneur social à la tête de Pour 3 points, ne se fait pas d’idées, mais il ne cultive pas pour tant le cynisme…
« Malgré l’inconnu qui nous guette, j’entretiens la certitude que la jeunesse prend de plus en plus son avenir en mains. “Je vous demande de croire. Pas en ma capacité à créer du changement, mais en la vôtre”, a déjà dit Barack Obama. En 2020, j’anticipe l’éclosion et la multiplication d’initiatives citoyennes. »
En fait, Fabrice Vil constate un changement de paradigme. « En 2010, au moment où je songeais à fonder Pour 3 Points, j’étais moi-même avocat et les professions libérales étaient surreprésentées dans mes modèles de réussite. Dix ans plus tard, le paysage a beaucoup évolué. Les Malala et Greta Thunberg servent bien sûr d’inspiration, mais ce n’est pas tout. Ces derniers temps, de nombreuses initiatives au Québec (comme Projet NOOR, My Mental Health Matters et le podcast Quelle est ta nuance?) nous démontrent que les jeunes s’approprient leur pouvoir, au service d’un monde meilleur. Je prédis que cette année, la tendance ira en s’accentuant. Et nous pouvons nous en réjouir! »
La souffrance normalisée
Joanie Lacroix, fondatrice de la plateforme Pastel Fluo et conférencière, croit pour sa part que 2020 annonce du bon pour notre esprit. Et ça passe en partie par le projet Humain Avant Tout.
« Et si parler de santé mentale sur les réseaux sociaux contribuait à offrir de l’espoir et à briser l’isolement des personnes qui souffrent en silence? C’est la mission que s’est donnée Humain Avant Tout, un projet qui vise à normaliser la souffrance psychologique et à réduire les tabous entourant la santé mentale. La façon de faire est toute simple : l’équipe va à la rencontre de personnes de tous âges, sexes, nationalités et religions qui vivent avec un problème de santé mentale ou qui ont traversé une épreuve de vie difficile. Publiés ensuite sur les médias sociaux, les témoignages de ces personnes mettent en lumière la résilience de l’être humain et facilitent la demande d’aide psychologique. »
«Les préjugés entourant les troubles de santé mentale incitent près des 2/3 des personnes souffrantes à ne pas chercher l’aide dont elles auraient besoin.»
Un projet essentiel, considérant que personne n’est à l’abri d’un trouble de santé mentale. « Près d’un Québécois sur cinq en souffrira au cours de sa vie, poursuit Joanie. Rappelons que les préjugés entourant les troubles de santé mentale incitent près des 2/3 des personnes souffrantes à ne pas chercher l’aide dont elles auraient besoin. En 2015, le suicide a touché de près la famille de Lysa-Marie, doctorante en psychologie clinique à l’Université de Montréal et fondatrice du projet, qui a ensuite eu l’idée de mettre sur pied un projet social pour briser l’isolement, aider les individus à surpasser leur sentiment de honte et redonner espoir. Pour ma part, je trouve particulièrement innovant d’oser dévoiler sa vulnérabilité et ses fragilités, en se montrant complètement « vrai » sur les réseaux sociaux. C’est rafraîchissant et ça fait profondément du bien de voir des projets comme ça! »
Le recherche pour voir les choses autrement
Bochra Manaï est chercheure, autrice et coordonnatrice générale de l’organisme Paroles d’excluEs. Optimiste, elle nous offre quant à elle deux raisons d’espérer le mieux, cette année!
Parole d’excluEs lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale à travers la prise de parole et la mobilisation citoyenne. En plus de cette perspective, l’organisme a un volet « recherche » qui lui permet de documenter ce qui est fait dans le milieu communautaire et d’ainsi mieux comprendre les transformations apportées.
« De plus en plus d’organisations impliquent des chercheurs dans leur milieu, m’explique Bochra Manaï. On voit donc le développement d’une posture réflexive amenée par la recherche. Et ce n’est pas prétentieux ce que je dis! C’est juste que pour écrire la mémoire de l’action collective, on a besoin de ces personnes qui ont une autre façon de voir les choses. L’université forme de plus en plus de gens et ce monde est en train de prendre place dans le milieu communautaire. C’est une très bonne nouvelle! »
L’autre source de son enthousiasme prend racine dans l’est de la métropole. « Historiquement, Montréal a été divisée en deux et l’est a été très peu favorisé par les politiques publiques. On y trouve des quartiers très pauvres ou encore dépourvus en termes de transport public. Or, je remarque que l’est devient de plus en plus une priorité pour les partis politiques. Parallèlement, l’espace communautaire de l’est en train de s’organiser. Il y a des endroits où la tradition communautaire n’était pas particulièrement importante, mais où c’est en train de s’organiser! On sait qu’il faut développer ce coin économiquement, mais des gens veillent présentement aussi à en développer l’aspect social. On apprend à travailler ensemble!»
Si c’est pas beau, ça!