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Microbrasserie du mois – MABRASSERIE

MABRASSERIE en trois bières.

Par
Christian Letendre
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La mixologie, c’est out. Ce qui est dans le vent, c’est la bière de microbrasserie (et définitivement pas l’expression « dans le vent »). C’est pour ça qu’URBANIA a décidé de s’y intéresser en faisant des portraits de microbrasseries d’ici. Parce que de plus en plus de gens en parlent, mais aussi parce que c’est un bon prétexte pour boire sur la job.

Avec la multiplication des microbrasseries québécoises dans les dernières années, le marché est devenu de plus en plus compétitif : espace sur les tablettes, attrait de la nouveauté, design tape-à-l’œil… La tendance ne semble pas être à la collaboration et à la coopération. C’est pourtant la voie qu’a choisi d’emprunter MABRASSERIE, bien installée dans le quartier Rosemont à Montréal depuis 2015.

Discussion avec Martine Lafontaine, cofondatrice et présidente du conseil d’administration de cette coopérative qui est beaucoup plus qu’une brasserie.

PILŽ Světlý : unir les forces

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À voir la quantité de microbrasseries qui bourgeonnent un peu partout au Québec ces derniers temps, on pourrait croire que les permis de brassage s’obtiennent en claquant des doigts. Pourtant, il a fallu plus de deux ans à MABRASSERIE avant d’obtenir le sien.

C’est Marc Bélanger, également copropriétaire du Brouhaha à Montréal, qui a d’abord imaginé ce qui allait devenir MABRASSERIE. Il rêvait d’une coopérative brassicole où les membres échangeraient idées, techniques et savoir-faire dans un esprit collaboratif.

Mais passer du rêve à la réalité n’a pas été une mince affaire, comme le raconte Martine Lafontaine. « On pensait que les coopératives, c’était plus facile à financer. C’est pas le cas! On a signé la constitution en 2013, mais on a obtenu notre permis de brassage seulement le 1er octobre 2015. Le financement a été très compliqué. »

Heureusement, Marc Bélanger a travaillé d’arrache-pied et a réussi à amasser assez de fonds pour démarrer l’entreprise. Suivront la boutique, puis le salon de dégustation, qui connaîtront un succès quasi instantané.

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Pourquoi avoir choisi le modèle coopératif? « Une coopérative, c’est un regroupement de personnes qui partagent des besoins économiques, sociaux et culturels communs. Ça permet aux brasseries qui n’ont pas les sous ou l’espace pour brasser de venir dans un lieu où ils ont un clé en main pour brasser leur bière. »

Et si certains brassent eux-mêmes leur bière, d’autres peuvent aussi confier leurs recettes au savoir-faire de l’équipe de MABRASSERIE qui, sous le leadership du chef brasseur Maxime Boily, s’occupera de la production.

Preuve de ce savoir-faire : la gamme PILŽ, des lagers d’inspiration tchèque qui n’ont rien à envier à celles du pays de Tomas Plekanec.

Notre appréciation

Pilsner tchèque

Alcool : 5 %

D’un doré clair surmonté d’une mousse blanche abondante et de bonne tenue, la PILŽ présente des arômes céréaliers, floraux et mielleux. En bouche, la texture soyeuse porte les saveurs détectées au nez, avec une céréale plus présente. La finale est à la fois légèrement sucrée et amère. Une bière de soif qui donne le goût d’en ouvrir tout de suite une deuxième.

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Mandrill : de tout sous un même toit

MABRASSERIE, c’est cinq membres locataires (Boswell, Brouhaha, Isle de Garde, La Succursale, Noire et Blanche) qui brassent leurs produits sous un même toit, en plus de la marque « maison ». Si vous espériez ajouter votre nom à la liste, vous risquez d’être déçu : l’établissement roule déjà à pleine capacité.

Mais bonne nouvelle : il existe quand même des façons de mettre un pied dans la porte, notamment via le programme de bières personnalisées de MABRASSERIE. « Vous arrivez avec votre recette, ou vous en développez une avec les brasseurs, et on produira votre brassin sur mesure, étiquettes et encanettage inclus. » Mais avec des brassins de 275 litres minimum, le programme s’adresse avant tout aux entreprises.

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L’autre façon de brasser dans l’établissement de la rue Holt, c’est en vous inscrivant à un cours de l’Institut brassicole du Québec (IBQ), également hébergé à MABRASSERIE. « On est aussi un centre de formation, autant pour les brasseurs professionnels que pour les gens qui veulent s’amuser dans leur sous-sol les week-ends. »

Les cours de l’IBQ se veulent autant théoriques (étapes de brassage, plan d’affaires, gestion…) que pratiques (brassage, contrôle de qualité, nettoyage…) et vont de la formation complète de quatre semaines à temps plein à l’atelier unique d’une journée.

En plus des brasseurs locataires et du centre de formation, MABRASSERIE abrite deux autres collaborateurs sous son toit. « On a Mannanova, qui fermente du kombucha chez nous. Et il y a aussi La Pimenterie, qui fait des sauces piquantes et qui utilise même parfois nos bières dans leurs recettes. »

Mais rassurez-vous : aucun piment fort n’entre dans la composition de la Mandrill, une saison brett et tropicale qui est la mieux cotée de MABRASSERIE sur le réputé site de cotation Ratebeer.

Notre appréciation

Saison brett et tropicale

Alcool : 6.2 %

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D’un jaune paille à peine voilé surmonté d’un col blanc moyen, la Mandrill présente un nez où les agrumes (citron, pamplemousse) se font d’abord sentir, suivies du côté sauvage des levures brett, puis des subtiles épices de la levure saison. En bouche, c’est davantage tropical, avec l’ananas, la pêche et encore les agrumes. Les levures brett sont toujours présentes, sans être envahissantes. La finale est sèche et légèrement amère. Une bière beaucoup plus tropicale que brett ou saison.

MoMo : un lieu de rassemblement

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C’est bien beau les cours, le kombucha et la sauce piquante, mais ce qui fait le charme de MABRASSERIE pour le commun des mortels, c’est son salon de dégustation. L’endroit marque par son look à la fois industriel et chaleureux, avec ses grandes tables, ses plafonds hauts et ses planchers de béton.

Toutefois, ceux qui s’y sont rendus pour le 5@7 savent que ce qui rend le lieu unique, c’est son caractère résolument familial. « Les enfants sont les bienvenus en tout temps! On leur donne des craies, ils peuvent dessiner par terre sur le plancher de béton… Ça rend tout ça vivant. »

Ce qui permet à MABRASSERIE d’accueillir les familles en tout temps, c’est que leur permis en est un de salon de dégustation et non de restaurant ou de bar. Mais ça vient également avec des contraintes, comme fermer à 1h du matin et ne servir que ce qui est produit sur place (donc aucun vin ni alcool fort).

Rien pour freiner Martine Lafontaine, au contraire : « On se veut une place pour déguster de la bière. Et ça tombe bien : on a cinq brasseurs locataires qui en font chez nous, en plus de celle qu’on brasse nous-mêmes. On se réserve 15% de tout ce qui se brasse chez nous qu’on sert en fût au salon. »

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C’est donc dire qu’en vous rendant sur place, vous pourrez goûter à des produits que vous ne trouverez jamais en dépanneur, incluant le kombucha et les brassins personnalisés. Vous pouvez aussi faire remplir des growlers à même les lignes de fûts pour les ramener chez vous.

Et tant qu’à être dans le coin, pourquoi ne pas vous attarder à l’un des nombreux événements qui se tiennent régulièrement à MABRASSERIE. « On accueille fréquemment l’UPop, qui offre gratuitement des cours sur toutes sortes de sujets. On a aussi des soirées d’humour. Et le tout nouveau podcast de Fred Savard va être enregistré chez nous très bientôt! »

Le salon de dégustation, c’est donc le cœur de MABRASSERIE. Et Martine Lafontaine n’a pas peur de le dire : sans celui-ci, la coop ne pourrait pas exister. « On le dit souvent à nos étudiants : démarrer une brasserie industrielle, c’est très risqué. On ne le conseille pas. Sauf si t’as un salon ou un broue pub à côté. C’est là que tu fais ton argent. »

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Alors, allez leur rendre visite. Ou sinon, courez chez votre détaillant local pour acheter une MoMo, mise en canette pour le 3e anniversaire de la brasserie en octobre. Et levez-la à la santé de MABRASSERIE, en lui souhaitant encore de nombreux anniversaires.

Notre appréciation

NEIPA

Alcool : 5,5 %

D’un doré voilé surmonté d’un col blanc moyen et fuyant, la MoMo présente des arômes résolument tropicaux (mangue, papaye, goyave) et de pêche. La bouche est fidèle au nez, avec une texture bien juteuse. La finale est à peine amère et très désaltérante. Une NEIPA agréablement légère qui fait contraste avec une tendance à l’excès trop fréquente dans le style.