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Micro-cheating : tromper un p’tit peu, est-ce possible?

Un nouveau terme emballe le web. On capote ou on se tempère?

Par
Julie Lemay
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Vous en avez peut-être eu connaissance ces dernières semaines, un (autre) nouveau terme pour qualifier un phénomène relationnel émerge fraîchement des Internets, faisant vivement réagir la poblaciòn virtuelle : le micro-cheating.

Le que-quoi? Le micro-cheating, comme dans micro-tromperie, qui serait caractérisé par une « série de petites actions qui indiquent qu’une personne est émotionnellement ou physiquement focalisée sur quelqu’un d’autre, en dehors de sa relation ». Ce serait donc d’« accorder trop d’intérêt à quelqu’un d’autre que son amoureux.se ». Si certains l’attribuent strictement aux échanges sur les médiaux sociaux, d’autres le généralisent à tous les types d’interactions.

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Entretenir une correspondance virtuelle sans le dire à notre conjoint. e, consulter et commenter des photos de quelqu’un non-stop, éviter de faire mention de notre statut relationnel, tout ça seraient des exemples de micro-tromperie. L’aspect supplémentaire semant la panique (oui oui, rien de moins!), c’est que certains articles rapportent qu’on pourrait le commettre sans même s’en rendre compte.

Sans s’en rendre compte?
Vraiment?!

Semble-t-il…

Et c’est là qu’on peut commencer à se méfier de soi, de l’autre, des collègues de travail, du boucher, de la cycliste qui passe dans la rue et de Pompon, le bébé golden du voisin ayant récolté plusieurs like de la part de notre partenaire dans les dernières semaines.

Notre partenaire likait-il.elle vraiment le canidé?

Voulait-il.elle attirer l’attention du voisin en triangulant avec Pompon?

Laisse-t-il.elle simplement libre court à son amour des chiots fluffy?

PAPAAAM.

Il y a de quoi s’activer la paranoïa.

Ça part dans pas mal de directions et déjà ici, il y a une surcharge d’éléments non définis qui ont de quoi provoquer une crise d’hyperventilation. Alors ensemble, soufflons dans notre petit sac de papier brun et reprenons de la base puisque mine de rien, ce terme qui trend soulève des questions deep’n’delicious :

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Quelle limite franchit-on pour en arriver à tromper notre partenaire?

Peut-on « micro » tromper quelqu’un?

Qu’est-ce qu’une « série de petites actions »?

Qu’est-ce qu’être « focalisé sur quelqu’un d’autre »?

À quel moment commençons-nous à accorder « trop » d’intérêt à une personne?

Qui évalue que c’est « trop »? Moi? Mon partenaire? La meilleure amie de ma conjointe? Denis Lévesque?

On s’entend, il y a beaucoup de pas-clair. À la base, quand on est en couple, on peut éprouver un intérêt émotionnel ou physique pour d’autres personnes, sans quoi on serait des ermites fusionnels vivant avec des œillères et ça, ce serait inquiétant. Ici, rien de neuf. Mais si on devient « focalisé », ce qui veut théoriquement dire « concentrer toute notre attention » sur quelqu’un qui nous turn on l’affectif et/ou le sexuel, on s’entend ce n’est plus nécessairement micro, non? C’est ce que je disais, il y a beaucoup de pas-clair…

Oui, il est possible que notre partenaire se sente trahi sans qu’on ait voulu créer cet impact. Ça arrive. On peut exprimer le malaise, s’expliquer, s’en trouver rassuré.e et, on l’espère, préserver le climat sain. Dans ce cas-là, je n’appellerais pas ça du micro-cheating, mais bien un malentendu.

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Est donc venu le moment où j’achète 4 voyelles et 5 consonnes, question de former ce mot : intention.

Parce qu’au-delà de l’action aussi « petite » soit-elle, elle est importante à considérer : l’intention. Oui, il est possible que notre partenaire se sente trahi.e sans qu’on ait voulu créer cet impact. Ça arrive. On peut exprimer le malaise, s’expliquer, s’en trouver rassuré.e et, on l’espère, préserver le climat sain. Dans ce cas-là, je n’appellerais pas ça du micro-cheating, mais bien un malentendu.

À l’inverse, si on reprend notre exemple des multiples like de photos de Pompon le golden, que malgré la tentative de clarification la situation prend de l’envergure et qu’on ne s’en sort pas, peut-être qu’il y a matière à se questionner sur la dynamique relationnelle. Ce qu’on qualifierait de micro-cheating pourrait bien être un symptôme d’une problématique plus large.

Il faut aussi faire attention au fait que le concept de micro-tromperie peut ouvrir la porte à des comportements abusifs : « Tu as liké la photo de ton ex, tu me trompes! », « Tu as commenté un emoji de cœur au statut Facebook d’un collègue, tu me trompes! », « Tu écris à ton amie pis tu m’avises pas avant, tu me trompes! Je le sais, c’est documenté, ça s’appelle du micro-cheating, Tu. Me. Trompes! ». Et s’il y a quelque chose de clair, c’est que culpabiliser l’autre pour mieux le.la contrôler, c’est un gros non.

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La preuve est faite, le terme micro-cheating soulève plusieurs enjeux sensibles qui méritent d’être réfléchis avant qu’on les minimise (bah, c’est juste du micro-cheating…) ou qu’on les dramatise (C’EST DU MICRO-CHEATING!!!). Mais qu’on adopte le concept ou pas, s’il y a une chose à retenir c’est que peu importe la nature d’une relation, il y a un élément central plutôt incontournable dans le portrait qui s’appelle la confiance. Et elle, elle ne pourra jamais se contenter d’être « micro ».