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Michel Legrand et compagnie : 5 compositeurs qui ont marqué le cinéma français
On dit que la musique est un langage universel. Pourtant, quand on parle de musique instrumentale, on admet que certains morceaux ont une couleur particulière qui est propre à une culture ou une langue. Si une chanson peut sonner ultra « slave », « napolitaine » ou « brésilienne », une trame sonore peut quant à elle porter la trace de ce que l’on appelle la french touch : cette empreinte particulière, difficile à définir, qui nous indique que ce qu’on écoute est probablement made in l’hexagone.
Figure de proue de la musique de film, Michel Legrand est l’un des emblèmes du doigté français. Bien qu’il nous ait quitté récemment, l’artiste nous a laissé des dizaines et des dizaines d’airs, chantés ou instrumentaux, qui ont marqué notre expérience du cinéma (et pas seulement du cinéma français). Chouchou des réalisateurs de la Nouvelle vague, collaborateur fusionnel avec Jacques Demy (réalisateur des Parapluies de Cherbourg, des Demoiselles de Rochefort et de Peau d’âne), puis compositeur prolifique à l’international, on peut dire que Legrand a mérité la stature de son nom de famille.
Sa patrie pullule d’architectes de musique de films qui ont, d’une façon ou d’une autre, permis à aux mélodies instrumentales françaises de jouir, décennie après décennie, d’une identité forte et facilement reconnaissable. Ils sont parfois connus, parfois oubliés par la nature obscure des films auxquels ils ont apposé leur musique, mais les compositeurs français qui suivent vont certainement combler votre désir criant de french touch sur vos tympans.
François de Roubaix
Suis-je la seule personne à avoir eu l’enfance traumatisée par le générique de Chapi Chapo? L’air de rien, la mélodie naïve du thème se transforme en éclats de synthétiseurs de l’enfer. Le génie derrière cette composition diabolique, c’est François de Roubaix, un autodidacte qui s’est taillé une place dans l’industrie de la musique en intégrant habilement les instruments électroniques et les expérimentations sonores dans ses compositions. C’est à titre posthume qu’il reçoit un César en 1976 pour sa trame du film Le vieux fusil. Un autre grand nom qui nous quitte, cette fois à cause d’un malheureux accident de plongée sous-marine.
Bruno Coulais
Certains compositeurs affectionnent un instrument plutôt qu’un autre. Le piano fait le bonheur de quelques-uns, les violons sont le coup de coeur d’une poignée d’autres. Mais quand tu t’appelles Bruno Coulais et que ton instrument fétiche c’est la voix d’un groupe d’enfants, c’est à peu près sûr que ta musique ressort du lot. On pense évidemment au classique de Christophe Barratier, le genre de film à te mettre un compositeur sur la mappe (et à peu près deux douzaines d’enfants). En promenant l’oreille sur la trame de Microcosmos, puis Le peuple migrateur, il devient évident que la magie derrière la musique des Choristes est loin d’être accidentelle.
George Delerue
Quand on pense au cinéma français des années 60, deux thèmes sortent du lot en ayant réussi à marquer les esprits au fer rouge. Il y a bien sûr la mélodie tenace et tourmentée que les amants des Parapluies de Cherbourg fredonnent tout au long du film, mais aussi l’air instrumental entourant Camille, personnage central du Mépris de Jean-Luc Godard. C’est peut-être l’indicatif qui revient le plus souvent dans un seul et même film, une invention d’un Georges Delerue qui fut aussi le meilleur ami musical de François Truffaut, lui prodiguant des oeuvres pour notamment Le dernier métro, La nuit américaine et Jules et Jim.
Gabriel Yared
Le Français d’origine libanaise s’est d’abord démarqué en composant ou en arrangeant des chansons pour la crème du yéyé (Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, ou Françoise Hardy pour ne nommer que ceux-ci), créations plutôt pop pour un artiste ayant fait école chez de pointus compositeurs (googlez Henri Dutilleux ou Maurice Ohana et essayez de vous faire croire que c’est accessible). C’est pourtant cette expérience de la musique populaire qui nourrit l’une de ses trames sonores les plus connues et les plus accessibles, celle de 37,2 le matin. Il exprime en revanche son côté savant avec ses pièces pour The English Patient, récipiendaires d’un oscar.
Béatrice Thiriet
En matière de multidisciplinarité, la compositrice Béatrice Thirier n’a rien à envier à ses comparses. Outre la musique de film (elle signe les trames sonores diversifiées du Secret de Kanwar, de L’astragale, de Lady Chatterley et d’autres encore), elle est aussi critique de musique, jury pour des festivals de cinéma, réalisatrice de courts-métrages et créatrice d’opéras. Ses compositions pour piano s’amusent avec les nouvelles technologies en brouillant les pistes entre interprétation live et triturations électroniques.