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Cette semaine, des voix importantes ont décidé de prendre un recul et ça me met en tabarnak. Des essentielles comme Judith, Manal, Marilyse et Geneviève posent un genou par terre et j’aimerais, humblement, aider comme je peux avec ce texte.
Cette vidéo du Devoir, en particulier, me donne envie de briser du mobilier.
Pourquoi me direz-vous? Parce que ça me dépasse qu’on questionne encore ce qu’elles affirment haut et fort avec des preuves, des témoignages et du concret. Elles ne cherchent pas à nous convaincre que la terre est un triangle et que le paradis est une salle d’attente où les hommes se font arracher les couilles avec une dégrafeuse.
Même pas proche.
Ces voix, ces femmes inspirantes, elles insistent sur le fait que le système ne répond pas toujours à leurs besoins parce qu’il a été érigé par et pour des hommes. Pire, elles nous exposent des situations, trop de situations, où leur intégrité en tant que femme est attaquée parce qu’elles s’expriment publiquement.
Pour ma part, même si je fais de l’opinion, les critiques ne débordent jamais sur mon physique, ma sexualité ou ma vie.
Faut le faire quand même. On vit dans un monde où des femmes intelligentes, posées et articulées se font violemment dire de se taire parce qu’elles sont, justement, intelligentes, posées et articulées.
J’ai gagné le gros lot du privilège sur le grand échiquier de la vie et même si je fais de l’opinion, les critiques ne débordent jamais sur mon physique, ma sexualité ou ma vie.
On va me traiter d’imbécile, oui, d’idiot ou de criss de cave. Pour moi, le risque de lire les commentaires, c’est ça. Quelques petits cailloux sur mon égo de gars un peu futé et puis c’est pas mal tout. Rien que je ne peux pas balayer de ma conscience en donnant un câlin à ma fille.
Et quand elles se dressent et sonnent l’alarme, on leur dit de se calmer.
Mais pour une femme, toutes les femmes, lire les commentaires c’est parfois se faire souhaiter un viol, de la violence ou la mort. Criss! Quelqu’un peut m’expliquer cette mentalité complètement débile que l’on ne cherche pas à éradiquer à tout prix?
Le pire, quand elles se dressent et sonnent l’alarme, on leur dit de se calmer, de regarder ailleurs, de ne pas lire les commentaires et de bloquer cette haine.
Mais pourquoi ça serait à elles de faire cet effort au lieu de chercher à corriger la source de cette criss de bêtise intolérante qui alimente nos médias et notre quotidien?
Pourquoi la colère des femmes ne serait pas justifiée?
Si je vais dans votre maison, par exemple, et que je chie sur votre tapis de salon pendant que vous faites le souper dans la cuisine, allez-vous changer de tapis ou appeler la police? Et si la police me donnait raison parce qu’elle ne peut pas prouver que j’ai vraiment chié sur le tapis vu que votre version des faits est confuse, allez-vous vivre avec mon étron dans votre salon?
Ben non et votre réaction serait justifiée. Crissement justifié même.
Alors, pourquoi la colère des femmes ne le serait pas? Pourquoi Judith, par exemple, n’aurait pas le droit d’être en tabarnak quand un imbécile s’attaque à sa sexualité pour discréditer ses opinions? Et pourquoi elle ne pourrait pas, justement, dire qu’elle est en tabarnak et réclamer des solutions à son problème qui l’affecte elle et beaucoup trop de femmes?
C’est bien beau protéger la liberté d’expression, mais il ne faudrait pas non plus se donner la permission de dire et de faire n’importe quel ostie de niaiseries sans conséquence.
Je veux voir un monde où l’on aura progressé vers une vraie égalité.
J’ai la maudite impression qu’on cherche la solution la plus rapide qui est souvent d’écraser la volonté des apôtres du changement.
Sans changement, il n’y a pas de progrès et je veux voir un monde où l’on aura progressé vers une vraie égalité. Un monde sécuritaire, juste et respectueux pour tout le monde et non pour un maigre pourcentage. Un monde où les paroles réfléchies ne reçoivent pas la violence comme seule réponse.
Ça ne devrait pas, en 2017, être un acte de courage que de prendre la parole. Ce ne l’est pas pour moi.
Pourquoi donne-t-on encore des tribunes et l’opportunité à des gens pour qu’ils s’opposent à ça?
Une autre affaire qui me fâche, c’est d’être obligé de souligner leur courage et leur détermination à ces femmes qui, aujourd’hui, réclament un répit. Ça ne devrait pas, en 2017, être un acte de courage que de prendre la parole. Ce ne l’est pas pour moi. Je peux le faire en sous-vêtements sur mon divan et je dors comme un bébé. Ça me fait chier que pour elles, pour Judith, Manal, Geneviève, Marilyse et les autres, ça ne soit pas aussi simple. Ça me fait chier, parce qu’il n’y a pas de bonnes raisons pour que ce soit différent pour elles.
Savez-vous ce qui n’est pas ridicule? Admettre qu’on a tous besoin de ces voix pour s’élever en tant que société. Savoir qu’elles seront moins nombreuses, ça me met en tabarnak et ça devrait, vous aussi, vous mettre en tabarnak.
Pas parce que c’est à la mode d’endosser les «social justice warriors», pas non plus parce que c’est une façon de s’opposer néo-libéralisme ou autre patente politisée. Pas non plus parce que c’est bon pour le capital de sympathie.
Je ne serais absolument rien sans les femmes. Je ne serais pas un papa, je serais con comme un balai
Non, soyons en tabarnak parce que, encore une fois, c’est les imbéciles qui gagnent pis ça fera.
Je vous aime les femmes, je ne serais absolument rien sans vous. Je ne serais pas un papa, je serais con comme un balai et, surtout, je serais tout seul en ciboire et à quoi bon vivre sans vous si c’est pour me priver des seules bonnes affaires qui m’arrivent?
Pour lire un autre texte de Stéphane Morneau: «Peut-on encore apprécier la nudité dans un monde qui l’exploite?».
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