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« Meilleur avant/ » : des humains dans une épicerie la nuit.
URBANIA et Meilleur avant productions s’unissent pour vous faire découvrir leur mystérieuse websérie.
« J’habitais à Toronto, près d’un Metro 24h sur la rue College. Une fois, j’y suis allée à deux heures du matin. Je me souviens plus ce que je voulais acheter, mais je me souviens que c’était une grande épicerie. J’ai tourné dans une allée et j’ai vu un homme avec la peau toute bleue, qui faisait son épicerie. Je savais pas si c’était quelqu’un qui avait mal enlevé son maquillage ou si c’était une maladie. Il faisait son épicerie vraiment casual, comme si de rien n’était !»
Cette rencontre nocturne, surréaliste et fortuite faite par Laura Bergeron lui a servi d’inspiration lorsqu’elle et Maxime Robin ont créé leur première websérie, Meilleur avant/.
La série de sept épisodes raconte l’histoire de Fred (joué par Nico Racicot), étudiant cassé au doctorat en philosophie, qui se fait engager comme commis dans une épicerie alors qu’il peine à terminer sa thèse à propos de Nietzsche. Il apprend à côtoyer des collègues particuliers, ainsi que la faune bizarre qui fréquente l’épicerie pendant le «shift» du soir.
À l’heure où l’épicerie est un des seuls endroits qu’on fréquente encore, quoi de mieux qu’une série qui extrapole et investit ce milieu en apparence anodin.
À la fois scénaristes, réalisateurs et producteurs, Laura et Maxime se sont liés d’amitié alors qu’ils travaillaient au Lapin Sauté (à Québec), avant de déménager ensemble à Toronto avec, en poches, des études en cinéma, en théâtre et en production.
Les deux colocs passionnés du 7e art ont alors eu envie de plancher sur un projet commun. « On ne savait pas trop sur quelle plateforme ça existerait, mais on savait déjà qu’on voulait avoir une esthétique cinéma, et c’est donc devenu notre ligne directrice », raconte Laura qui, à son arrivée dans la Ville-Reine, avait déjà un court métrage derrière la cravate.
Un mélange de Twin Peaks et The Office
Comment décrire le ton de la série ? C’est Twin Peaks qui rencontre The Office, répond d’emblée le duo. En visionnant la scène d’ouverture du premier épisode, on a aussi envie de dire qu’on y trouve une touche de Napoleon Dynamite : le temps démesurément étiré rend la scène à la fois drôle et intrigante.
«On a abordé la série en voulant montrer ce que le quotidien pouvait avoir d’inquiétant, quand on y réfléchit.»
Mais revenons à Twin Peaks : « David Lynch est un maître pour rendre un détail banal super inquiétant », dit Maxime. « On a abordé la série en voulant montrer ce que le quotidien pouvait avoir d’inquiétant, quand on y réfléchit », poursuit-il.
Et l’inspiration The Office, elle, sert l’exploration des relations entre le personnage de Fred et ses collègues. « Les milieux de travail et les dynamiques entre patrons et employés, ça me fascine vraiment. », affirme Laura. « J’ai aimé comment The Office a joué sur le huis clos qu’est le lieu de travail, où tout devient très important et prend des proportions plus grandes que nature parce que les gens sont obligés d’être là. », conclut-elle. Dans la série, on est d’ailleurs témoin à la fois du clash que vit Fred-l’intellectuel avec les autres employés de l’épicerie, mais aussi de l’évolution de ces relations.
Un jeu sobre, des personnages colorés
Un peu comme dans les mockumentaries de Christopher Guest, la décision de Laura et Maxime de favoriser un jeu naturel et minimaliste pour des personnages éclatés a été payante.
« On n’avait pas beaucoup d’argent pour produire la série, mais on savait que les deux choses sur lesquelles il fallait miser étaient le scénario et le jeu. Donc c’était primordial pour nous de choisir une distribution forte avec des acteurs qui seraient capables de porter le scénario », affirme Laura.
L’équipe a ainsi formé un cocon familier avec la distribution, des acteurs de Montréal venus séjourner à Toronto pour le tournage.
« Les acteurs ont nourri et joué avec les situations et l’espace. Habituellement sur les plateaux, on ne peut pas prendre son temps. Les acteurs ont eu du fun à jouer ces personnages-là parce qu’on leur donnait le temps et l’espace pour essayer des affaires », raconte Maxime.
«Les acteurs ont eu du fun à jouer ces personnages-là parce qu’on leur donnait le temps et l’espace pour essayer des affaires.»
Au final, Meilleur avant/ est un ovni ultra sympathique et rafraîchissant, pourvu qu’on accepte de suivre les miettes de pain que Laura et Maxime ont semées çà et là dans l’histoire, parce que la récompense de la fin en vaut vraiment la peine.
Ce qu’on remarquera aussi, c’est qu’il s’agit d’une oeuvre avec une signature esthétique et tonale forte, une proposition qui donne hâte de voir les prochains projets du duo de créateurs.
Et comme les épiceries et supermarchés sont parmi les seuls endroits où les Québécois ont actuellement le droit de se déplacer, Meilleur avant/ est une occasion inespérée d’examiner ce lieu avec un regard curieux et prêt à accueillir les étranges destins qui s’y jouent.
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Regardez Meilleur avant/ dès maintenant sur TV5.