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Méfiez-vous de l’Église de scientologie
Mercredi, comme quelque 100 000 autres personnes, quelqu’un a posté cette vidéo sur Facebook. Prenez le temps d’aller la visionner, ça prend même pas deux minutes, puis revenez svp.
Bon, ça y est?
Cute hein? Les enfants qui font pitié, avec les méchantes étiquettes dévalorisantes alors qu’au fond, ce qu’ils ont besoin, c’est qu’on leur dise qu’ils sont bons?
Et si cette vidéo était «un message de l’Église de scientologie», mon amie l’aurait-elle partagée? «Absolument pas», m’a répondu la recherchiste qui fait la plupart du temps preuve de sens critique.
Cette vidéo est commanditée par le Citizens Commission on Human Rights International, un groupe mis sur pied par l’Église de scientologie. C’est assez connu, l’Église de Tom Cruise s’oppose à tout ce qui est psychiatrie. Pourquoi? Parce qu’elle favorise plutôt une approche spirituelle de guérison ou quelque chose du genre.
Si vous cliquez sur le lien proposé à la fin de la vidéo, on vous suggérera toutes sortes d’alternative : achat de livres, séminaires, etc. Si vous achetez ces livres et que vous assistez à ces séminaire sur «Pourquoi on vous a dit que votre enfant a un déficit de l’attention et pourquoi c’est mal?», vous risquez après cela d’être fort disposé à adhérer à l’Église de scientologie.
Et pourquoi la vidéo ne mentionne-t-elle pas simplement qu’elle est commanditée fièrement par l’Église de scientologie? J’imagine que c’est comme pour la vente pyramidale: on ne vous dis pas «achète mes produits et entre dans ma pyramide». Mais je ne suis pas assez experte en escroquerie pour me prononcer.
J’aurais pu me vanter d’avoir repéré que quelque chose clochait dans cette vidéo grâce à mon sens critique, mais c’est même pas ça. Moi aussi, j’aurais pu partager cette vidéo qui touche la corde sensible des cordes sensibles, les enfants.
La raison pour laquelle j’ai tiqué, c’est que ma mère est neuropsychologue. Son travail consiste à mettre comme ça des étiquettes sur des enfants.
Dans son domaine, ma mère est un peu big. Genre, son livre est presque obligatoire à l’université.
Si on en croit cette vidéo, l’existence de ma mère est non seulement futile, mais peut-être même, nuisible. Mes fondements s’écroulent.
Mais ce n’est pas seulement parce que mes fondement s’écroulent que je ne suis pas d’accord avec cette vidéo. La spécialité de ma mère, c’est le syndrome de la Tourette (la maladie des gros mots, oui, mais c’est plus compliqué que ça). Pour un enfant qui tire la langue à tout bout de champ depuis quelques mois ou qui compte les craques du trottoir de façon tellement prenante qu’il est incapable de maintenir une conversation en marchant, c’est très rassurant, de pouvoir mettre un nom sur son malaise.
Je donne l’exemple des Tourettes, mais c’est pareil pour les dysphasiques, les dyslexiques, les dyscalculiques, les TDAH, les SDNV, les TOC, les TED et les autres abréviations. Ce ne sont pas seulement des étiquettes. C’est le point de départ pour aider l’enfant à vivre avec son problème. C’est ça qui donne lieu à des plans d’intervention, par exemple, mais je ne veux pas perdre trop de lecteurs ici.
C’est sûr que pour un parent en détresse, c’est peut-être plus rassurant de ne pas accepter ces étiquettes et d’embarquer dans l’Église de scientologie. Pas certaine que ce soit le meilleur moyen d’aider son enfant.
En écrivant ce billet, il m’est venu en tête une phrase que j’ai entendue de Gilles Proulx à TQS, dans le temps que Gilles Proulx était à TQS : «N’est démagogue que la démagogie». J’y ai repensé avec ma tête d’adulte, et je me suis dit : «Bout d’viarge, ça veut rien dire cette phrase-là».
Sur ce, je fais une plogue gratuite à ma mère ici pour ceux dont les enfants auraient besoin d’étiquettes.
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