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Meek Mill et Jay-Z vs le système de justice américain
Quand t’es un rappeur et que te te fais mettre en prison, deux choix s’offrent à toi:
A) Mettre une photo de toi derrière les barreaux comme prochaine pochette d’album et te servir de ton statut d’ex-prisonnier pour bâtir ton street cred.
B) Ramasser 50 millions et fonder un organisme qui vise à réformer le système de justice américain.
Meek Mill (avec l’aide de Jay-Z) a décidé d’y aller avec la deuxième option (c’est toujours la deuxième option) en lançant l’organisation REFORM. Coup d’oeil sur un combat qui s’avère passionnant.
#FreeMeek
Avant d’aller plus en détail sur REFORM, clarifions pourquoi Meek Mill s’intéresse de façon aussi personnelle au système de justice.
En 2008 (bien avant qu’il ne soit un rappeur connu), Meek Mill s’est fait arrêter pour possession illégale d’arme à feu et trafic de drogue. On lui a imposé une sentence de huit mois de prison, ainsi qu’une probation de cinq ans.
Meek Mill aura alors passé le tiers de sa vie en probation.
Puis, en 2009, il se fait accuser de viol de probation, parce qu’il est sorti de Philadelphie sans en avertir les autorités. On lui impose alors 5 mois de prison et 10 années additionnelles de probation. Meek Mill aura alors passé le tiers de sa vie en probation. De façon étonnante, la juge a imposé cette peine contre l’avis du procureur adjoint et de l’agent de probation de Meek Mill qui trouvaient tous les deux la peine exagérée.
Comme si ça ne suffisait pas, en 2017, Meek Mill est reconnu coupable de deux offenses: s’être battu avec des employés d’aéroport qui l’harcelaient pour une photo et d’avoir fait des wheelies en moto (non, ce n’est pas une blague).
Il écope alors de deux à quatre ans de prison.
Si jusque là vous vous dites: «ok, c’est sévère, mais il avait juste à ne pas commettre ces crimes», ce n’est pas tout. Le FBI enquêterait sur la juge en charge du dossier de Meek Mill, Genece Brinkley (tsé, celle qui avait imposé à Meek Mill une peine jugée exagérée même pas le procureur adjoint?) Selon la défense de Mill, elle aurait posé beaucoup de gestes inappropriés, demandant entre autre au rappeur de faire un cover d’une chanson de Boyz II Men incluant un shout-out à son égard, en plus d’avoir essayé de convaincre Meek Mill de quitter le label de Jay-Z, Roc Nation, pour rejoindre celui d’un de ses amis.
Elle aurait également refusé de reprendre le procès qui a mené à la première condamnation de Meek Mill. Ce dernier prétend qu’un des officiers interrogés à l’époque y serait allé de fausses déclarations, ce qui jetterait un doute sur le procès. Même le bureau du procureur, dont la mission est d’obtenir des verdicts de culpabilité, était d’accord pour reprendre le procès.
Mais pas la juge Brinkley.
REFORM
Bref, le cas de Meek Mill contient assez d’irrégularités pour faire l’objet d’un documentaire Netflix. Ce cas est devenu emblématique de l’acharnement judiciaire du système américain, notamment envers la population noire.
Ce combat dépasse sa propre cause et fait écho au combat de 6 millions d’Américains.
Ainsi, Meek Mill s’est retrouvé avec le support public de Jay-Z et de Kevin Hart, entre autres. Parce qu’au final, ce combat dépasse sa propre cause, mais fait plutôt écho au combat de 6 millions d’Américains, majoritairement afro-Américains, pris au piège dans le système judiciaire de nos voisins du sud.
Et la différence, c’est que la plupart des Américains détenus aux États-Unis n’ont pas les moyens financiers et la notoriété de Meek Mill pour se défendre.
C’est pourquoi il y a un mois Meek Mill et Jay-Z, dont la compagnie Roc Nation gère la carrière du rappeur, ont annoncé la création d’une nouvelle organisation, REFORM Alliance.
Et c’est gros.
À la conférence de presse, ils ont présenté leurs partenaires, une bande de millionnaires et de milliardaires notamment issus du monde sportif, qui ont allongé 50 millions $ US pour faire pression sur le gouvernement dans le but de changer les lois et de permettre aux individus pris dans le système judiciaire de pouvoir en sortir et mener une vie honnête.
L’organisme est présidé par Van Jones, un avocat , ex-conseiller environnemental d’Obama et activiste de longue date dans la cause de la réforme du système criminel.
Il est intéressant de voir ces rappeurs décider de s’impliquer au-delà des rimes assassines dans leurs chansons. Et qui sait, peut-être un jour vivront-nous dans un monde où les noirs peuvent faire des wheelies en moto en paix.