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Matt Chessco, de peintre tiktokeur à cryptomillionnaire
Il y a quelques semaines, mon collègue et boomerfluencer sur TikTok Hugo partait à la rencontre de Matt Chessco, artiste peintre. Après avoir quitté son emploi en ingénierie quelques jours après son embauche, le Montréalais s’est mis à partager sur TikTok des vidéos de lui en train de peindre toutes sortes de célébrités et de personnages, avec un style bien particulier (et souvent imité depuis).
Au début du mois, Chessco, dont les réseaux sociaux dépassent les trois millions d’abonné.e.s, a fait paraître PopArtCats, une collection de 10 000 NFT à l’effigie de chats, tous uniques et différents. Vendus à un floor price, soit un prix de base, de 0,13 ETH (environ 525 $), c’est une énorme transaction. Selon la page OpenSea de la collection, 3 700 ETH y ont été échangés, ce qui représente près de 15 millions de dollars. Et, bien entendu, ça n’a pas pris longtemps pour que les gens se les arrachent!
On a donc recontacté Matt pour lui demander comment cette nouvelle aventure risque de changer son parcours, et ce qui lui a permis de se démarquer dans ce marché hyper compétitif.
Quatre95 : Comment ça se passe, depuis la sortie de la collection?
Matt Chessco : Ça roule pas mal, comme tu peux voir, ma blonde est derrière moi en train de m’aider à emballer les commandes. On a fait une promotion où ceux qui achetaient de la marchandise sur mon site obtenaient des NFT à moitié prix. Dès que les gens ont vu ça, ils se sont garrochés sur mon site, et on avait environ 350 personnes qui essayaient d’acheter sur le site en même temps! Alors là, on est en retard sur l’expédition, parce qu’on a été tellement débordés par la sortie des NFT.
Est-ce que tu t’attendais à ce qu’il y ait un aussi gros engouement pour tes NFT?
Honnêtement, on a tout programmé avec mon frère dans les deux mois avant le mint (la création des oeuvres sur le blockchain). On a improvisé tout le long, et huit jours avant la sortie, on avait 1 500 personnes dans notre Discord. Le lendemain, on a atteint 15 000, et chaque jour suivant, on attirait environ 10 000 nouveaux participants dans le chat.
On a été surpris, parce qu’on avait une whitelist de 3 000 personnes. On s’est dit qu’avec ce chiffre-là, si chaque personne achète deux ou trois NFT, on peut en vendre 5 000 en prévente. En moyenne, les gens ont fini par en acheter environ 2,6, et on en a vendu 8 000 pendant la prévente. Pour la vente publique, qui était samedi dernier, il en restait donc 2 000. Ç’a été instantané, dès les coups de 10 heures, 2 000 œuvres ont été vendues pour environ 0,18 ETH chacune! J’aimerais te dire que ça a pris quelques secondes, mais ça été beaucoup plus rapide que ça. Dès que le bouton « achete »’ s’est activé, les NFT étaient déjà tous vendus.
Quand est-ce que tu as entendu parler des NFT pour la première fois, et quand as-tu décidé d’enfin en créer?
Je voyais déjà ça passer un peu sur les réseaux, mais c’est vraiment en mai 2021 que ça a piqué ma curiosité. Les prix avaient centuplé en un mois, donc je me suis mis à regarder ce qui se faisait. J’avais déjà un peu d’investissements en crypto, donc j’ai magasiné et j’ai acheté quelques NFT sur OpenSea. En fait, j’ai surtout juste dépensé tous mes ethereums, en me disant qu’ils ne me serviraient pas à grand-chose, et que j’étais mieux de collectionner les NFT, pour rajouter une couche à mon investissement.
«je n’ai aucun problème à dépenser tout l’argent que j’ai fait, si c’est pour mener à bien un projet.»
Mais en regardant les différentes collections, plus je me disais que c’était un peu générique et que je serais capable de faire mieux. Ça a mijoté dans ma tête pendant environ trois mois, je me demandais ce que je pourrais bien faire. À l’époque, je faisais surtout des peintures de célébrité, je n’avais pas vraiment de style unique ou d’avatar qui m’était propre. J’ai finalement eu l’idée de faire des chats, vu que c’est calme, doux, et que pas mal tout le monde aime ça. Je voulais aussi que les chats ressemblent à mon style artistique, avec les lignes pas trop parfaites, qui ont l’air d’être faites à la main.
Ça m’a pris quelques semaines pour faire les 10 000 images, et par la suite, mon frère a embarqué dans le projet. On a fait du marketing pendant deux mois et demi.
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Quand est-ce que c’est devenu clair pour vous que ça allait fonctionner et que votre vie allait changer, financièrement?
En fait, je faisais déjà assez d’argent avec mon art pour faire ce que je voulais, et je suis pas un gars très matérialiste. Je veux juste avoir l’argent que ça prend pour pouvoir réaliser tous les projets qui me viennent en tête. Donc quelques millions ou centaine de milliers de dollars, ça change pas grand-chose pour moi, sauf que là, on peut vraiment créer quelque chose de gros avec notre entreprise et faire des projets de plus grande envergure. Comme j’ai dit à mon équipe, je n’ai aucun problème à dépenser tout l’argent que j’ai fait, si c’est pour mener à bien un projet.
On essaie de créer un brand, qui va simplement s’appeler PopArt, et tout ce qu’on va faire va tourner autour de ça. On va faire des vêtements, plus de NFT, etc. Et ce qui m’emballe, c’est que sur toutes les ventes qu’on fait en ce moment, 1 % va dans un fonds, et tous les holders peuvent voter sur quoi faire avec cet argent-là. Et, si tu es propriétaire d’un de nos NFT, tu peux proposer des projets, genre faire une murale, créer un jeu de société, en faire des animations. Les gens de la communauté votent pour les projets qui les emballent le plus. En 11 jours, on a vendu pour 10 millions sur les marchés secondaires, donc on a 100 000 $ dans la trésorerie pour ça.
As-tu eu des hésitations avant de lancer ta collection?
J’ai commencé à y songer l’été dernier, mais je trouvais que c’était un peu n’importe quoi. Les gens droppaient 10 000 images, faisaient de l’argent et disparaissaient, il n’y avait rien qui se passait après la transaction.
Et au début, la réaction du public face aux NFT n’était pas très bonne. Les gens trouvaient que c’était ridicule, que c’était mauvais pour l’environnement. Donc je me demandais chaque jour si c’était une bonne idée, si ce n’était pas de me tirer dans le pied. Oui, tu fais beaucoup d’argent sur le coup, mais tu ne veux pas que ton projet après ne serve à rien, et là, je me retrouverais avec des milliers d’acheteurs qui me détestent parce qu’ils auraient perdu de l’argent à cause de moi.
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«Le monde des NFT, c’est nouveau et ça bouge constamment, donc c’est beaucoup de travail. Il ne s’agit pas de sortir 10 000 images et d’empocher.»
Mais finalement, j’ai vu les projets qui sortaient et je savais que je pouvais faire mieux, et j’en avais l’envie. Je me sentais même mal de voir les gens acheter n’importe quoi. Donc j’ai décidé de faire quelque chose de solide, qui aura une viabilité à long terme.
Dans l’absolu, qu’est-ce que tu espères que ça change, pour ta carrière?
Je crois que ça va apporter un nouveau vent à ma vie d’artiste. Tu sais, je crois que l’histoire des NFT est encore en train d’être écrite, et je suis persuadé que tout le monde en aura dans 10 ans.
Et après tout, c’est normal, ça fonctionne toujours comme ça; au début, le public ne sait pas comment réagir, avec les nouvelles technologies. Comme l’internet : au début, les gens ne savaient pas quoi faire avec, il y a eu un boom, une bulle, un krach. Et aujourd’hui, personne ne concevrait la vie sans, parce qu’on a compris à quoi ça sert. Les NFT, c’est genre un nouveau Kickstarter, qui va servir à lancer des projets ambitieux par des gens talentueux. Je crois même que les grosses compagnies du futur sont en train de se créer là-dessus en ce moment.
À court terme, on s’apprête à sortir trois autres collections. On veut collaborer avec des marques, des entreprises, pour créer des expériences et des projets reliés aux NFT qui se passeront autant dans la vraie vie que sur le métavers. Le monde des NFT, c’est nouveau et ça bouge constamment, donc c’est beaucoup de travail. Il ne s’agit pas de sortir 10 000 images et d’empocher. Il faut surtout que tu aies une bonne équipe derrière toi : tu ne peux pas le faire seul, c’est impossible!