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Matt Besser fait rire les stoners depuis 1996
Chaque année, pendant que nos humoristes locaux emplissent les salles de gala, le penchant anglophone du festival Juste pour rire permet aux fans d’humour de voir des spectacles d’artistes internationaux qui ne s’arrêtent que très rarement à Montréal.
Parmi cette programmation incroyable, j’ai personnellement été interpellé par un spectacle en particulier : 420 with Matt Besser. Voyez-vous, étant un des seuls stoners du bureau, j’étais curieux de savoir comment l’humoriste et comédien américain Matt Besser arrivait à livrer un show complet autour de la substance qui m’aide à dormir tous les soirs.
Je l’ai donc contacté par téléphone pour discuter de son projet, de sa relation avec le pot, ainsi que des troubles de la légalisation dans notre province.
BLAZE IT UP.
C’est quoi ta relation avec le weed? Comment ça a débuté et évolué?
J’ai commencé à fumer quand j’étais au collège, ce qui est probablement une bonne idée. En fait, je n’aurais surement pas été au collège si j’avais commencé à fumer durant mon secondaire.
Le pot a toujours fait partie de mon humour, soit quand je parle de weed, ou bien tout simplement quand je me laisse inspirer par lui. Mais je ne fume plus pour me geler comme avant.
Je suis rendu papa et maintenant, ma drogue, c’est ma petite fille. Honnêtement, le sentiment que j’ai en la regardant se rapproche beaucoup du buzz du pot : fumer pour la première fois, c’est l’équivalent de découvrir le monde à travers les yeux de ma fille de 5 ans. Ça vient chercher le même sentiment.
L’ironie là-dedans, c’est que j’étais un GROS fumeur dans le temps que c’était illégal, et maintenant que ça devient légal un peu partout, je me calme. C’est pas le meilleur des timings, disons. Haha!
Je me souviens que quand on était au collège, on pouvait conduire trois heures pour aller acheter le plus shitty des pots. Pis ça nous rendait heureux quand même.
Donc tu ne fumes plus comme avant?
Dans ma vie de tous les jours, non. Mais durant le festival, si tu me tends un joint, je vais dire oui for sure, man!
As-tu déjà fumé avant de monter sur scène?
Je n’ai jamais vraiment fumé avant d’entrer sur scène. Par contre, récemment, on a capté un de mes spectacles qui s’appelle Pot Humor à Portland (où c’est légal), dans un cannabis club. À l’intérieur, il devait y avoir au moins 200 personnes qui fumaient durant le show, et je me souviens que, rendu à la moitié, je me sentais étouffé. Le public avait hot box la salle, on aurait dit qu’il y avait une machine à boucane tellement on était enfumés.
Quand on a filmé la deuxième représentation, j’ai décidé de fumer sur scène à la moitié du spectacle parce que finalement, j’étais le seul à jeun dans la salle et c’était juste weird. Haha!
Est-ce que les stoners sont un bon public?
Je fais des spectacles pour les stoners depuis 1996. À l’époque, on faisait un spectacle chaque année pour le 420. Ce que j’ai observé des foules de stoners durant toutes ces années, c’est que tout le monde réagit vraiment fort durant les 30 premières minutes du spectacle. Mais rendu à la moitié, tu peux vraiment voir qui a fumé du sativa ou de l’indica.
Dans un monde idéal, à la fin de chaque show, au moins une personne serait sans connaissance à cause du pot et on pourrait rire d’elle.
Est-ce que si je suis un non-fumeur, je peux quand même apprécier ton matériel?
Mmmmh, je pense que oui. Moi, je ne suis pas un gros buveur, mais je suis capable d’apprécier une histoire de brosse. Et je parle plus que du pot dans mon show : je parle de ma fille, de ma nouvelle réalité de père et de mari. Par moment, le pot est plus un prétexte qu’autre chose.
As-tu réfléchi à comment tu allais aborder la question de la consommation auprès de ta fille?
Je pense que le weed devrait être traité de la même manière que l’alcool. Pour moi, il n’y a pas de différence entre les deux substances. Je lui dirais surement de ne pas fumer avant le collège, parce que je me souviens que je n’aurais certainement pas été assez mature pour gérer ça à cet âge-là.
Malheureusement, je sais que les premières expériences avec le weed arrivent souvent avant ça.
Honnêtement, je suis bien plus inquiet par sa vie sexuelle que par le weed. Le weed est assez bas dans ma liste d’inquiétudes pour elle.
Est-ce que les Américains perçoivent le weed de manière différente que les Canadiens?
C’est difficile de résumer la vision de tout un pays, surtout que les états sont très différents entre eux. Même d’une ville à l’autre, la vision et les règles changent. J’en parle justement dans mon spectacle, de l’espèce de danse que les stoners doivent continuellement faire selon les mœurs et les coutumes locales.
Je veux dire, je ne connais pas les règles à Montréal concernant le pot. Par contre, j’ai regardé une carte des différents points de vente et j’en ai juste vu trois dans tout la ville. Je me demandais comment c’était possible? Ça me semble peu…
En fait, c’est que le gouvernement d’ici n’était pas tellement d’accord avec le projet de loi de Justin Trudeau, alors ils font tout en leur pouvoir pour rendre ça compliqué et pas attirant. Donc les points de vente sont peu nombreux, et le service est pas mal molo parce qu’il y a beaucoup de monde.
Wow! Alors ça doit être difficile d’ouvrir un commerce de weed chez vous?
Tu ne peux pas, en fait. C’est juste le gouvernement qui peut vendre du pot.
Ah bon… Et avez-vous au moins le droit de faire pousser vos propres plants?
C’est flou pour l’instant. La loi canadienne le permet, mais le gouvernement du Québec essaie d’interdire ça dans la province. Pour moi, c’est la portion la plus ridicule de toute la patente.
C’est clair! Surtout si tu dis qu’il y a de grosses files d’attente.
Ouais, en fait le problème c’est que le marché noir est tellement bien organisé que finalement, je vois pas pourquoi les gens feraient la queue pour la SQDC quand ils peuvent texter quelqu’un qui va venir livrer directement chez eux, pour 10-15 $ moins cher.
J’assume que ce bout-là ne se ramassera pas dans l’article.
Meh, m’a surement le garder, honnêtement. Haha! Sauf qu’avant de te laisser partir, je me demandais si tu avais des strains à nous conseiller?
Je ne crois pas beaucoup au concept de strain. J’ai toujours l’impression que le gars au magasin me vend du rêve, et que quand je le fume, c’est jamais ça qui se passe. Mais personnellement, j’aime plus les sortes de pot au goût d’orange et citron.
Un jour, ce serait mon rêve d’avoir ma propre sorte par contre. Besser’ Batch : ce serait un sativa, qui rend euphorique, et qui donne une bonne concentration créative une fois le high passé.
On va garder un œil là-dessus dans les prochaines années. Peut-être qu’un jour, j’aurai la chance de travailler en savourant un bon joint de Besser’s Batch.
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