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Marre de la grève

Oui, oui, j'en ai marre de cette grève.

Par
André Péloquin
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Qu’on se le dise, une grève, c’est rarement le fun; même lorsqu’elle est étudiante.

Oui, ça fait de belles photos de profils Facebook, Claude Legault va triper sur ton cas et Malajube montera sur les planches pour
t’encourager, mais ça fout aussi en l’air une routine et ton petit
confort, boire de la sangria sur une terrasse créera des malaises puis le gars avec la « soul patch » qui joue toujours la damnée toune de Vallières à la guitare dans les partys va adapter son « tube » pour l’occasion…

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Alors que les médias de tout acabit couvrent les moindres faits et
gestes entourant la grève (pour l’actualité? La cause? Google
Analytics!?) et que les trois quarts du bottin de l’UDA arborent le
carré rouge, le gouvernement, lui, ne cède pas. Les lignes de
piquetages, elles, ne bougent pas d’un poil. L’immobilisme est tel que la présente grève étudiante deviendra encore plus historique cette semaine alors qu’une poignée d’associations étudiantes dépassera le cap des 52 jours de grève atteint lors du conflit de 2005.

Ainsi, j’en ai marre de cette grève, car le fameux printemps érable perd de ses feuilles. Déjà que le débat était risible (les arguments à la « je, me, moi » et « t’as juste à moins boire de bières en portant un manteau Canada Goose quand tu t’achètes un iPhone dans le Sud » ne faisant pas le poids contre les idées de grandeur des « rouges »), le mutisme du gouvernement, lui, est lourd et donne la nausée.

Line, fais ta job, bordel!

Raconte sur toutes les sapristis de tribunes de la planète que « c’est les étudiants qui ont quitté la table de négociation en 2010 » pis patati et patata, mais le fait demeure : c’est toi l’adulte dans le lot. Mets tes culottes! Une table, deux chaises, un crayon, du papier pis un gallon de café. C’est tout ce que ça prend. C’est des étudiants, mais aussi tes (futurs) électeurs.

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J’en ai marre de cette grève, car l’opportunisme et l’égoïsme de
quelques-uns entachent la beauté et l’idéalisme déployés par plusieurs.

Laurent Proulx, j’espère que ton cours d’hier après-midi était vraiment tripant, car la haie de déshonneur qui t’a accompagnée jusqu’à ton pupitre te collera aux fesses bien après la fin de ce conflit. T’es passé par un palais de justice pour contourner un piquet de grève, mon vieux! Tout ça pour que tu puisses avoir droit à ton diplôme dans les délais prévus pendant que tes collègues – autant les « verts », que les « rouges » ou les « bleus avec des picots bruns » – subissent la grève.

Si tout va bien, toi et tous tes copains qui manoeuvrent de la sorte
aurez votre diplôme dans les temps. Votre petit bonheur sera intact, mais à quel prix? Ne sais-tu pas que cette démarche en révèle plus sur ta personne qu’un bout de papier avec le logo de l’Université Laval? Crois-tu vraiment que l’expérience universitaire se limite à se pointer en cours, faire des examens puis rentrer à la maison? On parle d’études supérieures, pas de la commande à l’auto du Tim Hortons, mautadine! La grève est, en soi, une expérience formatrice. Dommage que cette leçon te
soit passée dix pieds par dessus la tête…

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J’en ai marre de cette grève, tout comme la bande de Jeanne Reynolds et de Gabriel Nadeau-Dubois, tout comme le monsieur ou la madame invisible qui remplace Arielle Grenier comme tête d’affiche du MESRQ et tout comme je maudissais le conflit de 2005 qui m’aura quand même permis de rencontrer des gens que je côtoie toujours aujourd’hui et de m’injecter une bonne dose de valeurs humaines.

Comme je me disais à l’époque, j’en ai marre de cette grève, mais ce n’est pas une raison pour flancher.