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Marin Blanc, créatrice de collages allusifs

De la musique, des bouts de papier collés et beaucoup de second degré

Par
Claire-Marine Beha
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Elle a revampé les affiches des FrancoFolies et se cache derrière de nombreux visuels de l’industrie culturelle montréalaise, Marin Blanc est -aussi- une artiste qui a une claire vocation depuis sa plus tendre enfance : le collage. Le collage des formes, des textures, des détails insoupçonnés et des couleurs, qui viennent alors former des œuvres à la fois minimalistes et évocatrices.

C’est son travail de graphiste ultra créative que vous voyez placardé à l’arrêt d’autobus lorsque vient le temps des Francos. En fait, celle qui aime flirter avec l’anonymat navigue toujours pour ses divers mandats dans le milieu des arts, et surtout celui de la musique. C’est armée de ses ciseaux et de colle qu’elle parvient à sublimer différents univers en mêlant l’atmosphère d’un musicien, d’un festival, avec ses inspirations à elle, pour un résultat aussi étrange qu’esthétique.

On ne s’en rend pas toujours compte, mais on est influencé par ce qu’on écoute et ce qui est autour de nous.

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J’ai invité cette technicienne du couper-coller sur mon petit balcon pour lui parler de son travail et de ses drôles de collages. Pour être tout à fait honnête, c’était déjà l’heure du 5 à 7 et j’ai bu une trois bières en lui posant mes questions. On pourrait donc appeler ça un apéro-trevue, mettons. Spoiler : l’entrevue ne révèle pas si son vrai nom est Cunégonde.

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On commence par la question conventionnelle : pourquoi le collage?

En fait j’aime le rapport au tangible. Fabriquer des choses manuellement, pouvoir les toucher, couper les images, les placer… c’est vraiment l’intervention du geste. On a une relation aussi avec le papier! Moi par exemple, quand je regarde un magazine et qu’il y a vraiment rien dedans qui me plaît, je ne veux pas le jeter parce qu’il va se sentir triste! Ha ha!

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Ton nom d’artiste visuelle, mais aussi de graphiste c’est Marin Blanc. Avant de te connaître, j’ai cru que tu étais un homme…

Il y a beaucoup de gens qui le pensent! Mais pour vrai, ça a vraiment aidé, je pense, le fait qu’on ne sache pas mon sexe, mon âge, ni mon nom. Je suis petite et je ne me fais pas toujours prendre au sérieux. Ça, et parce que je préfère dire des jokes aussi! Mais j’trouve ça le fun, c’est le travail qui vient en premier. Pendant un bout j’ai fait attention à la manière dont je tournais mes phrases pour ne pas avoir à les accorder, ça laissait le flou. Mais bon, j’assume que je suis une femme maintenant!

Quand je regarde un magazine et qu’il y a vraiment rien dedans qui me plaît, je ne veux pas le jeter parce qu’il va se sentir triste!

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Comment en es-tu venu à élaborer les affiches des Francofolies?

C’est une amie qui m’a poussée à appliquer pour le poste de graphiste il y a trois ans. Puis l’an passé lorsque je travaillais déjà pour le festival, la direction me montrait des collages en m’expliquant qu’ils voulaient s’enligner vers ce genre de choses pour la prochaine affiche. Je leur ai dit «Ben là, des collages? J’aime ça moi les collages, je pourrais le faire!» Et là, c’est tout mon amour pour la musique francophone que je peux mettre dans une affiche! Ça a bien marché donc l’Équipe Spectra a décidé que ce serait la direction pour un petit temps.

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Tu réalises aussi beaucoup de visuels en culture, et notamment pour pas mal d’artistes de la scène musicale émergente! On peut citer entre autres Dear Denizen, Rosie Valland, Dear Criminals, Mathieu Bérubé… Comment tu procèdes?

J’écoute en boucle la musique de l’artiste, je réfléchis à quelles émotions ça me fait penser et je me crée un moodboard. C’est un peu comme quand je tenais un journal de collage plus jeune, chaque jour. Les jours de pluie, les jours de soleil, on voit la différence. On ne s’en rend pas toujours compte, mais on est influencé par ce qu’on écoute et ce qui est autour de nous, ça paraît. En tout cas, je veux toujours que ça corresponde au produit et surtout ne pas faire un trip d’artiste qui avait envie de faire ce qu’il veut. Genre «R’garde c’est bleu. J’avais envie de faire quelque chose de bleu! J’ai pas écouté ta musique, mais ce sera BLEU!» Non, il faut mettre en image le pourquoi c’est bon.

C’est tout mon amour pour la musique francophone que je peux mettre dans une affiche!

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Est-ce que parfois tu as du mal à créer?

Chaque fois!

Ben là, tu procrastines, c’est pas que t’as pas d’inspiration !

Non non non! À chaque projet je suis super emballée et je me dis que ça va être le fun et inspirant, puis je commence, pis là, là : l’angoisse! Je me dis que je vais pas être capable cette fois-ci, que je vais pas y arriver! Ma coloc me dit que je dis tout le temps la même affaire…

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Tu lances chaque année un calendrier de tes collages. Tu m’as confié ne plus trop apprécier celui du mois de novembre de cette année. Je sais, je suis cruelle de te reparler de ça…

Je le dis à tout le monde! C’est épouvantable! Mais mes collages préférés sont rarement les préférés du monde. Dans le calendrier 2017, j’aime beaucoup celui le mois de mai. C’est un collage où le visage d’une femme est doté d’un seul et gros oeil, mais ma sœur m’a dit «Mon doux! C’est épeurant c’que t’as fait!». Et elle a remis son calendrier au mois de janvier!

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Les collages de Marin Blanc voyageront à travers la ville cet été : ils seront à la foire des Francos le 10 juin, et exposés lors du festival SOIR en août prochain. Mais gardez l’oeil ouvert puisque ses oeuvres ne se promènent jamais bien loin des salles de concert et de tout autre lieu où règne la culture.

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